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« Il faut que notre territoire devienne at-tractif »

00h00 - 30 avril 2018 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_231333" align="aligncenter" width="800"] « Le lobbying est primordial pour l'avenir de notre territoire ».[/caption]

Président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Haute-Vienne, Pierre Massy souhaite booster le développement économique du département.

Info. Pouvez-vous nous dresser un panorama des entreprises du département ? Pierre Massy. Le département compte 12.500 entreprises pour 80.000 salariés avec des secteurs très représentés les services, le commerce et la construction. Le secteur industriel ne pèse pas un gros volume mais nous avons des étendards comme Legrand coté au CAC 40, des industries de sous-traitance et manufacturières, des start-up converties en société comme Emakina et dans le domaine de la céramique ou des ondes, des pépites de grande qualité et des laboratoires. Comme ailleurs, nous constatons un déficit d'établis-sements de taille intermédiaire. Les compétences sont présentes mais cela manque d'en-treprises à mon sens, il faudrait une volonté plus importante afin d'en implanter davantage pour redonner de la vitalité au territoire. Tous les secteurs ont des difficultés à recruter, d'où la nécessité de développer l'apprentissage, une voie d'excellence pour les jeunes. Il faut une réelle volonté de recruter des apprentis, changer de mentalité et de réglementa-tion. Ce sera la solution pour s'affranchir des problèmes de recrutements, donner une nouvelle image à nos « vieux métiers » et arrêter de stigmatiser le travail en parlant de compte pénibilité.

I. Quelles sont les forces et faiblesses des sociétés du département ? P. M. L'enclavement du territoire pose problème. Les faiblesses sont compensées par la qualité des entrepreneurs, salariés et chercheurs. Il faut arrêter de tenir ce discours, nos entreprises sont inventives à l'image de Legrand, Cerinnov, I Ceram, des start-up qui sont allées au C.E.S. à Las Vegas, du laboratoire XLIM, des chercheurs du CHU et j'en oublie. Il manque surtout des voies rapides pour aller à Bordeaux et Paris.

I. Le débat est relancé sur la mise à deux fois deux voies de la RN 147, avez-vous une proposition ? P. M. Je porte l'idée d'une autoroute concédée Limoges-Poitiers, l'Etat n'a plus d'argent pour ce type de projet. Ce sujet me tient à cœur, cela désenclavera le nord ouest du terri-toire, Bellac et Montmorillon. L'A65 est une réussite comme l'A89 Bordeaux Clermont qui passe près d'Egletons. Si elle n'existait pas, il n'y aurait peut-être pas 5.000 habitants et 3.000 élèves, trois écoles de travaux publics, l'Université, l'IUT, l'AFPA et le GRETA. Soixante-quinze entreprises sont venues recruter des jeunes le mois dernier, les écoles ont investi 37 millions et l'Université 18 millions sur ce campus. L'autoroute a des vertus incontestables en matière de développement économique.

I. La ligne ferroviaire Limoges Paris vous semble-t-elle adaptée ? P. M. La voie historique est la seconde priorité pour désenclaver notre territoire, des in-vestissements sont en cours, il est important d'avoir le wi fi. L'Etat doit s'engager à acheter trente rames d'ici 2022-2023. Nous demandons une ligne directe, avec un train aller-retour par jour et un trajet de 2h30 à 2h40.

I. L'Hyperloop suscite des doutes, qu'en pensez-vous ? P. M. Sébastien Gendron, gérant de Transpod qui porte ce projet de train à très grande vitesse, cherche à installer à Limoges une maquette à l'échelle un demi pour développer cette technologie dans six ou sept ans. Son projet est très avancé, l'Hyperloop sera peut-être un jour un moyen de transport, il en est au stade de la R&D et il n'est pas question de créer aujourd'hui une ligne Limoges Paris.

I. Quels sont les projets de votre mandature ? P. M. La mise en place du numérique est une priorité, de même que l'accompagnement des entreprises, surtout celles rencontrant des difficultés. Le lobbying est primordial pour l'avenir de notre territoire. Les collaborateurs de la CCI accompagnent les entreprises de la création à la transmission. Notre centre de formation délivre une attestation reconnue. Des séminaires sont organisés pour valoriser les commerces, nous accompagnons l'associa-tion des commerçants pour créer une fédération d'associations, nous allons créer une pé-pinière commerciale en collaboration avec la Ville de Limoges. Les commerçants seront suivis un an voire plus.

I. Des implantations de sociétés sont-elles prévues en 2018 ? P. M. Malheureusement il y en a peu, une à la Grande Pièce selon Limoges Métropole. Les terrains sont de petite taille, insuffisants pour faire venir de grandes entreprises. Il se-rait intéressant de proposer à des investisseurs des plateformes de logistique ou des ter-rains pour attirer des industriels près de l'A20, à Beaune-les-Mines, comme à Brive et La Croisière.

I. Comment vous positionnez-vous par rapport à la réforme de l’apprentissage ? P. M. Les sommes engagées sont gigantesques avec un résultat qui ne semble pas à la hauteur. Il est important de réorganiser la formation, la gestion des centres d'apprentissage doit être mutualisée, certains fonctionnent bien, d'autres sont des gouffres financiers et leur financement est un sujet sensible. Les Régions ont tout leur rôle à jouer mais je sou-haiterais une coproduction avec les branches professionnelles qui ont leur mot à dire. Les enjeux sont majeurs, il est insupportable d'avoir 600.000 jeunes au chômage de moins de 20 ans alors que tous les secteurs ne trouvent pas d'apprentis. Ce sujet doit faire consen-sus au-delà des clivages.

I. La Nouvelle-Aquitaine est-elle une chance pour les entreprises du département ? P. M. Cela peut être un réel ballon d'oxygène au niveau économique avec des moyens plus importants qu'avant. Il faut s'unir afin de travailler pour l'ensemble de la population avec un objectif, que notre territoire devienne attractif. Tout le monde ne pourra pas habiter à Bordeaux. La Haute-Vienne possède de vraies capacités à se développer, des compé-tences, une vie culturelle et sociale agréable, autant de qualités qu'il faut faire valoir et savoir.

Propos recueillis par Corinne Mérigaud Photo © CCI 87

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