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Matérialiser sa créativité

14h06 - 16 juillet 2018 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_232133" align="aligncenter" width="800"] Nathalie Boissier sort une pièce de l’imprimante 3D[/caption]

Apparus il y a une quinzaine d’années, les imprimantes 3D, d’abord réservées aux industriels ou aux spécialistes, entrent de plus en plus dans les foyers. A Limoges, les chercheurs du CTTC ont même décliné cette impression 3D à la céramique.

Qui n’a pas pesté devant la petite pièce en plastique qui casse soudainement, rendant inutilisables les objets du quotidien ?

Jusqu’à présent, il n’y avait pas d’autre solution que de recoller l’élément cassé, qui ne retrouvait cependant pas sa solidité d’origine. Désormais, il est possible de recréer cette pièce pour redonner vie à l’objet. Longtemps réservées aux spécialistes ou industriels, les imprimantes 3D envahissent de plus en plus les rayons informatiques. Mais, même si elles se sont démocratisées, leur prix reste cependant élevé, surtout pour une utilisation occasionnelle. A Limoges, une boutique s’est spécialisée dans ces imprimantes. Installée rue Haute-Vienne, Matrix-3d-concept imprime les fichiers de ses clients ou se charge de scanner ou modéliser l’objet. « Nous choisissons ensemble le type de matériaux, en fonction de la taille de la pièce et du rendu final », explique Nathalie Boissier, directrice générale, qui n’hésite pas à laisser tomber au sol une pièce tout juste sortie de l’imprimante pour démontrer sa solidité. Les objets imprimés sont très variés, cela va de la figurine à la pièce de remplacement. La boutique dispose également d’un scanner corporel, permettant de réaliser des figurines en couleur très réalistes.

[caption id="attachment_232134" align="aligncenter" width="800"] EasyCeram forme à l’utilisation des logiciels 3D[/caption]

Apprendre à concevoir

« C’est un cadeau original très prisé pour les anniversaires ou les mariages », ajoute-t-elle. Le coût de la pièce imprimée varie en fonction de sa grandeur et de sa complexité, puisque les diverses travaux sont facturées au temps. Il peut alors être plus rentable d’investir dans une imprimante. Il faut compter 300 € pour une entrée de gamme, tarif auquel il faudra ajouter le prix des bobines de fil plastique. « Nos clients restent majoritairement des professionnels », constate Martial Marie, le directeur technique, très fier de présenter la Lim’Easy 3D, une imprimante conçue et fabriquée à Bessines-sur-Gartempe.

Il existe une autre solution pour accéder à ces imprimantes, les fablab, sortes de clubs mettant à disposition du matériel, mais aussi des compétences pour bien l’utiliser. « Dans certains cas, il n’est pas forcément judicieux de scanner la pièce à reproduire pour générer un fichier à imprimer », prévient Simon Gal, animateur d’un des trois fablab de Limoges. En effet, en fonction de la complexité de l’objet, il est souvent préférable de le redessiner, afin de prendre en considération les contraintes techniques de l’impression 3D. « Mon rôle consiste à guider les adhérents vers la meilleure solution, d’autant qu’une formation à l’utilisation du matériel est prévue dans le prix de la cotisation », explique-t-il. Le fablab accompagne donc ses adhérents dans la conception assistée par ordinateur.

[caption id="attachment_232135" align="aligncenter" width="800"] Simon Gal présente les diverses pièces réalisées dans le fablab[/caption]

Modéliser des projets

Designer de formation, Simon Gal apporte des conseils techniques et esthétiques pour que la pièce soit imprimée dans les meilleures conditions. Pour sa 2e année d’existence, le fablab du Centre de Transfert de Technologies Céramiques (CTTC), a réalisé beaucoup plus de prestations visant à reproduire des pièces, mais la plupart de sa trentaine d’adhérents souhaite aller plus loin et se forme volontiers aux logiciels de création 3D en open source afin d’être autonome. « Ce sont, pour la plupart, des étudiants désireux de modéliser un projet, des particuliers contraints de réaliser des capots ou des boites spécifiques pour accueillir leurs réalisations. Certains viennent aussi ici pour donner forme à leurs créations artistiques », constate Simon Gal.

L’imprimante 3D fonctionnant par dépôt successif de matière liquéfiée, un peu comme un pistolet à colle, on peut quasiment reproduire n’importe quel objet, mais plus il est volumineux et complexe, plus le temps d’impression augmente. « Cela peut aller de 30 minutes à 20 heures, tout dépend du niveau de résolution souhaité. A titre d’exemple, il faut compter entre 3 et 4 heures pour imprimer une tasse », précise-t-il.

[caption id="attachment_232136" align="aligncenter" width="800"] Le CTTC a conçu la seule imprimante céramique 3D de France[/caption]

Imprimer directement en céramique

Certains étudiants utilisent l’imprimante 3D plastique pour réaliser des moules pour leurs futures pièces en céramique. Les responsables du CTTC ont donc eu l’idée de proposer une imprimante 3D capable de réaliser des maquettes directement en céramique, qu’il suffit ensuite de cuire pour les solidifier. Pour mener à bien ce projet unique en France, les chercheurs du CTTC ont mis au point un « extrudeur » capable de déposer une pâte ne contenant plus de bulles d’air. « Il n’existe que 3 ou 4 machines de ce type dans le monde, nous avons cependant été amenés à concevoir notre propre buse, afin de gérer des pâtes offrant une résistance mécanique beaucoup plus importante », précise Simon Gal. Quelques adhérents, à l’image de Laura, étudiante aux Beaux-Arts de Bordeaux, ont déjà utilisé cette imprimante. « Le fablab m’a permis de résoudre les problèmes sur la façon de travailler au mieux la matière, apportant toujours une réponse à mes questions techniques. Je suis totalement satisfaite du résultat », témoigne-t-elle.

Une version industrielle, capable de produire des pièces en série, est actuellement à l’étude avec l’entreprise Cerinov, qui apporte notamment toute la partie robotique de l’imprimante. Le fablab, quant à lui, envisage de lancer un atelier de fabrication d’une imprimante 3D.

[caption id="attachment_232137" align="aligncenter" width="800"] Les maquettes sont prêtes à cuire[/caption]

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