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Le Père Castor reconnu par l'Unesco

22h47 - 13 mars 2018 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_230463" align="aligncenter" width="800"] Une partie du fonds d'archives inscrit à l'Unesco...[/caption] Plusieurs générations d'enfants ont eu entre les mains un album du Père Castor. Ces ouvrages pédagogiques et ludiques ont été découpés, coloriés et lus par des millions d'écoliers grâce à Paul Faucher. Le travail de ce pédagogue humaniste, chantre de l'Education Nouvelle, vient d'être reconnu grâce à l'inscription de ses archives au registre international « Mémoire du Monde » de l'Unesco. Cela concerne 251 boîtes conservées à la Médiathèque du Père Castor, à Meuzac, ainsi que trente-huit entreposées aux archives de Madrigall (Flammarion). La proposition avait été initiée par son fils François Faucher, suggérée par Michel Defourny, chercheur de renommée internationale en littérature jeunesse. Ses archives cédées à la Communauté de communes Briance-Sud-Haute-Vienne, constitutait l’aboutissement de son oeuvre éditoriale et éducative, qui s'est finalisée par la construction de la Médiathèque du Père Castor en 2006. Ce site aménagé près de la propriété familiale de Paul Faucher, à Forgeneuve, est un centre d’archives, un lieu de conservation, de consultation et de valorisation de ses archives accessibles aux chercheurs. A l’extérieur, un parcours d'aventures et de découverte de la nature a été aménagé pour le jeune public. [caption id="attachment_230464" align="aligncenter" width="800"] Paul Faucher a édité 320 albums du Père Castor...[/caption]

Inspiration locale

Car c'est à Forgeneuve que l'aventure du Père Castor s'est poursuivie pour Paul Faucher, réfugié sur ses terres en 1940. Avec quelques personnes, il lança l'idée de l'Atelier du Père Castor. De nombreux albums ont ainsi trouvé leur inspiration dans ces paysages de campagne proches de Forgeneuve. Seize millions ont été diffusés à travers le monde par entre 1931 et 1967, des livres conçus pour éveiller la sensibilité et la curiosité des enfants, des livres-outils au service de l'émancipation avec un regard humaniste ouvert sur les cultures du monde. Cette reconnaissance compte beaucoup pour Vincent Faucher, son petits-fils, et ses sœurs Claire et Anne-Catherine. « Nous sommes très contents, mon père avait initié ce projet avec Michel Defourny mais malheureusement, il n'aura pas vu ce bel aboutissement déplore-t-il. Mon père a été un visionnaire en sauvegardant les archives de mon grand-père et en oeuvrant pour que cette médiathèque sorte de terre. C'était très important de leur donner du sens et aujourd'hui, ses efforts sont récompensés ». [caption id="attachment_230465" align="aligncenter" width="800"] Une exposition à découvrir pour comprendre son œuvre.[/caption]

révélation

Avant d'être éditeur, Paul Faucher occupa divers postes à responsabilités, chef de service puis directeur à l’Union mutuelle centrale des victimes des dommages causés par la guerre, ensuite directeur commercial de l'usine de mécanique Rivoal et libraire chez Flammarion et enfin gérant de la librairie de l'enseigne à Lyon et au Havre. Il s'intéresse alors aux problèmes d'éducation des enfants et adhère au mouvement de l'Education Nouvelle au début des années vingt. Dès 1927, il créé une collection sur l'éducation chez Flammarion qui n'aura pas le succès escompté. Deux plus tard, sa rencontre avec Frantisek Bakule est une révélation. Dans son institut de Prague, il obtient de bons résultats en matière d'éducation d'enfants handicapés. « Ce tchèque s'intéressait à l'éducation nouvelle, mouvement qui place l'enfant au centre de la pédagogie en prenant en compte ses besoins, souhaits et désirs d'apprentissage explique Iris Clément, archiviste à la Médiathèque. Leur collaboration va être fructueuse, son assistante Lida Durkidova le suivra en France et les deux premiers albums du Père Castor seront publiés dès 1931 puis Paul Faucher épousera rapidement Lida ». Son épouse rédigeait les textes tandis qu'il faisait appel à des illustrateurs tchèques dans un premier temps et puis à deux françaises Nathalie Parain et Hélène Guertik. [caption id="attachment_230466" align="aligncenter" width="800"] Des illustratrices de renom ont participé à ce succès.[/caption]

Succès mondial

Le choix du castor est symbolique, cet animal est un bâtisseur qui vit en société, Paul Faucher souhaite que ses albums aident l'enfant à se construire, à s'ouvrir sur le monde. Les jeunes lecteurs plébiscitent ces albums de petit format, pas chers donc accessibles à tous, manipulables facilement et sans leçons de morale, une révolution éditoriale pour l'époque. Les lecteurs sont acteurs, s'adonnant au coloriage et au découpage, associant images et mots, laissant libre cours à leur imagination. Durant la seconde guerre, Paul Faucher se réfugie à Forgeneuve puis dans sa propriété de Brinon-sur-Beuvron (Nièvre) et dès son retour à Paris, en 1946, il crée L'Atelier du Père Castor et une école dont l'éducation, basée sur ses albums, perdurera jusqu'en 1961. Lors de sa disparition, six ans plus tard, 320 albums ont été édités, une oeuvre qu'enrichira son fils François jusqu'à sa retraite en 1996 lançant un format poche, des albums sur supports audio et vidéo ou la collection « Les enfants de la terre », soit quelques 1.500 publications. « Cette reconnaissance va donner un grand coup de projecteur sur notre travail espère Emilie-Anne Dufour, directrice de la Médiathèque, avec la possibilité de participer à des projets internationaux. Une résidence d'artistes est prévue avec l'ENSS, l'association du Père Castor et la DRAC. Des artistes de livre jeunesse s'inspireront de ses archives pour créer un album ». Dix classes de la Communauté de communes Briance-Sud-Haute-Vienne et de Beaubreuil suivront ce travail. [caption id="attachment_230467" align="aligncenter" width="800"] Emilie-Anne Dufour, directrice de la Médiathèque de Meuzac.[/caption] Texte et photos : Corinne Mérigaud

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