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Un hommage sans précédent

00h00 - 12 novembre 2018 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_233111" align="aligncenter" width="800"] Pendant les travaux… (© Julien Dodinet/Ville de Limoges)[/caption] A l’occasion du centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918, un nouveau mémorial  avec une stèle en granit noir, où figurent les noms de 3.009 soldats limougeauds victimes de la Première guerre mondiale, a été inauguré. C’est un hommage sans précédent. À l’occasion du centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918, la Ville de Limoges a sorti de l’oubli des archives 3.009 soldats limougeauds tués pendant le conflit et a gravé leurs noms sur le monument aux morts. « Ce projet représente une correction à un oubli injuste pour ces 3.009 soldats morts pour la France, pour la paix, pour défendre la République et ce que nous sommes aujourd’hui, explique Rémy Viroulaud, adjoint au maire de Limoges, en charge des anciens combattants. C’est un hommage aux soldats qui ne sont plus de ce monde mais également un respect pour les familles ».

N’oublier personne

En 1931, lorsque le monument commémoratif a été érigé, la municipalité n’a volontairement fait figurer aucun nom de soldats en signe de rejet de la guerre dans le contexte de la vague pacifiste qui a suivi l’événement. Une seule inscription a donc été apposée : « Aux enfants de Limoges morts pour la France et pour la paix du monde ». Presque cent ans plus tard, la volonté de la municipalité, exprimée Émile Roger Lombertie, maire de Limoges, vise enfin à restituer aux habitants un volet important de l’histoire de la ville : « L’idée est d’avoir un mémorial simple, symbolique où l’ensemble des morts limougeauds puisse être cité sans que nous n’en oubliions aucun ». [caption id="attachment_233112" align="aligncenter" width="800"] La mise en peinture des noms gravés (© Julien Dodinet/Ville de Limoges)[/caption]

Collecte des noms

Grâce aux travaux de recherche menés par les archives municipales, en collaboration avec le réseau Canopé de l’Académie de Limoges, les noms, prénoms, dates et lieux de naissance, lieux et circonstances du décès, le régiment ou encore le matricule de chaque soldat sont désormais connus. Après la création d’un mémorial virtuel sur le site internet de la Ville de Limoges en 2016, les travaux ont débuté le 18 juin dernier. Limoges est, avec Paris, l’une des seules villes en France à avoir entrepris la réalisation d’une stèle commémorative de grande ampleur et exhaustive concernant ses 3.009 soldats morts pour la France en 1914-1918, dans le cadre du centenaire national. « C’est une très grande fierté. Toutes les délibérations votées en conseil municipal l’ont été à l’unanimité des groupes politiques. C’est un investissement courageux, avec une enveloppe de 300.000€ HT, car nous subissons une forte contrainte budgétaire. Mais grâce à l’intervention du Préfet et donc de l’Etat, nous avons eu une exonération complète de TVA. De plus, nous avons reçu une subvention du ministère des Armées », détaille Rémy Viroulaud.

Origine

Le monument aux morts 1914-1918 est l’oeuvre du sculpteur André Augustin Sallé, né à Paris, détenteur du prix de Rome, en association avec l’architecte limougeaud Henri Vergnolles, mobilisé durant le conflit. Il se singularise par sa monumentalité. Initialement situé square Stalingrad dans un jardin public fermé par une grille, il a été déplacé vers 1960 lors la construction de l’Opéra actuel et du réaménagement du quartier. Il a alors été décidé de le transférer place Jourdan à l’emplacement qu’il occupe aujourd’hui. [caption id="attachment_233113" align="aligncenter" width="800"] Remy Viroulaud, adjoint en charge des anciens combattants, présente les bleuets en porcelaine, offerts par Bernardaud (© Yves Dussuchaud)[/caption]

Monument original conservé

L’ensemble monumental (6 m x 3 m) est conservé. Il est composé de différentes statuaires : un soldat gisant avec une femme se tenant à ses côtés, un dragon au pied de la statue ainsi que deux ouvriers de part et d’autre du monument symbolisant l’activité retrouvée après la guerre avec les industries de la chaussure et de la porcelaine, représentatives de Limoges à cette période. Les autres parties du monument représentent l’allégorie de la paix, de la liberté et de la fertilité avec la statue « antique » porteuse de récoltes, incarnant les valeurs de la République.

Stèle contemporaine

Cette nouvelle oeuvre, composée de cinquante mètres de granit noir du Zimbabwe, gravé de bleu (couleur des Poilus) permet de lire les 3.009 noms. Ce nouveau mémorial présente l’avantage de mettre en valeur le monument existant, précédemment engoncé entre deux cyprès surprotecteurs, et d’en changer la scénographie. Proche du sol, la stèle qui vient l’enserrer, a la forme d’un écritoire en plan incliné. Autres symboles de la Première guerre mondiale, deux bleuets en porcelaine confectionnés et offerts par la Maison Bernardaud, sont insérés dans la stèle au-dessus des dates de la Grande Guerre 1914 et 1918, de chaque côté de l’emmarchement central. Le bleuet est le symbole du Poilu, insigne créé durant la Grande Guerre dont la forme a évolué au cours du temps. Porté lors des cérémonies, il représente aujourd’hui la solidarité envers les anciens combattants.

Inauguration

« L’histoire de France, de ses pages glorieuses ou tragiques, fait partie de la culture de nos enfants, transmise par les parents, enseignée à l’école, d’où la présence de scolaires lors de l’inauguration et d’expositions leur étant dédiées » a conclu Rémy Viroulaud. Dimanche, outre le témoignage d’une famille et des chants d’époque, le nom de chaque soldat a été égrainé, la liste ayant fait l’objet d’un enregistrement qui a été diffusé en fonds sonore dès 7h30 sur la place Jourdan mais également au sein de l’exposition à l’Hôtel de Ville.

Anne-Marie Muia

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