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Pr Laurent Fourcade « Améliorer le quotidien des enfants hospitalisés »

19h02 - 18 avril 2018 - par Info Haute-Vienne

Le Pr Laurent Fourcade, responsable du service de chirurgie pédiatrique, viscérale et urologique de l’hôpital de la mère et de l’enfant de Limoges, est également le président de l’ACICO. L’association mène de nombreux projets pour améliorer la prise en charge des enfants hospitalisés.

Info Magazine : Comment est née l’ACICO ? Pr Laurent Fourcade : L’Association pour le développement de la Chirurgie Infantile Centre Ouest (ACICO) est née en 1976 à l’initiative de Gérard Terrier, qui était anesthésiste en chirurgie pédiatrique au CHU Dupuytren, et qui est aujourd’hui le chef de service des soins palliatifs. Le but initial était de recueillir des fonds pour organiser des congrès et financer des formations pour les médecins, les soignants, ainsi que pour améliorer le confort des patients. En 1993, alors que des initiatives avaient déjà été menées pour les jeunes patients, le Pr Jean-Luc Alain, chef de service, a lancé « Visual » : des écrans de télé ont été installés au-dessus des lits afin que les enfants couchés puissent les regarder. Avec le Pr Dominique Mouliès, chirurgien orthopédiste pédiatre, Joëlle Pluviaud, cadre de santé, a amené ses équipes à réfléchir sur l’amélioration du confort des enfants, notamment handicapés. A ce titre, à la fin des années 90, nous avons été le premier service de tout l’hôpital à être doté de toilettes handicapés. Info : Qu’en est-il maintenant ? Pr L.F. : Tout est fait pour améliorer le lien entre les éducateurs de centre et les équipes du service, comme la transmission de certaines données afin de faciliter la prise en charge. Par exemple, nous avons un tableau avec des vignettes autocollantes de couleurs pour représenter les goûts, les habitudes quotidiennes, les manifestations de l’humeur des enfants handicapés… Aujourd’hui, ce sont des patients VIP ! L’acceptation du handicap est une grande réussite du service. Info : Quels sont les projets déjà concrétisés grâce à l’ACICO ? Pr L.F. : Une salle de jeux, avec un mur des sens, a été construite par les Compagnons. Bientôt une terrasse sera aménagée. Les plans ont déjà été réalisés mais nous demeurons très vigilants quant à la sécurité. Plus gaie, plus fonctionnelle, cette terrasse permettra aux enfants de pouvoir rêver, jouer en plein air et s’évader. En parallèle, certains infirmiers ont suivi une formation sur la prise en charge de la douleur dans le cadre de l’ACICO. Info : Le service a acquis des masques de réalité virtuelle. Pourquoi ? Pr L.F. : L’année dernière, avec des dons faits à l’ACICO, nous avons pu acheter des masques de réalité virtuelle supplémentaires, chacun coûtant 500€ en moyenne. Nous en possédons une dizaine au sein des services de pédiatrie médico-chirurgicale de l’hôpital de la mère et de l’enfant. Notre maître-mot est « mini-invasif » avec moins de douleur et plus de confort. C’est un outil complémentaire pour la prise en charge globale de l’enfant par le personnel paramédical, un moyen non-médicamenteux, une distraction. Lors d’un soin douloureux, l’enfant qui porte ce masque est en immersion grâce à des petits films. Il est alors plongé dans « son truc », sans réponse nociceptive. Dans la même optique, nous sommes le seul service en France à autoriser un des deux parents, habillé en tenue quasiment chirurgicale, à entrer dans la salle d’opération lors de l’anesthésie pour tenir la main de l’enfant jusqu’à l’endormissement. Info : Quels sont les projets de l’ACICO pour 2018 ? Pr L.F. : Outre la pérennisation de toutes nos initiatives, nous allons organiser une « classe verte », sur une idée d’Yves Perel, professeur de cancérologie pédiatrique à Bordeaux. Pendant huit jours au mois de juin prochain, une quinzaine de jeunes âgés de 11 à 14 ans, atteints de maladies chroniques, partira faire du sport au centre Alain Mimoun à Bugeat en Corrèze. Les journées comprendront des activités sportives (boxe, canoë, course d’orientation…), des ateliers de diététique, des rencontres avec un psychologue et des soirées groupes de parole… Certains adolescents, qui y participeront, souffrent de pathologies rares, taboues, invalidantes au quotidien, pour lesquelles il n’existe même pas d’association de parents…

Propos recueillis par Anne-Marie Muia Photo © D.R

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