Stephan Eicher : chansons sans entraves
Avec « Homeless Songs » et une tournée qui passe le 4 février par Limoges, le chanteur suisse fête quarante ans de carrière et une créativité boostée par un conflit.
Stephan Eicher : quarante ans de carrière cette année, et le droit d'en tirer une légitime fierté dans une époque où les trajectoires ne s'inscrivent pas au-delà de quelques tours de manège pour les candides clones formatées par une industrie du spectacle cannibale.
Un privilège
un cadeau
un cadeau
« Avec mon accent, ma tête un peu dure, mes envolées émotionnelles un peu violentes, je vis cette complicité avec le public avec gratitude, c'est sûr ; avec une certaine fierté, oui, peut-être... Je n'ai jamais trop réfléchi à ça, sinon que, comme tout le monde, je vois le temps filer, et il faut l'occuper le mieux possible en s'appliquant à faire ce qu'on aime... Quand, ado, je grattais les cordes de ma première guitare, jamais j'aurais pu penser me retrouver, à l'orée de la soixantaine, à pouvoir continuer de vivre ma passion, et pouvoir la partager. C'est un privilège, un cadeau !...»
Homeless
Songs
Songs
Un parcours balisé par une vingtaine de disques hérissés de chansons-phares dont « Déjeuner en paix » est le porte-drapeau. Le p'tit dernier est arrivé à terme en septembre, le superbe « Homeless Songs », pétri de textes ciselés par l'écrivain suisse Martin Suter, par Christophe Miossec, par l'incontournable Philippe Djian (trente ans d'une complicité née grâce à « Rapido », l'émission d'Antoine de Caunes), et par des poèmes de Carl Albert Loosli : « Un auteur que j'ai découvert par hasard, attiré par la pochette d'un disque... »
« Homeless Songs » : des chansons SDF, des chansons qui dormaient dehors, dans l'attente d'un toit : quatorze titres déclinés en français, quatre en bernois - langue suisse alémanique - et un en anglais, finalisés en pleine et longue passe d'armes avec sa maison de disque (« Mais j'adore les problèmes, les crises : ça aide à avancer, à trouver des solutions !... Mais, ce conflit m'a perturbé, abîmé la santé... Il m'a aussi réarmé et reboosté !... »).
Titres conçus et enregistrés dans une liberté arrachée et une zénitude retrouvée, allant de 6 minutes à une coulée de 43 secondes à l'image de ce « Broken », orchestré pour 33 musiciens par le pianiste et compositeur Reyn Ouwehand, présent sur la tournée. Paquet-cadeau illustré par le beau portrait de Greta Garbo retravaillé par Gregor Hildebrandt, une photo inspirante qui trône depuis huit ans à côté du piano du chanteur : « Ces yeux-là m'ont vu batailler, composer, brouillonner, ils ont veillé sur mon travail. »
Des cordes habillent la quasi-totalité de l'opus, les guitares acoustiques sont omniprésentes, la pedal-steel guitar plane, la batterie se la joue discrète derrière des volutes de banjo, de piano Wurlitzer emballés dans du velours ; ajouter quelques zestes d'accordéon, d'harmonica, de melotron et le violoncelle de Jean-Philippe Audin, le tout chuchoté, comme une suite de confiantes confidences destinées à l'attentive oreille d'un(e) ami(e).
« Si tu veux que je chante... » lance-t-il en ouverture de son « Homeless Songs »: yaka !
« Homeless Songs Tour » : concert à l'Opéra-Théâtre le mardi 4 février à 20 h 30. Billetterie : Box-Office, 15, rue Jean-Jaurès. Tel : 05.55.33.28.16.
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