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Au pays des mégalithes et légendes

21h31 - 17 juin 2018 - par Info Haute-Vienne

Si la Bretagne est le pays des mégalithes, la Haute-Vienne a conservé quelques dolmens et menhirs dans les Monts de Blond ainsi que des amas rocheux qui ont donné naissance à des légendes. Un circuit des mégalithes et des pierres est à décourvir dans les Monts de Blond, à pied et en voiture, au départ d'Oradour-sur-Glane en suivant la D9 en direction de Mortemart. Près de Javerdat le menhir du Pic, haut de 5,30 m se situe à 300 m après le carrefour de la route de Cieux. Un chemin carrossable de 250 m permet d'accéder au menhir qui a été relevé en 1985. A l'entrée d'Arnac, une pierre à cupules, en réalité un menhir de 3,20 m est recouverte d'une centaine de cupules et de signes gravés notamment des croix. Une légende locale lui confère le pouvoir de faire pleuvoir. Ses cavités conservaient l’eau toute l’année. Lorsque l'eau s'évaporait, une poudre miraculeuse apparaissait et soignait, dit-on, animaux et villageois. En cas de sécheresse, ces derniers retournaient la pierre pour qu'il pleuve encore.

Géant de Ceinturat

Un peu plus loin le dolmen de Rouffignac, restauré en 1985, se situe après le hameau des « Betoulles ». Sa table de 2,50 m sur 2,30 m a été endommagée par des carriers qui voulaient récupérer la pierre. Des fouilles ont permis de découvrir des outils en silex et des fragments de céramique. A 800 m avant Ceinturat se dresse le plus haut menhir du département qui culmine à 5,10 m et enfoncé de 2 m dans le sol. Classé Monument Historique, il est très fréquenté par les amoureux. Car si l'on veut se marier dans l'année, il faut lancer une pierre sur la corniche à mi hauteur et le voeu sera exaucé si elle y reste. Les amoureux doivent se plier à l'exercice seulement s'ils découvrent ce menhir pour la première fois. Deux cents mètres après le village, se dresse la pierre à sacrifices où, d'après la légende, des sacrifices auraient été pratiqués par des druides. Les empreintes des suppliciés seraient encore visibles. En réalité, l'érosion a donné la forme de ce bloc granitique. En ruisselant, l'eau a creusé des bassins mais la légende perdure. En poursuivant vers Cieux, on découvre la chapelle du Bois du Rat, l'une des rares églises granges préservées. Son appellation aurait un double sens. Le rat, animal porte malheur et ami du Diable, se cachait dans ce bois. On fréquentait cette chapelle pour conjurer les mauvais sorts qu'il jetait. La seconde explication est grammaticale. Le mot rat serait une déformation du mot « Oran », dérivé de « orare », en latin c'est celui qui prie et parle. Un moine ermite aurait trouvé refuge dans ce bois et cette chapelle aurait été bâtie pour honorer sa mémoire. Entre la chapelle et Fromental, une pierre en forme de cèpe attire l'attention dans une forêt où d'autres blocs présentent des formes surprenantes.

Fées et Mandragore

Après l'étang de Fromental, l'abri de la Roche aux Fées et du Pas de la Mule, se mérite après une ballade de trente minutes dans un bois. Des fouilles ont attesté que ce site avait été durablement occupé du Magdalénien jusqu'à l'âge de bronze avant de servir de nécropole. A proximité, le ruisseau de Brudoux serpente entre des éboulis granitiques spectaculaires et un rocher dont la forme évoque une tête de carpe. Plusieurs légendes sont attachées à ce lieu. Ce chaos de pierre aurait abrité  le Palais des Fées et en regardant de près, la célèbre Mandragore aurait laissé ses empreintes sur une grosse pierre. Cet animal légendaire au corps de serpent et tête humaine terrorisait les habitants des Monts de Blond. Vers l'an 800, le seigneur de Bussière-Boffy avait passé un pacte avec la bête. Chaque mois, il lui livrait une jeune fille vierge tirée au sort et elle   devait se tenir tranquille. Un jour, sa fille Alix fut désignée mais son promis refusa de la sacrifier. A dos de mule, il alla traquer la Mandragore. Blessée à mort près de son repaire de la lande de Frochet, elle se noya dans l'étang de l'Eau Péride à Cieux. On peut voir les traces de ce combat titanesque grâce à l'empreinte de son pas laissée sur un rocher.

Boscartus et Puychaud

Près de Cieux, la roche branlante de Boscartus permet aux enfants de jouer aux supers héros en remuant un bloc de granit de 120 tonnes ! La roche est posée sur un bloc surélevé et tient par quelques points de contact. Un solide bâton glissé entre les deux blocs suffit à la faire bouger... Pas besoin de supers pouvoirs ! Entre Blond et Villerajouze, les Rochers de Puychaud marquent la frontière entre la langue d’oc parlée au nord et la langue d’oil au sud. Une plaque rend hommage au poète Frédéric Mistral. Ces quatre énormes blocs posés dans un sous-bois recèleraient un fabuleux trésor. Le premier dénommé le « berceau » est creusé au centre et on peut l'escalader pour admirer le point de vue. Le second pierre s'appelle « la tourte », le troisième la « niche » et le dernier la « pierre branlante » car autrefois, elle bougeait . Ce spectaculaire amas rocheux serait fréquenté par les sorcières qui viendraient y cueillir des herbes magiques. La veille de Noël une veuve, qui quémandait de la nourriture pour ces deux enfants, arrive un soir à Puychaud où un bruit étrange l'attire, le rocher s’ouvre alors libérant l'accès à une caverne remploie d'or et de diamants. Elle s'empare de quelques trésors mais le rocher se referme. Effrayée, elle lâche tout mais en oublie ses enfants. Elle part se confesser au curé qui lui conseille de revenir à Noël... Ce qu'elle fera un an après, sauvant ses enfants endormis sans même regarder le trésor. Au-dessus de ces rochers se trouve un dolmen exceptionnel, le seul à voir conservé la quasi totalité de son tumulus. Corinne Mérigaud Photos © Sabine Massé et Office du Tourisme du Pays haut-Limousin

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