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Frédéric Forte, l’inoubliable numéro 4

07h48 - 08 janvier 2018 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_220291" align="aligncenter" width="800"] En 2015, le CSP décroche le second titre de champion de France de l’ère Forte.[/caption]

Le décès brutal, à 47 ans, à quelques heures de 2018, de Frédéric Forte, joueur, puis président emblématique du Limoges CSP a plongé la ville dans une immense sidération.

Samedi, «tout le peuple vert» a défilé devant son cercueil, exposé dans un palais des sports qui, désormais, devrait porter son nom.

Les plus anciens supporters du Limoges CSP retiendront de Frédéric Forte, ce talentueux meneur, l'interception réalisée sur Toni Kukoc à quelques secondes du buzzer qui a privé le Benetton Trevise d'un titre qui lui semblait pourtant promis, et mené sur le toit de l'Europe, un club, qui quatre ans plus tard, alors qu'il contribuait aux grandes heures de l'équipe de France, n'a pourtant pas hésité à le congédier. Mais, cette aventure collective conduisant à un exploit qu’aucun autre club français n’a depuis plus réussi à égaler, a marqué à vie le jeune «gringalet», selon l’expression de nombre de ses coéquipiers, débarqué à Limoges en 1988, où il ne restera qu’une saison, pour mieux revenir en 1991 et dévoiler tout son talent et une habile lecture du jeu qui lui permettait d’avoir toujours un coup d’avance.

[caption id="attachment_220292" align="aligncenter" width="800"] Lors du back to back, la communion avec le « peuple vert », place Haute-Vienne.[/caption]

Club chevillé au corps

En 2004, quand il apprend que le club est au bord du gouffre, il se précipite à Limoges. « Je n’oublierai jamais le pacte de confiance que nous avions scellé à l’été 2004 dans mon bureau à l’hôtel de ville lorsque l’équipe professionnelle du CSP était condamnée à disparaître. Avec les encouragements d’Yvan Mainini, alors président de la Fédération française de Basket-ball, Frédéric Forte accepta ma proposition de reprendre le club en National I alors même qu’il se savait depuis peu atteint d’un cancer. Pendant ces dix années, nos relations furent toujours placées sous le signe du respect de la parole donnée, car nous savions que le retour du CSP au plus haut niveau national prendrait nécessairement du temps », se souvient Alain Rodet, l’ancien maire de Limoges.

Avant de devenir un président emblématique, l’ancien meneur a essuyé de nombreuses tempêtes et encaissé de nombreuses critiques pour amener le CSP au plus haut niveau du championnat de ProB, puis de ProA, collectionnant les titres et enflammant plus de 15.000 spectateurs, réunis dans un palais des sports trop petit et un stade converti en chaudron, pour le second titre de ProA de la nouvelle ère et faire revivre à Beaublanc l'ambiance des prestigieuses joutes européennes.

[caption id="attachment_220293" align="aligncenter" width="800"] Entre le président et Beaublanc, c’était la passion Forte…[/caption]

batir l’ambition

Et puis, à quelques heures de basculer en 2018 et de s'envoler avec ses joueurs vers l'Italie, la terre de ses ancêtres, le choc, brutal de sa disparition a sidéré une ville, mais également le monde du basket. Car, pour ce club qu'il avait chevillé au corps, Frédéric Forte n'a jamais ménagé ses efforts, affichant fermement ses convictions, quitte à s'attirer les foudres des hauts dignitaires de la discipline. Un rôle qu’il a toujours assumé, comme il le rappelait dans les colonnes d’Info Magazine en septembre 2013: «Ce club ne peut se construire qu’avec des ambitions, mais en se donnant un peu de temps. C’est ce qui manque le plus dans le sport et plus encore au Limoges CSP. Mon rôle de dirigeant est d’essayer de donner un peu de temps à la construction de l’équipe. Cela passe par des moments où il faut booster les choses et des périodes où il faut calmer les ardeurs des uns et des autres, quitte à prendre des coups».

Sitôt la nouvelle de la disparition de Frédéric Forte connue, les réseaux sociaux ont grouillé de témoignages d'amis, d'anciens joueurs ou coéquipiers mais surtout d’anonymes, celles et ceux qu'il n'oubliait jamais de saluer dans la rue ou à Beaublanc. Il tenait d'ailleurs beaucoup à cette implication du club dans la cité, mobilisant l'équipe à l'occasion de nombreuses actions citoyennes, à l’image du tournoi en hommage à Mickael Brooks, l’ancienne star du club, destiné à collecter des fonds pour les recherches menées par le CHU de Limoges.

[caption id="attachment_220294" align="aligncenter" width="800"] L’inoubliable sourire de l’inoubliable numéro 4.[/caption]

Visionnaire

A la tête du club, le président Forte a conservé ce don de clairvoyance qui caractérisait son jeu. Malgré un contexte économique tendu, il nourrissait de grandes ambitions pour son club et construisait solidement l’avenir. «Nous avons récupéré la concession de la brasserie de Beaublanc dans laquelle nous avons investi plus de 200.000 euros pour sa rénovation, mais aussi pour créer trois autres bars, dans le hall et dans la salle, afin de multiplier les lieux d’échanges. Nous avons confié ces travaux à des entreprises locales, partenaires du club, pour que l’argent soit réinjectée sur le territoire. Le monde bouge, la société évolue très vite. Voilà pourquoi nous avons rénové notre site internet, qui permet aux fans ne pouvant se rendre aux matchs, de nous supporter loin de Limoges. C’est aussi pour cela qu’avec l’entreprise locale Emakina, nous sortons une application Smartphone révolutionnaire, que même les clubs de NBA n’ont pas», nous confiait-il en septembre dernier.

[caption id="attachment_220295" align="aligncenter" width="770"] En tant que président, il a accroché quatre nouveaux fanions sous la voûte de Beaublanc.[/caption]

Emotion unanime

«Le décès de Frédéric Forte laisse un grand vide à Limoges. Non seulement parce qu’il incarnait le CSP et son renouveau depuis plus de dix ans, mais aussi parce qu’il habitait le cœur du peuple vert et qu’il était parvenu à redonner, à force de volonté, de ténacité et d’ambition et d’amour, un destin sportif à Limoges», a déclaré Emile-Roger Lombertie, le maire de Limoges, qui a décidé de soumettre au conseil municipal du 31 janvier prochain que le palais des sports porte désormais son nom.

D'autres personnalités ont exprimé leur émotion, à l'image de Gérard Vandenbroucke, président de Limoges Métropole: « Fier de son club, fier de ses supporters, fier de sa ville et de sa région, Forte, l'était assurément. Une fierté portée avec cette envie de partage qui caractérise les belles personnes, partage par la discussion, par le sourire aussi, par une gentillesse faite de compréhension, de volonté et d'envie de convaincre».


Bio express 1970 : Naissance à Caen. 1986 : Premier match en ProA au Caen Basket Club. 1987 : Première sélection en équipe de France. Il en aura 74 autres. 1988 : Arrive au CSP comme joueur. 1991 : Retour à Limoges équipe avec laquelle il participe à l’Open Mc Donald’s, face aux Lakers de Los Angeles et le mythique Magic Johnson. 1992 : Match face à la Dream Team. 1993: Champion d’Europe avec Limoges. 2004: Il quitte le club italien d’Eurodia Scafati dans lequel il jouait pour prendre la présidence du Limoges CSP. 2012: Champion de France de ProB 2014 et 2015: Champion de France de ProA

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