Limoges : les jeunes élus de la République
[caption id="attachment_226972" align="aligncenter" width="800"] Ambiance solennelle dans la salle des Présidents.[/caption]
Depuis quelques mois, les jeunes du conseil municipal d'enfants de Limoges peaufinent leurs projets en commissions.
La salle est austère, l'instant solennel, l'ambiance studieuse. Le décor de la République est planté dans cette salle des présidents où les visages sévères des anciens présidents accrochés aux murs semblent scruter, l'oeil en coin, les propositions de ces élus en herbe. Pochette en main mais tenue décontractée (trop jeunes pour le costard cravate) pour ces élus de 10 ou 11 ans, l'âge où l'on préfère jouer au hand spinner ! Pour la première fois, la municipalité de Limoges a donné la parole aux élèves de la commune en installant un Conseil municipal. L'objectif est de faciliter et d’améliorer la participation citoyenne grâce à cette démarche de démocratie participative voulue par Emile Roger Lombertie, qui espère ainsi « contribuer à la formation des citoyens de demain, dans le respect de la neutralité politique ». Des élections aussi réalistes que les vraies ont été organisées dans chaque école avec deux conseillers de CM1 et CM2 élus dans chacune pour deux ans. Bulletins de vote, isoloirs, campagne et programme électoral, les élections des juniors n'avaient rien à envier à celles des grands. Une question de réalisme pour forger une génération de citoyens. La parité a été respectée pour ce conseil municipal d’enfants de 64 membres qui se réunira, deux fois par an, en assemblée plénière sous la présidence du maire. Depuis plus de six mois, des réunions en commissions sont organisées le mercredi après-midi pour faire avancer les projets qui, ensuite, pourront être présentés en conseil municipal, celui ds grands. Quatre commissions ont été créées comptant chacune seize enfants, à savoir « Vivre ensemble et citoyenneté », « Culture et animations », « Sport et santé », « Cadre de vie et environnement ». [caption id="attachment_226973" align="aligncenter" width="800"] Vincent Jalby, adjoint en charge des affaires scolaires et périscolaires, préside la commis-sion.[/caption]Menus du monde
Ce jour-là, une douzaine d'élus de la commission « Vivre ensemble et citoyenneté » ont planché sur les projets en cours. Après désignation du président de séance et tirage au sort pour départager les trois volontaires, Maxime lançait les débats en présence de Vincent Jalby, adjoint en charge des affaires scolaires et périscolaires. « Concernant vos propositions pour la restauration scolaire, je souhaite que vous ayez plus de poids dans le choix des menus des cantines publiques et j'approuve votre idée de cuisine du monde ». Les élèves avaient visité, huit jours plus tôt, un restaurant scolaire pour bien appréhender les contraintes sanitaires. L'adjoint évoque l'engagement de la ville avec l'Unicef pour mettre en place un label « Ville amie des enfants ». « J'aimerai que vous soyez associés à cette action qui concerne directement les enfants ». Puis les idées de menus exotiques fusent, des plus réalisables comme le hot-dog ou le chili con carne aux plus improbables sous nos latitudes, crocodile, chameau ou singe, des mets propres à dégoûter les 5.000 demi-pensionnaires de la ville. « Il faudra s'y prendre le plus tôt possible pour avoir les bons produits signale Liliale Mérand, directrice des assemblées qui encadre la commission avec Martine Redon, chef de projet CME. Cette idée de menus des cinq continents, déclinés durant l'année, fera voyager vos camarades. Vous informerez vos enseignants afin de travailler en amont sur ces pays ». Les moins timides se lancent dans l'élaboration d'un menu complet, les plus réservés finissent par briser la glace. En fin de séance, les groupes sont constitués pour élaborer quatre à cinq menus et les soumettre aux chefs de cuisine, fin juin, afin de commander les ingrédients dès la rentrée. [caption id="attachment_226974" align="aligncenter" width="800"] Martine Redon chef de projet CME et Liliale Mérand, directrice des assemblées encadrent la commission.[/caption]Paroles d'élus
Elève à l'école du Pont Neuf Louise, 10 ans, cherchait un objectif en participant au conseil municipal, pas celui auquel on pourrait penser. « J'étais timide au début, je voulais apprendre à l'être moins avoue-t-elle et ça a marché. J'ai réussi à donner des idées pour un menu algérien ». Son camarade Ruben, 10 ans, élève à Montmailler, a l'aisance naturelle d'un futur orateur, prêt à défendre ses idées bec et ongles. Il sait pourqui il a souhaité siégé. «Je me suis présenté comme candidat parce que j'ai beaucoup d'idées pour améliorer ma ville explique-t-il d'un ton assuré. La première qui me tient à coeur est d'installer des boîtes à idées dans les écoles mais aussi Place de la République, Place de la Motte, au Centre Saint-Martial pour que chaque citoyen puisse exprimer ses idées pour la ville. J'espère vraiment que ça pourra se faire ». En bon citoyen, il souhaite également que les communautés vivent en meilleure harmonie. « J'aimerai que nous soyons tous égaux, que l'on arrête de se moquer de certaines personnes parce qu'elles sont de couleur ou qu'elles n'ont pas la même religion, je déteste le racisme, je voudrais que ça change ». Quant à une future carrière politique, il n'y a pas réfléchi. « Je suis le premier à faire de la politique dans ma famille ». Comme quoi la vocation n'attend pas le nombre des années... Pour Jade, 11 ans scolarisée à Marcel-Proust, son engagement est motivé par l'intérêt général. « Je veux aider ma ville en prenant des décisions avec les autres enfants assure-t-elle. Je ne sais pas si je ferais de la politique plus tard, j'ai un peu suivi l'élection du président mais pas les débats, trop compliqués à mon âge ». [caption id="attachment_226975" align="aligncenter" width="800"] Des élections aussi réalistes que les vraies ont été organisées dans chaque école.[/caption]Corinne Mérigaud Photos © Yves Dussuchaud
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