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Limoges rallume le feu

11h30 - 12 février 2018 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_229998" align="aligncenter" width="800"] Excellence et savoir-faire des arts de la table[/caption] En octobre dernier, Limoges a décroché le label « Ville créative de l’UNESCO ». Une très belle distinction pour l’excellence de l’écosystème local et pour le programme de valorisation des arts du feu proposé par la Ville.

C’était en juin dernier. La Ville de Limoges se portait candidate pour rejoindre le réseau très prisé des Villes créatives de l’Unesco, qui comporte sept thématiques : film, arts numériques, littérature, artisanat, gastronomie, musique et design. Cette candidature s’appuyait sur de nombreux soutiens tant au niveau local que national, ainsi que sur un écosystème local créatif et original, réunissant de nombreux acteurs du secteur : le pôle européen de la céramique, le pôle de compétitivité et l’ incubateur, l’école d’ingénieur en céramiques industrielles, les centres de recherche, l’école nationale supérieure d’art, le musée national Adrien-Dubouché, le musée des Beaux-Arts, les manufactures historiques, les jeunes créateurs, artistes et designers. Soit près de 120 professionnels (start-ups, industriels, R&D, formateurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs, techniciens…).

[caption id="attachment_229999" align="aligncenter" width="800"] La fontaine de la mairie[/caption]

PARI AUDACIEUX

L’ambition de cette candidature était de faire connaître/reconnaître l’excellence de cette « communauté économique », de transformer l’image de la ville pour attirer de nouveaux talents et positionner Limoges comme la première ville créative de Nouvelle-Aquitaine.

Un pari audacieux, un challenge un peu fou par rapport aux villes déjà membres de ce réseau (cf encadré) ? « Il y avait une volonté de la Ville de mobiliser toutes les énergies autour d’un projet international, fédérateur, qui prend en compte l’existant patrimonial, à travers les arts du feu, c’est-à-dire la céramique, l’émail et le vitrail, pour en faire une plateforme de développement pour Limoges et pour le territoire du nord de la Nouvelle Aquitaine. C’était également l’opportunité de faire prendre conscience aux Limougeauds de leurs richesses dans la grande région », explique Philippe Pauliat-Defaye, adjoint au maire en charge de la culture.

[caption id="attachment_230000" align="aligncenter" width="800"] Le Four des Casseaux[/caption]

PLAN QUADRIENNAL

La Ville veut donc positionner la création des arts du feu au coeur de sa stratégie de développement urbain, de même que dans toutes les dimensions de son action (culture, urbanisme, international, événementiel, politiques à destination des jeunes...).

Le programme de valorisation 2017-2020, doté d’un budget d’1 M€ par an, se décline en cinq axes majeurs, dont la transformation de l’espace public en un territoire d’expérimentation, avec par exemple la façade en céramique de la nouvelle Cité judiciaire. « Dans le cadre d’une commande publique pour un jalonnement céramique à travers l’espace urbain, le jury a été séduit par le principe du Kintsugi japonais. Il s’agit très simplement de donner à voir des fragments de créativité, disséminés sur une trentaine de sites, par des interventions en bleu de four, l’un des plus anciens, des plus robustes et des plus prestigieux traitements de la porcelaine. Il sera utilisé pour réparer les atteintes du temps », détaille l’élu.

De plus, la Ville souhaite refondre la manifestation Toques et Porcelaine en une biennale internationale vitrine des savoir-faire, associant la porcelaine et la gastronomie, et développer les espaces de création (avec pourquoi pas des résidences afin que Limoges soit une terre d’accueil des créateurs) avec la mise en place d’un marché créatif et d’un concours réservé aux jeunes créateurs.

[caption id="attachment_230001" align="aligncenter" width="800"] Mobilier urbain en céramique[/caption]

EDUCATION DES JEUNES

L’éducation et la valorisation aux métiers d’art auprès des jeunes est une des composantes de ce plan : « La filière formation est absolument essentielle, avec le lycée professionnel du Mas-Jambost, l’AFPI, l’ENSIL-ENSCI, l’ENSA, qui vont bénéficier d’une meilleure attractivité… Limoges doit être un des lieux de formation repérés sur le plan européen », martèle Philippe Pauliat-Defaye.

Enfin, la Ville s’engage à renforcer les programmes d’échanges scientifiques et culturels avec les autres villes du réseau Unesco. Un premier pas a déjà été fait grâce à l’armure en porcelaine créée aux Porcelaines de la Fabrique et portée par Jean Lambert-wild dans « Richard III-Loyauté me lie ».

D’ailleurs, les liens établis avec Icheon, Saint- Étienne, Jingdezhen, Santa Fe et Enghien-les-Bains, ont certainement été déterminants dans l’obtention du label, tout comme l’engagement international de Limoges au sein des Routes de la céramique.

[caption id="attachment_230002" align="aligncenter" width="800"] Le musée national Adrien-Dubouché[/caption]

IMPACTS

L’appartenance au réseau des Villes créatives va contribuer de manière significative à la politique d’attractivité menée par la Ville. À terme, plusieurs impacts sont attendus, tels qu’entre autres, le renforcement de la position de Limoges dans la grande région en qualité de première Ville créative de Nouvelle-Aquitaine ou encore des retombées touristiques et économiques (augmentation des nuitées, des entrées dans les musées…).

« Nous n’avons ni la mer, ni la montagne, ni la Tour Eiffel ou l’Arc de Triomphe, mais Limoges possède une spécificité culturelle forte, qui peut lui permettre d’être la capitale de la céramique, de l’émail et du vitrail aux yeux de la communauté nationale et internationale, comme Bordeaux a le vin. D’autant plus grâce à l’obtention de l’indication géographique protégée (IGP) « Porcelaine de Limoges ». Ainsi, seule la porcelaine fabriquée à Limoges (pâte, moulage, cuisson et décoration) et en Haute-Vienne pourra bénéficier de cette appellation, avance l’adjoint au maire. Ce label de l’UNESCO peut faire passer les arts du feu du domaine du souvenir à celui de l’avenir ».

Anne-Marie Muia Photos © Ville de Limoges


Réseau des Villes créatives de l’UNESCO Créé en 2004, le réseau des Villes créatives de l’UNESCO réunit actuellement 116 villes (dans 54 pays) : Buenos Aires, Dublin, Sydney, Prague, Dakar, Séoul, Berlin, Helsinki, Budapest, Montevideo, Bogota, Reykjavik, Barcelone, Montréal, Detroit, Shanghaï… Trois villes françaises en font partie : Saint-Étienne, Lyon et Enghien-les-Bains. « Nous sommes en bonne compagnie, s’amuse Philippe Pauliat-Defaye. Nous sommes peut-être un Petit Poucet par rapport à certaines capitales internationales, mais dans l’histoire il gagne contre l’ogre et en l’espèce, nous avons été à la hauteur des attentes de l’UNESCO ».

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