Marie-Anne Saint-Hubert « J’aime détourner les codes de la porcelaine »
Jeune designer de 32 ans, récemment installée à Limoges, Marie-Anne Saint-Hubert participe pour la première fois à « Toques et Porcelaine ».
Info Haute-Vienne : Quel a été votre parcours ?
Marie-Anne Saint-Hubert : Après l’obtention d’un diplôme de 5e année en section design à l’École supérieure d’art de Bordeaux, j’ai intégré l’Ecole Politecnico de Milan, via le programme Erasmus. Cela m’a confortée dans mon choix d’avoir opté pour le design, ayant besoin d’être confrontée à du réel, en trouvant de nouveaux usages aux objets du quotidien (N.D.L.R. : à découvrir sur instagram mashdesignfrance). Par la suite, j’ai effectué une 4e année à l’ENSA à Limoges, puis je suis repartie aux Beaux-Arts de Bordeaux. Durant tout mon cursus, j’ai pu réaliser de nombreux stages dans les manufactures de Limoges. Depuis deux ans, je travaille avec l’artiste céramiste Armelle Benoît, en participant à la création de meubles ou fresques sur-mesure pour des agences d’architecture parisiennes.
Info : Pourquoi avoir choisi de vous installer à Limoges ?
M.-A.S.H. : En 2017, je suis naturellement venue à Limoges. Les prix de l’immobilier étant raisonnables, j’ai pu créer mon propre atelier MASH Design France, le nom MASH correspondant à mes initiales. Puis, j’avais pu me constituer un réseau d’artistes et de professionnels lors de mes stages.
Info : Que proposez-vous ?
M.-A.S.H. : Je propose sur de petites séries, des pièces uniques et du prototypage, explorant notamment une nouvelle approche des objets du quotidien pour des agences d’architecture comme pour les particuliers. Actuellement, en co-création avec la designer Anne Xiradakis, nous travaillons sur un projet d’art de la table que nous allons présenter lors de salons ou dans des galeries parisiennes afin de trouver un éditeur ou des chefs qui puissent être intéressés. Je suis entrain de développer des poignées de porte en porcelaine également en co-création avec Anne Garandeau, une crédence de cuisine en carreaux de porcelaine ou encore un saladier en porcelaine entièrement sur-mesure et personnalisé (forme, texture, couleurs).
Info : Pourquoi avoir aménagé un studio au-dessus de votre atelier pour accueillir d’autres artistes ou designers en résidence?
M.-A.S.H. : J’ai l’habitude de travailler en équipe car je trouve cela stimulant. Limoges, c’est génial pour les projets liés à la porcelaine, car tous les acteurs sont à proximité. Je pensais également que cela puisse être une façon de redynamiser la porcelaine avec un tiers-lieux, qui ne soit pas une usine mais où il soit possible de fabriquer un moule et faire le premier tirage. Une bulle de création pour se nourrir les uns des autres.
Info : Connaissiez-vous « Toques et Porcelaine » ?
M.-A.S.H. : Pas du tout, et d’ailleurs je n’avais jamais fait d’assiette auparavant. Aussi, j’ai rencontré des modeleurs pour être conseillée. Je dois réaliser un service pour le dîner de gala, une assiette de présentation pour un chef, et je serais présente dans un chalet avec mes prototypes. Je poserais quelques pièces, comme des pots de fleurs, sur un guéridon dans le jardin devant la mairie.
Info : Comment avez-vous imaginé votre service pour le dîner de gala ?
M.-A.S.H. : J’aime détourner les codes de la porcelaine. Par exemple, mon estampille est dans l’assiette. Comme généralement tous les Limougeauds retournent les assiettes pour voir l’estampille, j’ai décidé de créer la surprise (texture, motif) sous l’assiette. D’autant que lorsqu’on est assis à table, on voit arriver l’assiette par le haut. De même, le motif du bol pour l’entrée est dedans. Les assiettes à dessert sont teintées dans la masse avec du rose et du bleu, avec des dégradés de couleurs et… il n’y en a pas deux pareil !
Propos recueillis par Anne-Marie Muia
Photo : D.R.
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