Limoges ° C
mardi

Patrick Ducros : Au revoir et à très vite !

00h01 - 14 janvier 2019 - par Info Haute-Vienne
Patrick Ducros : Au revoir et à très vite !
- © PAGE 11 N°1665 Ducros Photo

Info Haute-Vienne : Pourquoi avez-vous ouvert « La Paillotte » ? Patrick Ducros : J’ai ouvert la Paillotte, le 15 décembre 1979. A l'époque, j'étais au chômage. Lors d’une soirée, on discutait entre amis et le bar se libérait. On a imaginé plein de projets mais on en est resté là. Le lendemain, mon ami Joël Faubert est passé chez moi, me disant qu'il ramenait les papiers et qu'on allait se lancer. C'était parti ! Info : Quelles sont les différentes étapes traversées en 40 ans ? P.D. : La première étape, c'est le restaurant. On a proposé ce service pendant 10 ans. Au départ, on faisait très peu de repas et puis, c'est très vite monté : on en servait 70 le midi et entre 10 et 40 le soir. Cela a duré jusqu’en 1984. Cette année-là, un mastodonte, la cafétéria Maxicoop, a ouvert, et on a perdu la moitié de notre clientèle. On a tout de même continué jusqu’en 1990 mais il a fallu rebondir. J'ai alors proposé les billards. L'aventure a duré 25 ans. J'ai eu d'excellents joueurs. On a organisé des finales de championnat de France. Puis, en 2011, je me suis tourné vers les soirées à thèmes, basées sur la chanson française. C'est un concept qui plaît. J'ai des programmations d'artistes jusqu’en 2020, voire une ouverture sur 2021. Info : Quels sont vos meilleurs souvenirs ? P.D. : J'en ai énormément mais l'un des plus beaux, c'est la rencontre annuelle de l'équipe féminine de handball de 1981. Depuis cette année, elles se retrouvent tous les 24 décembre pour fêter Noël. Et parmi les beaux souvenirs, je pense également à Amandine Buffet. C'est elle qui est à l'initiative des soirées musicales. Info : Et le pire ? P.D. : Sans conteste, l'incendie en 2008 lorsque la maison voisine a brûlé. Cela a détruit le bar et il a fallu tout retaper. J'ai dû arrêter de travailler pendant 9 mois. Info : Vous êtes poète. En quelle année avez-vous écrit votre premier poème? P.D. : J’étais sur les bancs du lycée. C'était en 1971. J'avais l'avantage de pouvoir beaucoup lire et de côtoyer des chanteurs à textes. J'ai publié pour la première fois en 1979. J'ai publié 27 recueils. Le 28e sortira au début du mois de février et s'intitulera « Carnet de voyages ». Il aborde des anecdotes que j’ai vécues autour de mes voyages dans le monde, que ce soit au Sri Lanka, en Turquie, en Israël, en Belgique, au Luxembourg... Info : Pouvez-vous en dévoiler une ? P.D. : En 1981, un dimanche après-midi, au Sénégal, on était allé voir un match de football. Toute la population locale était présente. Il y avait alors peut-être 600 ou 700 personnes. Nous étions deux blancs au milieu de la foule et l'une des équipes a perdu 7 à 2. Les joueurs de l'équipe perdante se sont approchés de moi et se sont positionnés comme pour faire une photo : 6 debout, 5 accroupis. Le capitaine s'est avancé vers moi et m’a parlé dans son dialecte. Je ne comprenais pas un mot mais un ami m'a traduit. Il m'a expliqué que ces joueurs me voyaient comme un sorcier. Ils disaient que je leur avais porté malheur et qu'ils avaient perdu le match à cause de moi. Ils ont déversé leur colère sur moi, puis ils sont partis. Info : Vous avez pris votre retraite le 31 décembre. Quels sont vos projets ? P.D. : Je vais continuer à m'occuper des soirées musicales de La Paillotte. Je vais davantage profiter de mes enfants maintenant que je vais avoir du temps car j'ai passé des années sans trop être à côté d’eux. La retraite me permettra de les voir bien plus que d’ordinaire. Info : N’avez-vous pas peur du devenir de La Paillotte, qu'elle perde un peu son âme, votre âme ? P.D. : Elle est gérée par une autre personne, avec une autre âme. La mienne, bien sûr, va partir. Ce sera sûrement différent mais je ne me pose pas de questions. Et je souhaite le plus grand succès possible à mon repreneur. Propos recueillis par Alex Collange Photo : D.R.

0 commentaires
Envoyer un commentaire