Thomas Roux « J’aimerais faire changer le regard sur la maladie mentale »
[caption id="attachment_232297" align="aligncenter" width="770"] «Esquirol est au coeur des missions essentielles du service public de la santé mentale »[/caption] Depuis le 19 février, Thomas Roux a pris la suite d’Antoine Pacheco. Rencontre avec le directeur du centre hospitalier Esquirol de Limoges. Info Magazine : Quel est votre parcours professionnel ? Thomas Roux : Après avoir suivi une formation à l’Ecole des hautes études de santé publique à Rennes en 2004, j’ai été directeur d’hôpital pendant quinze ans. Mon premier poste était à Montreuil en Seine-Saint-Denis, puis au CHU de Nantes. En novembre 2013, j’ai occupé mon premier poste de chefferie d’établissement au centre hospitalier de Vendôme-Montoire en Loir-et-Cher, qui dispose d’un petit pôle de psychiatrie. C’était passionnant. Et le 19 février, je suis arrivé à Esquirol. Info : Connaissiez-vous Limoges ? Pourquoi avoir candidaté pour Esquirol ? T.R. : Mon épouse a été collaboratrice dans une banque dont le siège social est à Limoges. Elle m’en avait dit du bien. Je souhaitais travailler au sein d’un établissement de santé mentale. Esquirol bénéficie d’une très bonne notoriété, grâce entre autres au travail réalisé par mon prédécesseur, Antoine Pacheco. C’est une belle opportunité et une évolution dans ma carrière. Depuis sept mois, je me sens bien ici. Il règne à Esquirol une très bonne ambiance et j’ai été extrêmement bien accueilli par toutes les équipes. La richesse d’un établissement, c’est son personnel. Esquirol est au coeur des missions essentielles du service public de la santé mentale. Info : Quelles sont les spécificités de la santé mentale ? T.R. : Au-delà du traitement des pathologies mentales, la prise en charge se doit d’être pluridisciplinaire : médicale, sociale, sanitaire… et Esquirol n’est qu’un tout petit maillon. L’un des gros problèmes est la rupture de parcours. Aujourd’hui, l’objectif est d’avoir une continuité, de construire des ponts avec toutes les autres structures et une myriade de partenaires. Nous donnons du soin, mais pas seulement, car nous sommes un établissement de santé. Donc, nous participons à des actions de prévention, de sensibilisation, de promotion. Nous maillons le territoire en apportant une réponse tout au long de la vie. La psychiatrie, c’est « aller vers… ». Info : Comment éviter ces ruptures ? T.R. : 80 % des 18.000 patients psy sont suivis en ambulatoire dans des centres de proximité en santé mentale (consultations, hôpital de jour). Il est primordial de les maintenir au plus près de leur logement et dans un environnement le plus normal possible, qui traduit une forme de réhabilitation, de dignité. Le maintien dans l’emploi est donc vital. Info : Bien souvent, la maladie mentale fait peur… T.R. : Notre travail est de lutter contre la stigmatisation. Le rejet peut avoir des conséquences sociales avec la perte de l’emploi puis du logement et c’est le début de la spirale négative. Nous possédons divers dispositifs de lutte contre les stéréotypes, dont un axé sur le dépistage précoce des troubles psychiques. Info : Quelles actions sont menées par Esquirol ? T.R. : Outre une permanence ouverte tous les jours, le pôle des usagers, qui réunit des malades, des familles, des proches, des aidants… propose des actions de sensibilisation, des formations, les randos-psy… Il existe deux conseils locaux de santé mentale à Limoges et Saint-Yrieix, avec pour objectif de cibler les besoins et de former le personnel municipal, la police… ainsi qu’une commission pour les cas complexes, pris en charge par des équipes mobiles (personnes âgées, précaires…). Des actions spécifiques sont menées auprès des plus jeunes avec des conventions signées avec les crèches et les écoles de Limoges. Esquirol possède une vocation régionale ex-Limousin en matière de néonatalogie, pédopsychiatrie, addictologie et pour les blessés de l’encéphale. Info : Lutter contre les discriminations semble vous tenir à coeur ? T.R. : Je n’ai pas d’histoire personnelle avec la psychiatrie. J’aimerais faire changer le regard des gens sur la maladie mentale et qu’on dévalorise moins sa prise en charge.
Propos recueillis par Anne-Marie Muia Photo : D.R.
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