RCF : Mavis Staples dans « So Jazz ! »

Invitée vedette du 35° Cahors Blues Festival en juillet dernier, Mavis Staples a fêté son 78° anniversaire en terre lotoise où, notamment accompagnée par le guitariste Rick Holmstrom, elle ne s'est pas privée de donner le meilleur d'elle-même, portée par une ferveur intacte. Depuis 1950 et son intégration à 11 ans au sein du groupe familial les Staples Singers constitué deux ans plus tôt par son père Roebuck « Pops » Staples, Mavis Staples a progressivement imposé sa voix grave et puissante donnant du relief à un répertoire à la fois sacré (le gospel) et profane (le blues). Ami du pasteur Martin Luther King, « Pops » Staples engagea son groupe dans le mouvement des droits civiques, enregistrant un historique disque en 1965, « Freedom Highway », en hommage aux courageux marcheurs de Selma, en Alabama, disque réédité en 2015 (voir le film « Selma »). Depuis 1969, au gré d'une riche carrière solo jalonnée de fructueuses rencontres (Prince, Ry Cooder,  The Blind Boys of Alabama, etc.) et de remarquables enregistrements (notamment son « Tribute to Mahalia Jackson » en duo avec Lucky Peterson), Mavis Staples s'est inlassablement appliquée à promouvoir des valeurs humanistes, plaidant pour une sincère fraternité entre Noirs et Blancs dans une Amérique gangrénée par ses relents racistes ; valeurs auxquelles elle est d'autant plus sensible que ses racines se situent dans le Mississippi profond. Disparu en décembre 2000, son légendaire père avait laissé inachevé le disque qu'il avait mis en chantier en 1998, « Don't lose it » : Mavis s'est patiemment employée à en assurer la finalisation et la sortie en 2015, histoire d'honorer la mémoire d'un inspiré et talentueux géniteur qui sut si bien lui montrer le bon chemin.