Un CDI pour sécuriser l'intérim
Depuis la création du dispositif en 2013, près de 27 000 contrats à durée indéterminée intérimaire, ou CDI-I, ont été signés.
Si certains travailleurs choisissent volontairement l'option intérim, la plupart optent pour cette situation précaire à défaut de mieux. Dans le cadre des accords de 2013 sur la sécurisation des parcours professionnels, les partenaires sociaux et l'État ont alors créé un contrat à durée indéterminée pour les intérimaires, dit CDI-I. Sophie Sanchez, directrice générale déléguée aux ressources humaines du groupe Synergie, fait le bilan de cette mesure près de quatre ans après sa mise en place.QUELLES DIFFERENCES ?
Les contrats d'un intérimaire classique sont conclus pour la durée déterminée de ses missions. Le reste du temps, il n'est pas attaché à l'entreprise de travail temporaire. À l'inverse, il est intégré dans nos effectifs permanents en tant que CDI-I, ce qui implique qu'on lui trouve d'autres missions lorsqu'il en a terminé une ou alors qu'on lui fasse suivre des formations. Entre deux postes, il bénéficie en outre d'une garantie de rémunération fixée au smic pour les ouvriers et à 1,25 fois ce montant pour les techniciens.Quelles autres spécificités ?
Les missions d'un CDI-I peuvent atteindre jusqu'à trente-six mois consécutifs depuis la réforme de 2015, contre seulement dix-huit mois en intérim classique. De même, le contrat de travail impose une mobilité géographique réduite à 50 km autour de son domicile et peut inclure jusqu'à trois métiers – définis avec lui en fonction de son parcours et de ses qualifications bien entendu – sur lesquels il pourra être détaché.Quels avantages ?
Ce dispositif apporte réellement une sécurité aux trois parties prenantes. Avec un CDI, l'intérimaire peut accéder à l'emprunt et au logement et il n'a pas la pression de devoir trouver une autre mission dès que la précédente s'est achevée. De même, sur trente-six mois, l'entreprise utilisatrice peut vraiment former l'employé, bénéficiant ainsi d'une plus-value sur ses compétences. On constate d'ailleurs que bon nombre de CDI-I sont ensuite débauchés par la société dans laquelle ils avaient été missionnés. Enfin, pour les entreprises de travail temporaire, ce contrat représente certes un risque, puisqu'il faut assumer les salariés en intermissions, mais leur permet en contrepartie de monter en gamme dans les services.Quel profil ?
On pensait au départ que les intérimaires qualifiés seraient les plus intéressés mais ce n'est pas le cas puisque le fait de perdre la prime de précarité et de devoir prendre leurs congés au lieu de se les faire payer engendre une diminution de salaire par rapport à leur traitement en intérim classique. Beaucoup refusent donc de passer en CDI-I. Ce sont donc surtout des ouvriers et employés qui sont passés sous ce statut. Côté métier, celui d'agent de fabrication polyvalent est en tête de liste, suivi de cariste, sans oublier les manutentionnaires et préparateurs de commandes. Environ 50 % des CDI-I ont été conclus dans l'industrie, 30 % dans le BTP et le reste dans le secteur tertiaire.Un dispositif à développer
En 2013, les acteurs du travail intérimaire s'étaient engagés à signer 20 000 CDI-I en trois ans. Il a toutefois fallu du temps pour que le dispositif monte en puissance, comme nous l'a expliqué Sophie Sanchez. « Encore aujourd'hui, nous faisons un travail de pédagogie pour présenter cette mesure qui n'est pas bien connue par toutes les entreprises ». Mais cela commence à porter ses fruits. Alors que seules 15 300 signatures avaient été enregistrées en février 2017, bien loin des objectifs fixés, le nombre de contrats à durée indéterminée pour intérimaires a été estimé à 26 938 à la fin de l'année, d'après le dernier baromètre de Prism'Emploi. Outre ses 30 000 intérimaires classiques détachés chaque jour, le groupe Synergie a d'ailleurs conclu 2 000 CDI-I et compte bien poursuivre sur cette lancée. Julie Polizzi / LSPPhoto © iStock / City Presse
0 commentaires