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« Les femmes peuvent changer le monde »

10h40 - 09 octobre 2017 - par Info Haute-Vienne

Dans le cadre de la soirée d’ouverture de la deuxième édition des Rencontres cinématographiques de Limoges, Tonie Marshall est venue à la rencontre des spectateurs en présentant en avant-première nationale son film « Numéro Une », qui sort ce mercredi.

Info Magazine : Pourquoi avoir choisi le thème des difficultés des femmes à accéder à des postes clés dans le monde de l’entreprise ou aux hautes sphères du pouvoir ? Tonie Marshall : Je me suis toujours intéressée au parcours des femmes. J’ai pu y remarquer une atmosphère plus dure, même si petit à petit, les choses progressent. Actuellement, j’ai l’impression que la société grignote à droite ce qu’elle donne à gauche, ici ou là. A travers ce film, je souhaitais raconter la place occupée par les femmes dans les médias, l’industrie, la politique…

Info : Vous avez « enquêté » avant de commencer à réaliser « Numéro Une ». Comment expliquez-vous la sous-représentation des femmes ? T.M. : On peut prendre en considération plusieurs facteurs : en premier lieu, les grosses organisations sont dirigées par des hommes. Puis, tout est fait pour que le chemin soit plus difficile pour les femmes. Il existe, ce que j’appelle, une misogynie bienveillante, avec un comportement, des gestes ou des mots, qui ne sont pas méchants… voire gentils et protecteurs. Dans les entreprises, il n’est pas rare d’entendre des patrons dire : « Elle ne va pas pouvoir y arriver », « Et quand elle aura des enfants…», « Elle va devoir choisir et sacrifier quelque chose ». Si 50% de femmes étaient à la tête des entreprises, la gouvernance changerait. Les femmes ont un rapport à l’argent et au pouvoir différent : elles sont moins égocentrées et plus dans un esprit de combat collectif. Par exemple, la France est le pays où il y a le plus de femmes réalisatrices au cinéma… a contrario des métiers de l’ingénierie. Dans l’industrie, les sociétés sont organisées par le masculin, avec des formes de sexisme insidieuses. D’ailleurs, les jeunes filles ne sont pas encouragées à s’orienter vers des filières scientifiques. Mais les femmes peuvent changer le monde. Même si mon film est militant, je ne défends pas un féminisme extrême avec une supériorité de l’homme ou de la femme, mais simplement une vraie mixité en réorganisant le travail.

Info : Quelles sont les premières réactions du public après la projection ? T.M. : Globalement, il n’y a pas d’animosité de la part des spectateurs… donc des hommes ! Mais j’ai vu une forme d’incrédulité face à ce que je montre. A l’issue de la projection, lors des échanges, les témoignages sont souvent bienveillants, même de la gent masculine.

Propos recueillis par Anne-Marie Muia Photos : Yves Dussuchaud

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