« Faire progresser Amazon est un non-sens commercial »

[caption id="attachment_233632" align="aligncenter" width="800"] « Tout doit être mis en oeuvre pour attirer les clients dans nos boutiques… »[/caption]

Après les fêtes et avant le début des soldes, ce mercredi 9 janvier, rencontre avec Alain Dougnac, le président de « Limoges Commerces ».

Info Haute-Vienne : Quel est le bilan des fêtes de fin d’année ? Alain Dougnac : De nombreux événements ont ralenti et ont eu un impact sur les ventes, comme le mouvement des Gilets jaunes, qui a pu avoir des conséquences sur l’activité commerciale et a pu créer une ambiance morose… C’est difficile à savoir. Finalement, les consommateurs ont préféré concentrer leurs achats sur des jours précis, en semaine, en évitant les samedis. Mais force est de constater que la fin d’année a été difficile. 

Info : Quels secteurs ont été les plus touchés ? A.D. : Même si des pertes ont été enregistrées dans tous les secteurs, il me semble que le textile a souffert. Celui des métiers de bouche aurait été moins marqué, avec un « rattrapage » de dernière minute, les jours qui ont précédé Noël et la Saint-Sylvestre. Puis, les ouvertures dominicales ont permis également de récupérer des « ventes ». A ce titre d’ailleurs, nous avons obtenu la possibilité d’ouvrir tous les dimanches du mois de janvier. 

Info : Que pensez-vous de cette version du marché de Noël « éclaté » dans tout le centre-ville ? A.D. : C’est extraordinaire ! Cet « éclatement » a vraiment eu un effet positif et a été apprécié de tous. Commerçants, exposants, Limougeauds… ont découvert ou redécouvert leur ville ainsi que toutes les richesses de Limoges. Afin que l’intégralité du centre-ville soit à la fête, « Limoges Commerces » a financé la sonorisation de toutes les rues. 

Info : Qu’en est-il du manque de stationnement engendré par les aménagements des places ? A.D. : Le centre-ville et le stationnement, c’est un gros problème. C’est une épine dans le pied de tous les centres-villes. La mairie a bien essayé de favoriser les transports en commun et l’utilisation des parcs relais mais quand on a fait ses courses et qu’on est chargé, c’est peut-être compliqué de prendre le bus. 

Info : Ce mercredi commencent les soldes d’hiver. Pensez-vous que cette opération ait toujours les faveurs des consommateurs ? A.D. : Nous verrons bien ce que cela va donner, sachant que l’un des facteurs importants des soldes, c’est… la météo ! En effet, le temps, soleil, pluie, froid, conditionne tout… Mais pour nous, les soldes sont a priori une période positive. Ils durent jusqu’au 19 février. Une fédération parisienne de commerçants a émis le souhait de les voir débuter les premiers jours du mois de janvier. Or, je pense qu’il n’est pas possible d’enchaîner les soldes juste après le Jour de l’An. Ce serait contre-productif. 

Info : Pourtant, actuellement, fleurissent les ventes privées, qui sont comme des soldes débutés plus en amont ? A.D. : Les grandes enseignes soldent toute l’année par le truchement de plusieurs opérations : ventes privées, « spécial rabais »… Il est vrai que les soldes n’ont plus l’impact d’antan. Internet a engendré une concurrence déloyale mais que peut-on y faire ? On subit… D’où l’importance de réunir les commerçants en association pour lutter. D’ailleurs, a été lancée la fédération « Avenue des vitrines 87 » qui a pour vocation de fédérer les différentes associations de commerçants de Limoges afin d’avoir une dynamique commune, et même celles du département de la Haute-Vienne. Tout doit être mis en oeuvre pour attirer les clients dans nos boutiques plutôt que de les laisser commander sur internet. Faire progresser Amazon est un non-sens commercial. 

Info : Enfin, parce que c’est de saison, quels voeux émettez-vous pour cette année 2019 ? A.D. : Nous allons souhaiter que les commerçants fassent de bonnes affaires en réalisant des actions communes pour ramener des consommateurs en centre-ville, comme on a pu le voir lors de ces fêtes de fin d’année, avec des rues très très fréquentées… 

Propos recueillis par Anne-Marie Muia Photo : Yves Dussuchaud