Ecoles de la CCI : tu as un handicap, et alors ?
Le campus consulaire, réunissant l’ESCS et l’ISIH, les écoles de la CCI, est depuis longtemps inscrit dans une démarche active d’inclusion des alternants en situation de handicap. Interview de Claude Raynaud, la directrice.
Info : Comment est née la formation Assistant Commercial Banque et Assurance, qui est dédiée aux personnes en situation de handicap ?
Claude Raynaud : Cette formation a été mise en place avec HECA « Handicap et Emploi au Crédit Agricole » avec pour objectif de proposer à des personnes reconnues « travailleur handicapé » de poursuivre ou de reprendre des études en alternance (contrat de professionnalisation) afin de préparer leur intégration. L’objectif est de former des futurs collaborateurs d’établissements bancaires au poste d’assistant(e) commercial(e) et futur(e) conseiller(ère). Base de la force commerciale, il/elle sera appelé(e) à travailler avec un large éventail de clientèles de particuliers qu’ils soient ou non dans la vie active.
La première promotion Assistant Commercial Banque et Assurance-HECA a fait sa rentrée en 2008, en partenariat avec le Crédit Agricole du Centre Ouest. Aux examens en 2010, le taux de réussite était de 88%, avec un taux de placement de 90%. Dès 2009, pour la 2e promotion, un partenariat inter-bancaire a été signé avec le Crédit Agricole du Centre Ouest, la Banque Populaire, la Caisse d’Epargne et la Banque Tarneaud.
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Info : Cette formation est possible grâce à un travail collaboratif…
C.R. : Depuis 2010, des réunions de travail réunissent les représentants du Programme Régional d’Insertion des Travailleurs Handicapés (aujourd’hui PRITH Nouvelle-Aquitaine), de Pôle Emploi, de Cap Emploi, du Crédit Agricole, de la Caisse d’Epargne et de la Banque Tarneaud. Ce travail collaboratif permet au service Alternance de proposer une réunion publique d’information en avril à la CCI de Limoges, afin de présenter la formation (témoignages des banques, de stagiaires TH en formation et de diplômés) et de procéder à une première sélection de candidats pour la rentrée suivante. De plus, des entretiens avec des candidats et des personnes en situation de handicap sont organisés tout au long de l’année lors de manifestations, colloques…, sans oublier les rendez-vous individuels. Enfin, les employeurs, les prescripteurs… peuvent également nous sensibiliser ou nous adresser des salariés désireux de se former ou d’intégrer nos formations. Car, outre cette filière, plus de 10% de l’effectif total des écoles consulaires est en situation de handicap.
Info : Quels sont les aménagements ou les équipements réalisés au sein du campus pour le rendre accessible ?
C.R. : Nous disposons de toilettes adaptées, de salles et de portes suffisamment larges pour qu’un fauteuil roulant puisse circuler sans encombre, tout comme dans les lieux de vie des étudiants et l’espace de coworking qui sont au rez-de-chaussée et qui donnent vers l’extérieur. La rampe d’accès a été élargie afin que deux fauteuils puissent se croiser. Les ordinateurs sont dotés de touches et de pointeurs de souris agrandis. Une salle de repos est à la disposition de ceux ayant besoin de s’isoler pour leur traitement. Enfin, il est possible de faire intervenir une ergothérapeute ou encore d’être accompagné d’un(e) secrétaire scripteur et/ou lecteur pour les épreuves. Les personnes qui à la suite d’un accident par exemple, souhaiteraient faire valider leurs acquis par une VAE pour se réorienter, peuvent bénéficier d’un accompagnateur spécifique.
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Info : Depuis 2011, votre engagement a été distingué…
C.R. : En mai 2011, à Angers lors des journées nationales techniques du réseau Négoventis, qui regroupe 100 CCI, nous avons présenté cette formation, qui est unique en France. Quelques mois plus tard, en décembre, Roselyne Bachelot, alors ministre en charge des Solidarités et de la Cohésion sociale, et Jean-Louis Garcia, le président de la Fédération des APAJH, nous ont remis le trophée national APAJH dans la catégorie « Ecole et Culture ». En novembre 2013, nous avons reçu le Prix HECA pour l’ensemble des actions menées depuis 2008.
Info : Justement, quel est le bilan depuis la première promotion ?
C.R. : Depuis 2008, 88 alternants en situation de handicap ont été diplômés avec un taux de placement général de 82% et de 75% dans des établissements bancaires. Tous les ans au mois de mars est lancé le recrutement d’une nouvelle promotion et en septembre prochain, de nouveaux alternants vont signer leur contrat de professionnalisation avant de débuter leur formation de deux ans.
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Info : Vous êtes référent handicap depuis 2015. En quoi cela consiste-t-il ?
C.R. : Le référent handicap est une personne ressource de l’établissement facilitant la mise en œuvre de la politique handicap souhaitée par la direction et les instances représentatives du personnel. Il est l’interface reconnue entre les acteurs de l’établissement et l’obligation d'emploi de travailleurs handicapés (OETH). Plusieurs missions peuvent lui être confiées, comme faciliter et enrichir les échanges entre les acteurs de l’établissement ; centraliser et optimiser les relations entre l’établissement et l’OETH ; actualiser les connaissances et les pratiques de chacun sur le sujet du handicap. Plus concrètement, il peut développer des actions de sensibilisation continue (informer et répondre aux questions des salariés…), d’aide à la constitution des dossiers de financement et de capitalisation des actions menées par l’établissement (réunions, bilans, témoignages…).
Info : On vous sent très investie. Qu’est-ce qui vous motive ?
C.R. : Je considère qu’il est de notre devoir de citoyen de permettre aux personnes en situation de handicap de pouvoir faire des études. A compétences égales, le handicap, on s’en moque ! Ce qui m’intéresse face à un candidat, c’est son projet, ses compétences, son implication. Pour le reste, on s’adapte. D’ailleurs, au niveau national du réseau des CCI, c’est moi qui ai adapté les épreuves de validation et de certification pour les personnes en situation de handicap.
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