Limoges : coup d’œil dans le rétro
09h22 - 08 novembre 2017 - par Info Haute-Vienne
[caption id="attachment_228569" align="aligncenter" width="640"] L'Hôtel de Ville avant 1880 menaçait ruines.[/caption]
Depuis un demi-siècle, notre confrère Paul Colmar traque les cartes pos-tales anciennes sur les salons professionnels, les vide-greniers et Inter-net, en quête d'une mémoire perdue.
Lorsqu'il a débuté à Centre Presse dans les années 60, Paul Colmar tenait une rubrique sur les vieux quartiers de Limoges qu'il a poursuivie à La Montagne. « A l'époque, j'empruntais des cartes à des collectionneurs et j'ai fait ma propre collection, raconte-t-il. Cette nécessité guidée par mon travail est devenue une passion alors que cela ne m'intéressait pas vraiment ». S'il reste discret sur le nombre de documents amassés, il nous livre son secret. « Je privilégie l'intérêt journalistique, l'image doit raconter une histoire, témoigner d'un instant. Avant, les gens s'envoyaient des cartes comme on s'envoie aujourd'hui des SMS pour dire « Viens me chercher demain à 17 h à la gare », pour commenter un faits divers, pour donner de leurs nouvelles... ». Parmi sa photothèque, nous avons sélectionné des monuments qui ont marqué la Ville.
[caption id="attachment_228570" align="aligncenter" width="640"] Le Porte Tourny marquait l'entrée de la ville.[/caption]
Gare controversée
Inaugurée en 1856, la première gare ressemblait à une cabane. En 1858, la Compagnie Paris Orléans qui gère la ligne Paris Limoges se lance dans la construction d'une gare moderne, l'architecte parisien Pierre Louis Renaud remporte le marché. Bâtie en 1860, la gare est victime de son succès, au point qu'en 1891, elle est jugée obsolète. La Compagnie commande des études en 1908 qui n'aboutiront qu'après la guerre. Six projets seront présentés dont des versions au-dessus des voies qui ne font pas l'unanimité au sein du conseil municipal. Les fumées pourraient asphyxier les voyageurs dit-on et, en cas de bombardements, elle s'effondrerait. Le projet de l'architecte Roger Gontier est retenu malgré ces désagréments. Le chantier débute en 1924, le premier train circulera le 18 mai 1929. Son campanile de 60 m est qualifié de minaret ! Ironie de l'histoire, la gare de Limoges-Bénédictins est aujourd'hui l'une des plus belles d'Europe et l'emblème de la ville.
[caption id="attachment_228571" align="aligncenter" width="640"] L'ancienne gare des Bénédictins fut vite engorgée.[/caption]
Tourny démontée
Au Carrefour Tourny, s'élevait l'imposante Porte Tourny érigée en calcaire en 1742, sous l'administration de l'intendant Louis Aubert, Marquis de Tourny. Elle marquait l'entrée de la ville sur la route de Limoges à Clermont-Ferrand. Elle changea de nom sous la Révolution pour devenir la Porte de la Fédération. En 1873, elle est démolie car elle gênait la circulation et la vue sur la gare. Pour la démonter, on avait embauché des chômeurs payés à la journée. Les pierres furent dispersées et aujourd'hui, il subsiste un témoignage de cette porte surmontée d'un visage grimaçant, il trône sur une maison au n° 41 de la rue Aristide-Briand.
[caption id="attachment_228572" align="aligncenter" width="640"] Le Théâtre Berlioz Place de la République.[/caption]
Mairie rebâtie
Locataire de l'ancien couvent des chanoines réguliers de la Congrégation de France situé Place Saint-Gérald (actuelle Place Léon Betoulle), la Ville l'achète en 1802 mais soixante-dix ans après, le bâtiment menace ruines, son campanile prêt à s'effondrer. Par chance, grâce au legs d'un rentier limougeaud, Alfred Fournier décédé le 24 juillet 1875, elle dispose de près 1,3 millions de francs qui seront affectés à la construction d'un Hôtel de Ville. Parmi les 27 projets reçus, Alfred Leclerc, un parisien Grand Prix de Rome l'emporte avec « Doctrina ». La première pierre est posée le 15 juillet 1879, l'inauguration a lieu le 14 juillet 1883. Bien qu'il rappelle celui de Paris dont l'architecte est différent, les habitants y voyaient alors la République glorifiée.
[caption id="attachment_228573" align="aligncenter" width="640"] La sortie des ouvriers de Haviland avec un commentaire relatif aux grèves de 1905.[/caption]
Haviland détruite
Importateur de porcelaine, David Haviland créa la manufacture qui porte son nom en 1853 rue du Crucifix (actuelle avenue Garibaldi) avec deux fours au départ. L'activité va connaître un essor important lorsque son fils Charles lui succède en 1865, elle compte alors six fours, 200 ouvriers, dont 128 décorateurs. En 1870, quelques 87% de la production est exportée aux Etats-Unis. Trente ans après, dix fours supplémentaires tournent à plein régime et, en 1914, l'usine emploie 418 ouvriers dont 276 décorateurs. La liquidation est prononcée en 1931 suite à un conflit entre Georges Haviland, fils de Charles, et la banque Mirabeau, actionnaire principal. Le site perdurera avec la fabrication des chaussures Heyraud puis disparaîtra lors de la construction du centre Saint-Martial. Dernier témoin de cette aventure industrielle, la maison des Haviland et son décorum ont subsisté, acquis par la Mutualité Française Limousine.
THEATRE démoli
Edifié sur la Place Royale en 1836 (actuelle Place de la République d'après les plans de l'architecte Boullée, le Théâtre municipal Berlioz inauguré en 1840 a reçu tous les grands noms du lyrique. Il était équipé d'une belle scène à l'italienne, de salles de réunions et de boutiques au rez-de-chaussée, notamment celle du photographe Dartout et le Café Riche donnant sur la rue Saint-Martial. Le bâtiment qui posait des problèmes de sécurité fut remplacé, en 1920, par le Cirque Théâtre, à l'emplacement de l'actuel Opéra Théâtre. Lorsque la fête foraine battait son plein Place de la Ré, la mélodie des manèges s'invitait entre deux airs d'opéra... Dans le cadre du réaménagement de la place, ce site accueillera des boutiques et les vestiges de l'Abbaye Saint-Martial seront également mis en valeur.
Corinne Mérigaud
Photothèque : Paul Colmar avec tous nos remerciements.
0 commentaires