Pierre Rossollin « L’Ile aux enfants a traversé les générations »
[caption id="attachment_232065" align="aligncenter" width="800"] « Aujourd’hui, l’actualité est mal traitée avec une information orientée ».[/caption]
Réalisateur pour plusieurs émissions télé de 1975 à 2001, dont « L’Ile aux enfants », Pierre Rossollin est aujourd’hui un heureux retraité, qui vit proche de Bellac. Rencontre avec celui qui a bien connu… Casimir.
Info Magazine : Vous avez été le réalisateur de nombreuses émissions, dont certaines ont participé aux heures de gloire de la télé dans les années 70 et 80… Pierre Rossollin : Après avoir été premier assistant réalisateur au cinéma à partir de 1968, j’ai effectué l’essentiel de ma carrière à la télé pour les émissions de Maritie et Gilbert Carpentier, Guy Lux, Jacques Martin pour « L’Ecole des fans », Michel Drucker avec « Les Rendez-vous du Dimanche », des émissions de cinéma, des magazines d’actualité, de débat comme « Le Grand Echiquier » avec Jacques Chancel, un type fantastique, qui savait faire confiance. Sans oublier de très nombreux journaux pour Antenne 2 (aujourd’hui France 2), avec entre autres Yves Mourousi avec des « épiceries », qui dans le jargon signifie des spéciales… J’ai réalisé également des émissions pédagogiques pour les enfants telles que « Les aventures électriques de Zeltron ». J’ai participé au lancement du journal de RTL, qui a été racheté par M6. Les six chaînes confondues, j’ai comptabilisé plus de 4.000 heures d’antenne en direct. Info : Une question nous brûle les lèvres : Casimir était-il vraiment un « monstre gentil » ? P.R. : Oui, il était vraiment gentil, sympa mais… parfois un peu tendu. Nous travaillions par session de 20 minutes. Un jour, en plein tournage, je lance : « On la refait ». Il soulève son masque, sous lequel il faisait bien chaud, et dit : « Non, non, je n’en peux plus… ». C’était une très bonne équipe. Christophe Izard était un producteur génial, cool, qui ne mettait jamais la pression. Info : Comment expliquez-vous le succès de « L’Ile aux enfants » ? P.R. : La recette était saine avec une réalité qui procurait néanmoins du rêve. Les comédiens étaient des amours… « L’Ile aux enfants » a su traverser les générations : elle plaisait aux enfants, aux parents et c’est toujours le cas. D’ailleurs, nombreux sont ceux, jeunes et moins jeunes, qui peuvent encore chanter le générique. Info : 2001 marque votre retraite à la télé tout en continuant diverses activités… P.R. : Tout à fait. Je suis alors parti au Portugal pour travailler dans la publicité. J’ai également fait quelques directs en tant que réalisateur, mais je « pédalais » car je parlais très mal portugais ! Par la suite, j’ai animé une formation pour les cinéastes en Chine, en accord avec le Conservatoire libre du cinéma français. J’y ai rencontré des personnes extraordinaires. Info : Quel est votre plus beau et votre pire souvenir en tant que réalisateur télé ? P.R. : Mon plus beau souvenir date de septembre 1988, avec la réalisation pendant quinze jours de direct, de la montée des alpinistes du Sagarmatha. C’était une expérience hors du commun, qui serait impossible aujourd’hui au vu des moyens déployés, avec un couloir TDF de 300km. Nous sommes restés presque trois mois à Namché Bazar, au pied de l’Everest. C’était une vraie prouesse ! A contrario, je me souviens d’un journal de 23h avec le journaliste Philippe Lefait en 1993 ou 1994, durant lequel les soucis techniques se sont enchaînés. Nous avons dû lancer cinq fois le même magnéto ! Info : Comment avez-vous connu le Limousin et plus particulièrement la Haute-Vienne ? P.R. : En 1995, je suis venu, pour la première fois, en Limousin en moto. J’en avais marre de la vie parisienne, des ronds de jambe. Je cherchais un endroit calme où personne ne viendrait m’embêter. En 1996, j’ai découvert ce moulin qui longe le Vincou. J’ai été charmé voire fasciné par ce lieu au bout du monde. Je me suis lancé dans la restauration de ce bâtiment à l’abandon. Mais quelle aventure ! D’autant qu’il y a eu une période durant laquelle je travaillais encore. Actuellement, je propose des chambres d’hôtes. Info : Quel regard portez-vous sur la télé de 2018 ? P.R. : Quand je regarde la télé, je trouve que l’actualité est mal traitée avec une information orientée, avec des journalistes et des équipes qui ont le petit doigt sur la couture du pantalon par rapport aux « pouvoirs ». Je pense que je ne serais plus capable de travailler dans ces conditions. Propos recueillis par Anne-Marie Muia Photo © D.R.
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