130 bougies pour l'association Valentin Haüy
L'association Valentin Haüy fête cette année ses 130 ans. L'occasion de mieux connaître cette organisation qui vient en aide aux personnes malvoyantes.
Moins de trois sur dix aux deux yeux ! Cette note qu'aucune maman ne souhaite voir dans le cahier de son enfant est cependant nécessaire pour être reconnu comme malvoyant selon l'Organisation Mondiale de la Santé (entre un et trois, la personne est considérée comme malvoyante, en-dessous de un, l'OMS parle de cécité). Dans ce cas, la vie de tous les jours peut rapidement devenir compliquée.
L'association Valentin Haüy a été créée en 1889 par Maurice de La Sizeranne pour venir en aide aux personnes malvoyantes ou aveugles. Reconnue d'utilité publique dès 1891, elle agit notamment pour défendre les droits des déficients visuels, leur favoriser l'accès à l'emploi et à l'autonomie, promouvoir l'accès à l'écrit et leur proposer des activités culturelles, sportives et de loisirs adaptées.
L'association Valentin Haüy œuvre depuis maintenant 130 ans pour permettre aux personnes atteintes d'un handicap visuel de vivre pleinement. « Notre agence a pour but de sortir les gens de l'isolement et de leur permettre de participer à des ateliers spécifiques », explique Catherine Portal, la présidente de la branche limougeaude depuis presque deux ans. Située 4 place d'Aine à Limoges, l’antenne ne compte à l'heure actuelle qu'une cinquantaine de bénévoles, mais seulement la moitié d'entre eux est vraiment disponible. Les fichiers dénombrent également près de 200 usagers, mais là encore une cinquantaine est réellement active.
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130 ans, ça se fête !
A l'occasion de l'anniversaire national de l'association Valentin Haüy, des événements particuliers auront lieu dans toute la France, comme des journées portes ouvertes, des repas dans le noir, ou des initiations à la locomotion. L'antenne limougeaude a participé à une exposition à l’ESPE, sur le boulevard Vanteaux, où elle a présenté du matériel médical. Elle organisera également une inauguration de ses futurs nouveaux locaux, 8 avenue du président Ramadier, au cours de l'automne prochain. Un moyen de célébrer le travail déjà effectué depuis plus d'un siècle, mais aussi d'attirer la lumière sur l'association, pour essayer de motiver de nouveaux bénévoles comme de nouveaux usagers.
Des ateliers adaptés
L'association Valentin Haüy propose de nombreux ateliers adaptés aux personnes malvoyantes. Jeux de société, cuisine, randonnée, danse, piscine, sorties diverses, initiation au braille, apprentissage de l’anglais… autant d'activités qui permettent à ces personnes de créer des liens et de se débrouiller seules. Les bénévoles donnent même des cours d'informatique, grâce à des outils spéciaux comme la synthèse vocale. En plus de son caractère social, cette communauté aide aussi les personnes atteintes d'une déficience visuelle dans leurs démarches administratives. Tout ce que ne peut pas faire un chien ou une canne, l'association prend le relais.
Chien guide, meilleur ami du malvoyant
« Mon chien me permet d'éviter les obstacles. Il connaît mes parcours, il reconnaît la sonorité des mots, il suffit que je lui demande d'aller à la boulangerie, pour qu'il m'y conduise et s’arrête devant la porte », se félicite Monique, 54 ans, usagère depuis six ans accompagnée de son chien un peu spécial, Jovial, depuis trois ans.
Mais avant d'avoir recours à un chien guide, Martine, 70 ans, usagère de l'association depuis quarante-neuf ans, explique qu'il faut d'abord apprendre la locomotion, c'est-à-dire savoir se déplacer seul avec une canne. « Quand je suis sortie de l'école, je ne savais pas me débrouiller seule en ville. Il faut former les personnes malvoyantes, mais aussi les voyants pour qu'ils puissent mieux nous guider. Par exemple, c'est bien de nous prévenir qu'il y a des marches, mais il faut penser à préciser si elles sont montantes ou descendantes », note-t-elle.
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Manque de visibilité
« Nous sommes à la recherche de bénévoles qui accepteraient de donner de leur temps et de leur compétence pour, entre autres, effectuer des tâches administratives », souhaite Catherine Portal. En effet, l'association Valentin Haüy ne dispose pas suffisamment de « volontaires » pour répondre aux besoins des usagers. La présidente regrette également le manque de communication du personnel de santé spécialisé autour de son association. Le problème est même plus large : un handicap visuel, moins frappant qu'un handicap moteur, n'est pas reconnu de la même façon par la société. « Un fauteuil roulant choque plus qu'une canne. Même lorsqu’on est avec notre chien guide, certains ne nous considèrent pas comme handicapé. Il y a un manque d'information et de formation. Par exemple, les vigiles à l'entrée des magasins ne savent pas forcément qu'on peut y rentrer avec nos chiens », raconte Monique.
Toute personne qui souhaite faire du bénévolat et qui a du temps à consacrer pour cette cause sera donc la bienvenue.
Ugo Chauviré
Photo : D.R.
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