Jeudi 14 février, c’est donc la Saint-Valentin, la fête des amoureux. Info Haute-Vienne a ouvert ses colonnes à cinq artistes qui nous ont livré leur plus belle déclaration d’amour.
[caption id="attachment_956" align="aligncenter" width="640"] Pierre-Jean Baranger, écrivain[/caption]
Pierre-Jean Baranger
« Aimer ! Mais quel grand mot, tout aussi indéfinissable que précis ! L’anagramme de « marié », c’est étonnant, n’en déplaise à Brassens… Aimer, ce n’est pas une envie, mais un besoin impérieux qui vous frappe, tel un cœur répondant au vôtre. Aimer, c’est le pic d’une haute montagne d’où nous pouvons contempler le monde entier. C’est un acte multi-saveurs, entre acidité et douceur, saupoudré parfois d’une amertume, légère ou profonde. Aimer, le résultat d’une chimie organique ? Moi je m’abrite derrière le parapluie des amants de Peynet, pour rêver cet amour vers lequel on tend parfois avec pugnacité ou désespoir. Je rêve d’un amour qui vous donne l’envie de vivre et de mourir, de poser vos semelles sur ces chemins offerts. Surtout, je veux garder l’idée d’un amour comme un don, une main offerte, un regard tendre, un manque lorsque survient l’absence.
Aimer, c’est le dialogue de cœurs épris, un frisson intérieur, une modification des perceptions. L’amour est à fuir ou à rechercher, nous laisse pantelants et désarmés, forts et grandis. Car s’il est un élément qui échappe à notre contrôle, notre compréhension, à nos réalités, à nos normes et à nos quantifications, c’est bien l’Amour ».
[caption id="attachment_957" align="aligncenter" width="640"] Claude Brumachon, chorégraphe[/caption]
« Ma tendre, ma douce, nous n’avons jamais fêté la Saint-Valentin et nous ne la fêterons jamais ! Il n’y a aucune raison pour cela, car nous nous aimons à la Saint-Basile, à la Saint-Grégoire, à la Sainte-Geneviève, à la Saint-Edouard, à la Saint-Balthazar, à la Saint-Epiphane, à la Sainte-Fanny, à la Saint-Expédit qui monte la garde de notre maison, à la Saint-Gaspard, à la Sainte-Théophanie, à la Sainte-Angèle, à la Sainte-Dévote, à la Saint-Ephrem, à la Sainte-Martine, et sans pause à la Sainte-Félicité, à la Sainte-Perpétue, à la Sainte-Bérénice, à la Sainte-Aimée nous redoublons d’amour, à la Saint-Modeste, à la Saint-Nestor, à la Sainte-Honorine, à la Saint-Albin, à la Sainte-Gwenolé, à la Sainte-Colette, à la Sainte-Félicité, à la Saint-Vivien, à la Sainte-Rosine, à la Saint-Joseph, à la Sainte-Clémence, et toujours plus à la Sainte-Catherine, à la Saint-Parfait, à la Sainte-Odette, à la Saint-Anselme, à la Saint-Epipode, à la Saint-Fidèle, à la Saint-Marc, à la Sainte-Amédée, et sans faiblir à la Saint-Camille, et lorsque nous sommes arrivés au bout de ce calendrier, nous en inventons d’autres, car un jour, un mois, une année ne suffisent pas à célébrer l’éternité de notre union ».
[caption id="attachment_960" align="aligncenter" width="640"] Marc Petit, sculpteur[/caption]
Marc Petit
« Tout naît à mon avis à l'origine d’une attirance physique, mais je crois que l’on peut, peut-être, parler d’amour quand elle dure, quand ‘l’étrange’ perçu chez l’autre ne s’épuise pas et que la curiosité à son égard est sans cesse renouvelée.
En amour, comme pour le voyage, il y a certes la possibilité de changer de paysage, mais aussi celle d’apporter un regard neuf, tous les matins, sur celui que l’on croyait connaître sans jamais en être blasé. Je ne crois donc pas qu’il y ait lieu pour voir durer cet échange - comme pour un sculpteur avec la sculpture - de parler de fidélité qui serait mythe ou contrainte, mais plutôt davantage, d’aventure inépuisable. L’amour est un couloir où il faut pousser une porte pour en découvrir une nouvelle et ne pas se lasser pour celle (ou celui) qui derrière « n’est chaque fois ni tout à fait la même ni tout à fait une autre » (Paul Verlaine)
Anne-Marie Muia
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