Béatrice Castaner donne vieà Maÿtio, artiste néandertalienne
30 000 ans avant notre ère... Seule dans une grotte nichée sur une falaise, armée d'un bout de charbon de bois et à la lueur vacillante d'une torche de graisse, une énigmatique jeune femme au ''corps de quatorze hivers'' trace l'encolure d'un cheval sur la paroi de calcaire de son abri... Son nom est Maÿtio.
Sauvée d'un massacre par trois divinités, ''sœurs originelles du commencement'' - les protectrices Loÿan et Yïëlene et leur brutale cadette Czatibä -, la rescapée ignore l'importance que prendra son dessin. Des siècles plus tard.
Dans les ténèbres de son abri - la grotte Chauvet ? -, elle dépose sur la roche la chère image d'une gracieuse pouliche qu'elle avait nommée E'wâ, dont elle prenait plaisir à observer cabrioles et arabesques, là, dans la plaine, aux pieds de la corniche.
Jusqu'à ce maudit jour où Czatibä avait éprouvé la sadique envie d'enfourcher l'animal pour le diriger hors de la contrée, loin des regards attendris de Maÿtio, infligeant à l'adolescente martyre une nouvelle meurtrissure, la pire peut-être : au cœur. Instinctivement, Maÿtio la néandertalienne allait trouver dans son geste artistique - ébauche de l'art pariétal - une consolation, une évasion, une irrépressible nécessité de reproduire et prolonger une fascination, et ce sentiment nouveau qui désormais la taraude et l'anime : la tendresse.
Elle se surprendra à aimer le partage de ce don en initiant les nomades, ses semblables, installés chaque printemps près de la rivière ; elle les déniaise, les encourage, les forme, jusqu'à devenir leur ''figure tutélaire''. Parmi ses ''élèves'', une certaine Aÿmati, dont Béatrice Castaner, férue d'archéologie et de préhistoire, avait fait son héroïne dans son premier roman, publié en 2014, déjà par Serge Safran.
Signature et lecture musicale : vendredi 31 janvier à 19 heures, à Page & Plume à Limoges.
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