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RCF Limousin : Mahir Guven dans « Vies d'Envies »

00h00 - 21 mai 2018 - par Info Haute-Vienne

Après Astrid Manfredi (« La Petite barbare », 2016) et Elisa Shua-Dusapin (« Hiver à Sokcho », 2017), le Prix Régine-Deforges, institué dans le cadre du salon « Lire à Limoges », a été attribué en avril à Mahir Guven pour « Grand frère », un récit publié aux éditions Philippe-Rey. Les jurés de ce prix, dont les trois enfants de l'auteure de « La bicyclette bleue », ont eut du nez puisque, après avoir titillé le Médicis en novembre dernier, deux autres distinctions ont honoré ce saisissant «Grand frère » : le prix Première délivré par la Radio-Télévision belge francophone, et, le 4 mai, le prix Goncourt du premier roman. Roman psychologique, « Grand frère » développe l'histoire de deux frangins d'une trentaine d'années issus de la banlieue parisienne. Le premier, Grand frère, a troqué ses trafics antérieurs pour le job cravaté de chauffeur de VTC ; le second, Petit frère, infirmier, s'est volatilisé et tout porte à croire qu'il a filé en Syrie, « sur la terre des cinglés ». Mais, pourquoi ?... Un soir, trois ans après sa disparition... Avec un authentique talent de portraitiste, Mahir Guven, 31 ans, peint une partie de la société française dans une langue incisive qui bouscule et tranche avec une littérature ronronnante et policée, alternant un humour imagé et la gravité qu’impose la question du terrorisme. Il explore un monde de travailleurs uberisés, de chauffeurs écrasés de solitude, tout en décrivant l’univers de ceux qui sont partis faire le djihad : l’embrigadement, les combats, le retour quasi impossible en France… Émerge ainsi l’histoire poignante d’une famille franco-syrienne, dont le père (« le daron ») et ses deux fils tentent de s’insérer dans une société qui ne leur offre pas beaucoup de chances. Lui-même né d'une mère turque et d'un père kurde réfugiés en France, Mahir Guven a grandi apatride auprès de sa grand-mère à St-Sébastien-sur-Loire, près de Nantes. Après un bac économie et des études de gestion, droit et économie à l'université d'Angers, puis à l'université Panthéon Sorbonne et à Paris-Sud, de 2010 à 2014 il a travaillé comme auditeur et consultant dans le domaine financier. En 2013, pour la 100° édition du Tour de France cycliste, il a participé au « Tour de Fête » organisé par Eric Fottorino, et, à ce titre, il a parcouru à vélo les 3.400 km du tracé de la course, vingt-quatre heures avant les pros. En janvier 2014, il a rejoint Fottorino pour lancer le journal « 1 » dont il deviendra le directeur exécutif en septembre 2016, en charge du développement, de la diffusion et des finances. Quatre ans après son lancement, le journal, qu'il quittera en avril 2018, s'est installé dans le paysage médiatique avec plus de 20.000 abonnés et 35.000 acheteurs par semaine. En octobre 2017, paraît « Grand frère », salué par la critique pour la thématique, le rythme du récit, le style proche du langage parlé par la jeunesse des quartiers populaires. Une autre existence commence... Au micro de Chris Dussuchaud, et sous le regard attendri de sa mère qui venait de rallier spécialement Ankara à Limoges pour assister à la remise du 3° Prix Régine-Deforges dont venait d'hériter son fils, Mahir Guven raconte sa drôle de vie, une évocation ponctuée de quelques émouvants souvenirs maternels... « Vies d'Envies », de Chris Dussuchaud, sur RCF Limousin : jeudi 24 mai de 20 h à 22 h, rediffusion dimanche 27 de 16 h à 18 h (99.6 à Limoges, 100.2 à St-Yrieix, 107.4 à Bellac, 105.8 à St-Junien, 95.8 à Guéret, 89.4 à Aurillac, 91.4 à Brive, 106.9 à Tulle et Egletons, 102 à Ussel, 89.3 à Argentat).

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