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Nicole Lambert : « Rendre un hommage à mon mari »

01h25 - 28 mai 2018 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_231728" align="aligncenter" width="788"] « Témoins à charge », 344 pages – Aux Editions de Borée. Disponible en librairie.[/caption]

Alors que son mari s’est donné la mort l’an dernier, juste avant la sortie de son roman « Témoins à charge », Nicole Lambert, la femme du juge Lambert, a décidé de sortir de son silence afin de rétablir quelques vérités... Mise au point.

INFO – Vous avez décidé de parler, il y a quelques mois, pourquoi ? Nicole LAMBERT – Je suis sortie de mon silence parce que je veux rendre un hommage à mon mari. C’est devenu pour nous, la famille, une nécessité. Mon mari n’étant plus là pour se défendre, ma fille, moi-même et la famille sommes en première ligne. Nous continuons à subir les attaques, le matraquage médiatique, malheureusement sans respect pour la mémoire de notre cher disparu. Tout cela est indigne car nous n’arrivons pas à faire notre deuil et tout simplement à y rentrer. Nous ne pouvons pas prendre du recul car nous ne sommes pas apaisés. En prenant la parole, j’ai décidé de remettre la pendule à l’heure, de rétablir quelques vérités, surtout les plus bafouées et celles que l’inconscient collectif retient depuis plus de 30 ans. J’espère que ma démarche aura pour effet de mettre un terme à ce désolant matraquage. INFO – Pouvez-vous citer quelques exemples de vérités bafouées ? L. – Mon mari n’a jamais été dessaisi du dossier Grégory. Il l’a bouclé, et non pas bâclé. En 1995, il avait été aussi assigné en justice par les parents du petit garçon et lors du jugement rendu le 20 novembre 2002, ceux-ci ont été entièrement déboutés de leurs griefs. Je veux dire également que mon mari a toujours été bien noté et apprécié par ses pairs. Il n’a jamais eu dans sa carrière de blâme, n’a jamais été dessaisi d’aucun dossier, n’a jamais eu de sanctions administratives ni disciplinaires. Il n’a jamais été convoqué devant le conseil supérieur de la magistrature, n’a jamais fait l’objet d’une mise à pied ou d’une mise à la retraite d’office. Enfin, je rappelle que j’ai épousé un écrivain à qui j’ai apporté mon soutien inconditionnel. Aucun de ces polars ne comporte l’affaire du petit Grégory en filigrane, ni de près ni de loin. INFO - Comment se passent les rencontres avec les gens qui viennent vous écouter lors de vos conférences ou sur des salons du livre ? L. – Nous sommes allées avec ma fille l’an dernier sur un salon, près de Tours. Les gens sont passés nous voir avec beaucoup de bienveillance. Ils ont dit qu’ils aimaient beaucoup mon mari, son écriture, sa façon dont il construisait ses polars. Il avait un style particulier, fait d’humour british, pince sans rire. Tous ses livres se déroulent dans le milieu judico-policier. A ma connaissance, c’est le seul magistrat qui écrivait des polars. INFO – BFM a publié le 11 juillet dernier, jour de la mort de votre mari, une partie des carnets intimes du juge Simon, qui avait hérité du dossier de l’affaire Grégory. En voulez-vous à certains journalistes ? L. – (Un silence…) Oui, beaucoup. Je leur en veux parce que sans leur intervention le 11 juillet, mon mari serait encore là. Plus le temps passe, plus j’en suis convaincu. A travers ces carnets, les attaques ont été d’une violence inouïe, surtout venant d’un collègue qui était estimé par la hiérarchie. Ces informations diffusées en plus sur une chaine d’info en boucle, ça a été la goutte de trop. Nous sommes blessés. Je ne peux pas pardonner ce genre de choses. Et puis quand on prend connaissance de ces carnets, la belle image du juge Simon vole en éclat. On se pose des questions car l’on découvre un homme complexe, mystique et complètement hanté par le dossier Grégory alors que mon mari ne l’était pas. INFO – Est-il vrai que vous continuez le travail d’archivage des dossiers de l’affaire Grégory conservés par votre époux ? L. – Oui, c’est exact. Je n’ai pas fini. Il s’agit d’un travail colossal. Notre intention est de remettre ça un jour aux archives.

Propos recueillis par Jean-Paul BOITHIAS

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