Les Petits Ventres à la diète ?
00h00 - 04 juin 2018 - par Info Haute-Vienne
[caption id="attachment_223031" align="aligncenter" width="800"] La Frairie des Petits Ventres fait partie du patrimoine culturel, festif et gourmand de Limoges (© Thierry Laporte/Ville de Limoges)[/caption]
Après l’incendie du 17 février dernier rue de la Boucherie à Limoges, l’organisation de la Frairie des Petits Ventres, qui a traditionnellement lieu le troisième vendredi d’octobre, demeure incertaine…
Limoges, sa gare des Bénédictins, sa porcelaine et… sa Frairie des Petits Ventres. Une fierté à la fois historique, culturelle et gourmande, que toute une région, que dis-je tout un pays nous envie, les chaînes nationales de télévision ayant même réalisé des reportages pour leurs journaux sur cette manifestation hors du commun.
Un brin d’histoire
La Frairie des Petits Ventres a été créée en 1973, par l'association Renaissance du Vieux Limoges, fondée la même année. Elle avait pour but d'empêcher un projet de destruction suivie de reconstruction moderne du quartier de la Boucherie. La foule rassemblée lors de cette première édition a dépassé les espérances des organisateurs et a suscité l'abandon du projet.
Lors de l'inauguration officielle de la Frairie (à 19h, alors que le marché est ouvert avant midi), la statue de Notre-Dame-de-Pitié dite aussi Notre-Dame-des-Petits-Ventres, est portée en procession. Il s’agit d’un rappel de la tradition des dames bouchères de la rue de la Boucherie, qui, au XIXe siècle, fêtaient la Vierge sous ce nom, le 15 septembre. A cette date, la fabrication des produits de triperie recommençait, après une interruption durant les chaleurs de l’été. Parmi ces produits figuraient les « petits ventres », estomacs d'agneaux farcis avec des pieds d’agneaux.
Aujourd’hui, les commerçants de la pittoresque rue de la Boucherie et les propriétaires peuvent donc déballer devant chez eux, soit une quarantaine d’étals l’année dernière. Côté papilles, y sont présentés les produits typiquement limougeauds, essentiellement fabriqués à base de tripes comme le girot, les amourettes (testicules de mouton), le boudin aux châtaignes ou encore la tête et fraise de veau entre autres, le pâté de pommes de terre et bien sûr la fameuse spécialité éponyme de la manifestation.
Des pâtissiers et boulangers vendent des préparations salées telles que les galetous (galettes au blé noir) mais également sucrées, comme des beignets, du burgou (gâteau à la châtaigne), le treipaïs, le clafoutis, la flognarde et autres mets limousins à faire saliver.
[caption id="attachment_223032" align="aligncenter" width="800"] La manifestation rassemble plus de 30.000 personnes (© Julien Dodinet/Ville de Limoges)[/caption]
Après l’incendie
Six arrêtés municipaux ont été pris en février et mars pour évacuer et sécuriser les lieux, contraindre les propriétaires et leurs assurances à agir rapidement, organiser l’accès aux lieux des experts. Plusieurs réunions de travail, tant avec ces derniers et les assureurs, se sont déroulées depuis. La Ville a maintenu la pression de façon à éviter l’enlisement du dossier et accélérer le déblaiement des gravats en vue de la consolidation des façades puis de la reconstruction des immeubles...
Dans les jours qui ont suivi le sinistre, la municipalité a mis en place une tour d’étaiement. de façon à rouvrir rapidement la rue de la Boucherie à la circulation piétonne et conserver les façades historiques. Depuis lors, pas moins de trois expertises ont été réalisées en mars pour valider les mesures conservatoires.
[caption id="attachment_223033" align="aligncenter" width="800"] La rue de la Boucherie avant l’incendie… (© Laurent Lagarde/Ville de Limoges)[/caption]
Et maintenant ?
« J’attends des réponses positives par rapport à une assurance, car je ne veux prendre aucun risque par rapport à l’échafaudage. Sera-t-il toujours dans la rue en septembre ?, s’interroge Bernadette Cibot-Mausset, la présidente de la confrérie Notre Dame-de Pitié. Ça m’agace car j’ai l’impression que les choses ne vont pas assez vite au niveau des architectes, des experts ».
« Pour l’instant, c’est le statu quo. Nous attendons et il n’y a rien de neuf. Je suis un peu déçue. Nous sommes toujours dans l’incertitude mais nous voulons essayer de trouver une solution », explique-t-elle à la suite d’une réunion qui s’est tenue lundi dernier, le 28 mai, en mairie de Limoges, rassemblant la Préfecture de la Haute-Vienne, le SDIS, les services techniques de la Ville, et Sarah Gentil.
[caption id="attachment_223034" align="aligncenter" width="800"] Les enquêteurs ont fait appel au drone des PUI pour survoler les lieux du sinistre[/caption]
Quid de la mairie ?
Pour l’adjointe au maire en charge de l’événementiel, le son de cloche est tout autre : « Nous nous sommes rencontrés pour convenir d’un périmètre et faire le point sur l’échafaudage. Nous avons mandaté le cabinet Defretin dont le rapport stipule que pour l’enlever, il faut renforcer les murs sur les côtés. Aussi, se posent deux scénarios : soit la Frairie est organisée avec l’échafaudage et les participants seront déviés, la rue étant bloquée en amont suivant les préconisations de la Préfecture et du SDIS ; soit elle a lieu sans, car les travaux pouvant débuter le 3 juin pour une durée de trois mois, ils seraient alors terminés en octobre. Mais ça, c’est sur le papier ! ».
Actuellement, alors que l’enquête se poursuit, la Ville est en cours de réalisation de devis, car un arrêté de mise en péril a été publié pour mettre en demeure les propriétaires des bâtiments concernés de faire cesser le péril grave en procédant au déblaiement des ouvrages détériorés par l’incendie et à la mise en sécurité par l’intérieur de l’ilôt par des dispositifs d’étaiement des façades (sur les rues de la Boucherie et Charreyron) et des parois séparatives des immeubles mitoyens.
Même si la municipalité souhaite vivement que cet événement ait lieu, promouvant cette manifestation festive (plus de 30.000 personnes, des Limougeauds mais également des touristes), aux retombées économiques et de notoriété pour les commerçants, les démarches doivent répondre à des obligations légales. La mairie ne peut pas être organisatrice : cela l’obligerait à décider d’une mise en concurrence, toutes les structures pouvant alors candidater…
Anne-Marie Muia
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