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2019 : Le cinéma revient en Limousin

23h12 - 11 novembre 2019 - par Info Haute-Vienne
2019 : Le cinéma revient en Limousin
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Après une année 2018 morose pour les tournages de longs-métrages, 2019 s’annonce bien plus faste avec actuellement l’équipe de Vaurien en centre-ville de Limoges.

Certains passants et automobilistes, la circulation risquant d’être perturbée jusqu’au 29 novembre en centre-ville de Limoges, ont pu être surpris de voir une équipe de tournage en plein travail. En effet, Peter Dourountzis a choisi la cité porcelainière pour réaliser Vaurien, un long-métrage au casting très prometteur (Pierre Deladonchamps, César du meilleur espoir masculin en 2014 pour L’Inconnu du lac, et Ophélie Bau, nommée en 2019 au César du meilleur espoir féminin pour Mektoub my Love). Le film s’inspire de la personnalité trouble des criminels en série comme Guy Georges, Mamadou Traoré ou Patrick Trémeau. Ainsi, Djé est un jeune homme qui débarque sur Limoges. Un charme étrange, de la vivacité, de solides réflexes de dissimulation. Un solitaire, un vagabond. Un Vaurien. Dans la rue, les squats, les centres pour sans-abris. Il observe, se laisse porter, oscille entre errance nonchalante et hasard complet. Dissimulé sous les traits d’un anonyme sympathique, se terre un prédateur sans affect.

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CERCLE TURGOT

« Le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine nous a alloué une aide de 180.000€. Ce n’est pas négligeable sur notre budget serré de 500.000€, ce qui est un petit exploit. Mais nous aurions pu choisir une autre ville de la région. Or, dans l’équipe, il y a des techniciens originaires de Limoges ou qui y ont encore des attaches comme le premier assistant, le chef opérateur, l’ingénieur son…, explique Peter Dourountzis, appréciant l’accueil des Limougeauds, qu’il qualifie d’adorable.

« Les premiers repérages datent du mois de mai. Durant ces trois à quatre jours, j’ai rapidement été conquis par les lieux. J’ai d’ailleurs réécrit le scénario car il était adapté à Paris. Limoges possède plusieurs styles d’architecture, des rues piétonnes ou très animées… Nous avons déjà tourné des scènes au Jardin de l’Evêché, rue Charles Michels et surtout au fameux Cercle Turgot pour le squat. Mais seuls les habitants pourront les identifier réellement ».

Le Cercle Turgot a déjà servi de décor à Alain Resnais pour Providence (1976), à Claude Sautet pour Quelques jours avec moi (1988), ou plus récemment à Olivier Assayas pour Destinées sentimentales (2000).

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2019 : LE RETOUR

Ce tournage s’inscrit dans une nouvelle dynamique avec le retour du cinéma en Limousin. Si 2018 a été une année « blanche » ou noire suivant comment on se place, depuis le mois de janvier, les tournages se sont enchaînés dans les trois départements, avec deux fictions télé Meurtre en Corrèze (Tulle, Brive, Aubazine… ) et Capitaine Marleau : Quelques maux d’amour (Guéret et Châtelus-le-Marcheix), ainsi que plusieurs longs-métrages. On peut citer : Bruno Reidal (Montrol-Sénard et Bellac), Garçon Chiffon (Limoges et périphérie), Substance noire (actuellement en Corrèze) et After blue (fin 2019/début 2020 en Corrèze).

Pour 2019, on cumulerait plus ou moins 50 jours de tournage en Limousin, et quelque 200 techniciens et artistes ont été embauchés. Des chiffres qui demeurent bien loin de ceux de 2007 à 2017, période pendant laquelle 1700 jours de tournage ont été comptabilisés et plus de 8000 techniciens et figurants locaux avaient été employés.

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FONDS DE SOUTIEN

« 8.469.500€ de crédits ont été votés en 2019 en faveur de la création et de la production audiovisuelle et cinématographique. C’est le deuxième montant le plus important en France après la Région Île-de-France. A cette somme s’ajoutent 2.950.000€ de six départements partenaires : Charente, Charente-Maritime, Dordogne, Gironde, Landes et Lot-et-Garonne, soit une enveloppe totale de 11.419.500€, détaille Eric Correia, le conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine délégué à l’économie créative, à l’innovation et aux droits culturels. Or, les trois départements de l’ex-Limousin n’ont pas de fonds de soutien complémentaire, qui est de 150.000€, dont une aide de 50.000€ du Centre national du cinéma. Mais, nous les avons rencontrés pour les sensibiliser ».

Quant à la mauvaise année 2018, l’élu rectifie : « Il y avait deux tournages de longs-métrages qui étaient prévus, soutenus par la Région. Mais l’un a préféré les Pyrénées-Atlantiques et l’autre a été annulé faute de budget ».

Les aides à la production de longs-métrages de fiction sont en augmentation de 600.000€ dont 380.000€ pour des projets tournés en Limousin. Outre Vaurien, les équipes d’Astronaute promèneront leurs caméras en Creuse et Haute-Vienne courant 2020.

Un appel à projets spécifique, doté de 200.000€, a été mis en place pour réamorcer et favoriser les tournages sur le territoire limousin.

RETOMBÉES ÉCONOMIQUES

Si la Région n’hésite pas à investir, elle est pleinement consciente des retombées économiques. Selon une évaluation du CNC, à l’échelon national, 1€ d’argent public engagé apporte 7,25€ en retour pour les films (10€ pour les séries), les équipes consommant sur place (hôtels, restaurants, courses, carburant, divertissements…), auquel on peut ajouter 1€ supplémentaire pour le tourisme, les téléspectateurs ou les spectateurs pouvant être curieux de découvrir réellement des décors naturels et patrimoniaux.

ALCA

De plus, un bureau d’accueil des tournages a été créé à Limoges (comme en Creuse et Corrèze), afin de mieux faire connaître les atouts du Limousin (décors, comédiens, techniciens). Depuis le mois de septembre, Laurent Moreau est donc chargé d’accueil au BAT limougeaud de l'Agence Livre Cinéma et Audiovisuel de Nouvelle-Aquitaine, qui entre autres accompagne les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel dans leurs activités et participe à la diffusion des oeuvres.

Emmanuel Feulié, le directeur cinéma de l’ALCA, tient ainsi à préciser : « Beaucoup ont dit que la baisse des tournages en Limousin en 2018 était liée à la fusion des régions. Ce qui est faux. La série Un Village français s’est arrêtée en 2017 et nous avons fait face à des aléas avec des changements de département pour des tournages. On ne vient pas facilement tourner dans des territoires enclavés. Mais 2019 est extrêmement porteuse. Puis il nous faudrait le tournage d’une série sur le long terme ».

Aujourd’hui, il est donc possible de réaliser de A à Z des films en Nouvelle Aquitaine, avec des aides à l’écriture, pour les tournages, puis la promotion/la diffusion. Des sociétés de production parisiennes reviennent dans la région, et celles néoaquitaines aiment « tourner à la maison » ou « s’exporter ». Sans oublier des « coups de pouce » au développement qui ont permis, par exemple, à Pyramide Production de produire un de ses nombreux longs-métrages.

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