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RCF Limousin : Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou dans « Vies d'Envies »

00h00 - 30 avril 2018 - par Info Haute-Vienne

Indissociables ! Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou forment depuis des lunes un couple lumineux. Lilloise d'origine, Sylvie Crossman s’est, pour sa part, très tôt intéressée aux sociétés « premières ». Elle grandit parmi les Maoris, à Raiatéa, l’île sacrée des Polynésiens où ses parents sont enseignants. Angliciste de formation, elle vivra à Los Angeles de 1974 à 1981 où elle enseigne à l’Université de Californie et rencontre régulièrement, jusqu’à sa mort, l’écrivain Henry Miller ; celui-ci lui rendra hommage dans le seul livre qu’il ait écrit en français : « J’suis pas plus con qu’un autre » (1976). En 1978, elle devient correspondante du « Monde » pour la Californie.

En 1985, installée en Australie, elle crée à Sydney le poste de correspondant pour ce même quotidien. Sa rencontre avec les Aborigènes dans le grand centre australien, accompagnée par son compagnon Jean-Pierre Barou, la conduira à entamer une entreprise de réévaluation des arts et des savoirs de ces peuples « indigènes », au sens anglo-saxon : « nés de la terre ».

Ce travail les mènera à organiser ensemble des expositions majeures – dont une trilogie à la Villette sur le mandala tibétain, les peintures de sable des Indiens Navajos (celle-ci, accueillie alors à Limoges à la Galerie des Hospices) et les peintres aborigènes d’Australie, à signer des ouvrages comme « Enquête sur les savoirs indigènes » et «Tibet, Une autre modernité », et à fonder en 1996 la maison d’édition Indigène dont le travail de pionnier se verra couronner en 2010 par le succès mondial de «Indignez-vous ! » de Stéphane Hessel, traduit en une quarantaine de langues, avec ce message : « Créer c’est résister, résister c’est créer ! » Aujourd'hui, à sa florissante bibliographie, elle a ajouté un roman : « Le fils de l'Inde, aux éditons du Seuil.

Jean-Pierre Barou a, lui, connut le privilège de voir considéré son roman « Comme les taureaux d’un même élevage » (Grasset, 1985) comme le roman d’une génération, celle à l’origine du journal « Libération ». Il a été amené à fréquenter Sartre, Foucault, élaborant avec ce dernier « L’œil du pouvoir », un entretien conduit en collaboration avec l’historienne Michelle Perrot. Un temps rédacteur au journal de la gauche prolétarienne, « La Cause du peuple », il participera ensuite à la création de « Libération », en 1973. Autre trace de ces années 1970, son essai « Sartre, le temps des révoltes ». Il sera l’éditeur du philosophe Vladimir Jankélévitch et du dissident soviétique et Prix Nobel de la Paix Andréï Sakharov. Dans une nouvelle période de sa vie, inséparable de Sylvie Crossman, il plonge au cœur des sociétés dites « primitives » auxquelles l’avaient initié autrefois Leiris et Limbour. Son dernier essai, « La Guerre d’Espagne ne fait que commencer » vient de paraître au Seuil : il s'agit d'un éclairage nouveau qui fait considérer cette guerre fratricide comme « un crime contre la conscience »...

« Vies d'Envies », de Chris Dussuchaud, sur RCF Limousin : jeudi 3 mai de 20 h à 22 h, rediffusion dimanche 6 de 16 h à 18 h (99.6 à Limoges, 100.2 à St-Yrieix, 107.4 à Bellac, 105.8 à St-Junien, 95.8 à Guéret, 89.4 à Aurillac, 91.4 à Brive, 106.9 à Tulle et Egletons, 102 à Ussel, 89.3 à Argentat).

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