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vendredi 05 juillet

Cimetière : Aller Louyat

00h00 - 29 octobre 2018 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_233019" align="aligncenter" width="800"] Carré militaire des soldats français (© Julien Dodinet/Ville de Limoges)[/caption]

Le cimetière de Louyat est un véritable berceau de l'histoire limougeaude. Visite guidée à quelques jours de la Toussaint.

Il y a de ces lieux chargés d'ondes qui vous font ressentir des sentiments inexplicables. Le cimetière de Louyat fait partie de ceux-là. Il suffit de traverser la grande allée centrale entourée de sapins, et de profiter de la vue plongeante sur les quelque quarante mille sépultures pour se rendre compte de l'immensité de ce temple funéraire. Les drapeaux français, flottant au vent, surplombent les carrés militaires où sont enterrés ceux qui se sont battus pour la liberté de la France, comme un parent au-dessus du lit de son petit qui veille sur son sommeil. Les centaines de monuments aux styles divers (gothique, baroque, égyptien), maisons de repos pour ceux qui y résident, permettent de se rendre compte de l'étendue des techniques architecturales de l'époque ; les fleurs et plaques de porcelaine poussent ici et là, ces dernières faisant notamment la singularité du lieu. Le poids de l'histoire s'y fait sentir, mais l'ultime volonté des résidents de continuer à faire bonne figure et de ne ressembler à aucun autre, même après leur départ, aussi.

Célébrités

Le cimetière de Louyat n'a rien à envier aux défilés du 14 juillet. Celui-ci accueille côte à côte soldats français des deux grandes guerres, généraux d'un autre temps, quelques stèles de soldats allemands, mais également des grands noms de la Résistance tels que Georges Dumas ou encore Armand Dutreix. Cette nécropole n'a pas non plus à rougir du festival de Cannes ou autres manifestations regroupant des artistes de tous horizons : Mario David, acteur à la filmographie impressionnante qui a notamment joué avec Louis de Funès ; François Reichenbach, réalisateur primé d'un Oscar, qui s'est attelé à tirer le portrait des plus grands (Johnny Halliday, Pelé...) ou encore Jean-Joseph Sanfourche, peintre et sculpteur bien connu dans la région. [caption id="attachment_233020" align="aligncenter" width="800"] Plaque de porcelaine qui orne une tombe du cimetière de Louyat (© Ville de Limoges)[/caption]

Hommes politiques

Il y a bien suffisamment d'hommes politiques pour reconstituer un véritable conseil municipal avec d'anciens maires comme Léon Betoulle, Louis Adrien Dubouché ou encore Emile Labussière. La sobriété de leurs sépultures est frappante, comme si elles cherchaient à se faire oublier, retomber dans l'anonymat pour profiter d'un repos éternel bien mérité. En témoigne celle de Mario David, tombe parmi les tombes ou encore celle de Reichenbach, inhumé dans une toute petite partie de la section juive du cimetière. Seul Sanfourche se démarque par la statuette colorée qui trône au milieu de sa pierre tombale. Le sanctuaire qu'est Louyat peut aussi se vanter d'être le théâtre d'une scène du film « Ceux qui m'aiment prendront le train » de Patrice Chéreau, le titre étant inspiré de la phrase prononcée par François Reichenbach, au sujet de son futur enterrement à Limoges. [caption id="attachment_233021" align="aligncenter" width="800"] Tombe de Léon Betoulle, l’ancien maire de Limoges (© Ville de Limoges)[/caption]

Une histoire en porcelaine

Enfin, cet endroit sacré loge ceux qui ont fait la renommée de Limoges en contribuant à son développement économique au XIXe siècle, avec les familles Alluaud, Haviland, Bernardaud, Blancher, Bonnaud, Bourdery… Si on trouve des assiettes en porcelaine de Limoges à l'Elysée et sur toutes les tables un peu partout dans le monde, c'est grâce à ces précurseurs qui ont implanté les premières grandes industries porcelainières limougeaudes. Ils sont à l'origine de ce qui aujourd'hui fait la fierté de Limoges (avec la gare bien entendu). Sans eux, peut-être qu’elle serait une ville comme les autres, inconnue du grand public, raillée dans certains films…

Musée d'art à ciel ouvert

Sans eux, peut-être que le cimetière de Louyat serait également un endroit comme les autres, alors qu'il est un véritable musée d'art à ciel ouvert. En effet, il n'y a qu'à voir la multitude de plaques de porcelaine décorer les tombes des disparus pour se rendre compte qu’elles ont remplacé les traditionnels bouquets de fleurs, offrant une trace plus durable, comme pour prolonger le souvenir de l'être cher. Ces fameuses médailles vont de la plus classique à la plus originale. Parfois, un simple message est inscrit dessus pour dire au revoir à un mari et un bon collègue. D'autres fois, on retrouve le portrait de deux époux, jauni par le temps, écaillé par le gel. Enfin, des tablettes sont un peu plus atypiques, comme celle qui représente un ange, dernier guide et passeur vers l'au-delà, ou encore l'image de la grande faucheuse qui vient recouvrir de son linceul la tombe du défunt (NDLR : « Des Funérailles de porcelaine » de Jean-Marc Ferrer et Philippe Grandcoing). Cet art funéraire habille plus particulièrement les mausolées dans la partie plus ancienne du cimetière, la tradition se perdant un peu au fil du temps. [caption id="attachment_233022" align="aligncenter" width="800"] Tombe de Louis Adrien Dubouché, l'ancien maire de Limoges : Louis Adrien Dubouché (© Ville de Limoges)[/caption]

Une visite… différente

Toutes ces raisons font du cimetière de Louyat un espace atypique certes, mais qui mérite d'être vu et visité aussi bien par les amoureux de l'histoire locale, que par les passionnés de belles choses, ou encore par les flâneurs, les rêveurs, les « fortiches » de la balade qui veulent changer leurs habitudes du dimanche matin. Bien sûr, ce lieu totalement différent des autres appelle au plus grand respect et la plus grande solennité. Et pour ceux qui se posent encore la question : pourquoi Limoges ? « Eh bien, ceux qui m'aiment prendront le train, et puis voilà ».  

Ugo Chauviré

 

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