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10h54 - 12 juin 2017 - par Info Haute-Vienne

Allez, viens boire un p’tit coup dans la famille imaginaire de Cédric Klapisch…

Parti faire le tour du monde, Jean revient chez lui en Bourgogne car son père est mourant. Après dix ans d'absence, il retrouve sa sœur Juliette et son frère Jérémie qui gèrent la propriété viticole depuis son départ. Alors qu'il ne devait rester que quelques jours pour les vendanges, il ne parvient pas à quitter la terre de son enfance et tente de resserrer ses liens distendus avec ses proches. Cédric Klapisch nous touche comme il ne l'avait pas fait depuis longtemps avec cette déclaration d'amour au vin et à la famille. S'il a une réelle culture du vin, tout ce qui relève de la technique et du jargon a été supervisé par Jean-Marc Roulot à la double casquette de viticulteur et de comédien qui apparaît également à l'écran en conseiller familial qui sait ne pas se mettre exagérément en avant. « J'ai  failli faire  ce  film  avant  Casse-Tête Chinois. J’ai  eu  l’envie  de  faire un  film  sur  le  vin  dès  2010. Cette année-là,  j’ai  contacté  les  quelques vignerons   que   je   connaissais. Je n’avais jamais assisté à des vendanges et j’étais curieux de voir comment ça se passait. Je  me  disais  –  sans  savoir  pourquoi –  qu’il  y  avait  quelque  chose  à  faire   autour de tout ça. Jean-Marc a accepté que je vienne faire des photos pendant ses vendanges. À  la  suite  de  ça,  je  me  suis  dit  qu’il fallait  que  j’observe  précisément  le changement  des  paysages  en  liaison avec le passage des saisons ». L'impression de réalisme est renforcée par cette approche du temps et de la nature. Les différentes saisons passées au sein de cette famille réunie permettent de partager les liens de cette fratrie dont les membres s'aiment mais se disputent, avant de se dire les choses restées tues pour mieux se retrouver. Ils sont campés avec justesse par trois comédiens réunis avec justesse par Cédric Klapisch. François Civil, particulièrement est une vraie révélation, sa présence explosant lors de deux scènes d'ivresse qu'il joue avec une précision hilarante rare mais aussi une émotion vive. Leur entente contribue pour beaucoup à la réussite de ce conte familial. « Pour constituer  cette  fratrie,  je  suis  parti comme  souvent  des  acteurs  avec lesquels  j’avais  envie  de  tourner.  Je venais  de  rencontrer  Pio  Marmaï et  je  me  suis  dit  qu’il  serait  parfait pour  ce  rôle,  qu’il  avait  aussi  l’âge idéal.  Je  venais  de  travailler  avec   François sur la série Dix pour cent et je me suis  dit qu’avec Pio,  ils  seraient  deux  frères très  crédibles. De là, j’ai cherché l’actrice qui pouvait aller avec eux. Il fallait une fille avec  la capacité d’exister entre ces deux mecs très masculins ! Ana Girardot a été de loin la meilleure. Ça  a  été  génial  de voir qu’ils s’entendaient bien tous les trois  au  point  de  devenir  vraiment comme frères et sœur. À un moment, ils ont pris le contrôle du  film.  Au  début, c’était  un  peu plus  l’histoire  de Jean/Pio  Marmaï. Et puis, au fur et à mesure des saisons, c’est   devenu   l’histoire   de   cette fratrie.  Ils  ont  pris  le  film  en  otage. Par  la  beauté  de  leurs  rapports. » Cédric Klapisch a maîtrisé de façon inédite sa direction d'acteurs en les observant alors qu'ils se sont « imprégnés » des vins de Bourgogne qu'ils ont découverts en un temps record, n'étant arrivés que trois jours avant le début du tournage : « Ils sont arrivés à onze heures  du matin, on est allé déjeuner, ils ont bu huit sortes de  Bourgogne à table. Ambiance découverte du terroir… À 14 heures, ils étaient déjà complètement  bourrés.  Mais ça a continué, juste après, nous sommes allés visiter certains domaines. Ils ont parlé avec différents vignerons qui, à  chaque  fois, leur faisaient goûter différents   vins et toute la  journée  ils  n’ont  fait  que  boire. À la fin de la nuit ils étaient  tous les trois dans un état second...! Ça  a été super important  cette  première journée,  parce  que  c’est  vraiment grâce  à  ça  que  j’ai  su  comment  les diriger  dans  la  séquence  où  ils  sont bourrés. Quand on tourne, ils ne peuvent pas boire  vraiment,  donc  il  faut  pouvoir reconstituer l’état. Là,  je  les  ai  bien  vu,  et  j’ai  pris  des notes… La  scène  des  consonnes  par exemple  a  été  inspirée  par  cette soirée. Donc ça peut  paraître  bizarre  de dire  ça,  mais c’est  vraiment  de  la préparation.  Ce genre de moments fait  partie  de  notre  métier  étrange. Pour nous, acteurs et réalisateurs, ça fait partie du boulot ! ». Cédric Klapisch prouve une nouvelle fois qu'il sait filmer les fêtes, comme s'il nous invitait à en faire partie au-delà de la barrière de l'écran et à partager les ressentis de ses personnages très attachants, que l'on regrette de quitter lorsque démarre le générique de fin. Pascal Le Duff.

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