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Christine Gavini-Chevet « L’Académie compte 110.000 élèves mais en perd 1.000 par an »

00h00 - 04 juin 2018 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_231784" align="aligncenter" width="800"] « Mon poste risque fort de disparaître, mais Limoges ne sera pas privée de centre de décision »[/caption]

Christine Gavini-Chevet, inspectrice générale de l'administration de l'Education nationale et de la recherche, a été nommée rectrice de l'académie de Limoges, le 28 mars dernier. Rencontre.

Info Magazine : Christine Gavini-Chevet, qui êtes-vous ?

Christine Gavini-Chevet : Je suis maman de deux enfants. J’ai des origines corses de par mes grands-parents, mais j’ai grandi en région parisienne. Normalienne, diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris, agrégée de sciences sociales, docteur en sociologie, j’ai été maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris en 1997, puis à l'université d'Orléans en 1998 et à Paris 1 en 2002. J’ai occupé diverses fonctions dans des cabinets ministériels avant d'être nommée directrice des relations européennes et internationales, et à la coopération, au ministère de l'Education nationale. Puis j’ai été nommée Inspectrice générale de l'administration de l'Education nationale et de la recherche en mars 2013.

Info : Pourquoi avoir accepté le poste de rectrice ?

C.G.-C. : C’est la première fois que j’occupe un poste territorial avec du « terrain ». Je suis très heureuse qu’on m’ait fait cette proposition, j’avais envie d’agir. J’ai accepté sans hésiter. S’il a fallu un peu de temps pour trouver un nouveau recteur pour l’Académie de Limoges, c’est que le ministère voulait une rectrice.

Info : Que pensez-vous de l’Académie de Limoges ?

C.G.-C. : L’Académie de Limoges compte 110.000 élèves, ce qui n’est pas tout à fait rien ! Mais je suis frappée par la démographie avec un millier d’élèves en moins par an. J’aimerais essayer de gérer cette chute afin qu’elle n’impacte pas les forces vives de la région. On ne peut pas éviter la fermeture de classes ou la suppression de postes mais on peut faire des « pôles éducatifs » avec suffisamment d’enfants dans des écoles rénovées, ayant tous les moyens numériques, bien desservies par les transports… offrant ainsi une image attrayante, et l’envie aux familles de s’installer. Le taux d’encadrement est de 18,5 en moyenne par classe dans le premier degré. Vu du ministère, nous sommes scandaleusement dotés ! Et je me bats pour que nous gardions ses moyens, mais c’est dérogatoire par rapport à ce qui se passe dans la majorité des académies.

Info : Vous avez trois grands projets. Quels sont-ils ?

C.G.-C. : Faire de l’Académie un terrain d’expérimentation notamment pour l’enseignement professionnel avec une mixité des parcours (mêlant voie scolaire, apprentissage, formation continue) dans le même lycée, en utilisant le CFA académique comme outil ; L’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap dans l’école ordinaire avec tous les accompagnements nécessaires, et avec des enseignants ayant bénéficié de formations. Nous avons réussi l’inclusion quantitative, je voudrais qu’on travaille sur le qualitatif avec « Qualinclus ». Par ce dispositif expérimental, nous allons lancer un auto-audit auprès d’établissements pilotes à la rentrée prochaine ; Enfin, le bilinguisme pour donner l’ambition aux élèves d’aller à l’étranger, de s’y installer pour mieux revenir. Pourquoi ne pas copier ce qui se fait avec les classes à horaires aménagés musicales ?

Info : L’Académie de Limoges va-t-elle réellement être supprimée ?

C.G.-C. : Nous savions qu’il y avait une perpective de fusion académique, calquée sur la fusion territoriale. La région académique étant connue pour être très grande, elle fera l’objet d’un traitement particulier. Le rectorat et la plupart de ses services vont rester à Limoges. La gouvernance va certainement changer. Pour l’heure, nous attendons pour la fin du mois de mai ou début du mois de juin, le rapport à la suite duquel le ministère donnera des orientations sur la réorganisation territoriale à tous les recteurs de la Nouvelle Aquitaine. Une feuille de route sera alors proposée à la fin de cette année, avec une évolution pour 2020-2021. Mon poste risque fort de disparaître, mais Limoges ne sera pas privée de centre de décision. Je comprends l’inquiétude des personnels, comme celle des élus et des acteurs économiques, face à la possible « perte » des cadres.

 Propos recueillis par Anne-Marie Muia

Photo © D.R.

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