« Le désenclavement est une de mes priorités »
En ce début d'année, Alain Rousset, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, nous a accordé un entretien sur les projets à l'échelon régionalet surdifférents thèmes d'actualité.
Info Haute-Vienne : Quels sont les grands projets en 2020 du Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine pour le département de la Haute-Vienne ?
A.R. : Outre l'accompagnement constant que nous portons aux entreprises, aux industries et aux artisans, je retiens trois grands chantiers pour la Haute-Vienne en ce début d'année 2020. D'abord, l'aménagement du FRAC-Artothèque dans l'ancienne imprimerie Felix Plainemaison, rue Charles-Michels à Limoges. Alors que nous venons d'inaugurer la MéCA à Bordeaux, bâtiment-totem de la culture de notre Région, Limoges disposera également d'un lieu de choix dédié à l'art contemporain. Au même titre que les expositions se trouvant sur l'île de Vassivière ! Ensuite, je garde en tête l'aménagement du campus des formations sanitaires et sociales sur le site de Vanteaux, ex-CRDP, dont la livraison est prévue en septembre. Quoi de plus essentiel par les temps qui courent que d'assurer que les sages-femmes, entre autres, puissent se former là où elles vivent, sans avoir à rouler des centaines de kilomètres toutes les semaines ? Enfin, le troisième projet que je retiens est l'aménagement d'un site à vocation sportive et culturelle, ainsi que d'un pôle d'excellence dans le domaine du sport, avenue Labussière, à Limoges. Comme vous pouvez le constater, les projets ne manquent pas en Haute-Vienne ! Et la Région se trouvera toujours aux côtés de celles et ceux qui cherchent à donner du sens à la vie locale, sous toutes ses formes.
Info : Au mois de mars, vont avoir lieu les élections municipales. Un maire sur deux, notamment dans les petites communes, envisage de ne pas se représenter. Comprenez-vous ce choix alors que notre région fourmille de ces fameuses petites communes ?
A.R. : J'ai été maire : ce choix, je peux le comprendre, mais je ne m'y résigne pas. Nous devons donner aux maires les moyens d'agir. C'est pourquoi j'ai invité tous les maires de Nouvelle-Aquitaine à Angoulême, voici une année, pour les inviter à nous saisir et leur expliquer comment nous pouvions désormais travailler ensemble, main dans la main, région et communes. Et c'est pourquoi je vais les inviter à nouveau après les municipales, à la fin du printemps 2020, pour œuvrer ensemble pour nos territoires dès le début de leur nouvelle mandature, notamment à travers les logiques de projets, de contractualisation avec les territoires, mais aussi sur l'accompagnement de la transition énergétique, agricole et écologique.
Info : Les résultats peuvent-ils avoir une répercussion dans l'hémicycle de la Région ?
A.R. : Cela va de soi. La région est une collectivité composée exclusivement d'élus de terrain. Les dynamiques municipales, politiques et locales influent donc sur le Conseil régional. J'émets toutefois la prédiction que les résultats confirmeront que la trajectoire du Conseil régional est la bonne : ambitieux d'un point de vue économique, industriel et d'innovation, attentif aux territoires et aux populations les plus fragiles grâce à un accompagnement « cousu main », et érigeant la transition énergétique, écologique et agricole en véritable matrice de nos politiques publiques, notamment à travers l'adoption de Néo Terra en juillet 2019.
Info : Sujet au cœur de l'actualité : que pensez-vous du projet de réforme des retraites proposé par le gouvernement ? Quelle serait, selon vous, la meilleure solution et comment la financer ?
A.R. : Le Conseil régional ne dispose d'aucune compétence pour peser sur le débat des retraites, qui est une affaire nationale. En revanche, ce que je peux déplorer en tant que président de région, c'est l'accroissement du risque de fracturation de notre société, l'absence de pédagogie et de débat apaisé, alors que les territoires ont plus besoin que jamais d'être accompagnés et que nous devons revitaliser les corps intermédiaires. Plus que jamais nous avons besoin de sens, de collectif et d'humain.
Info : À la suite de votre rencontre avec Jean-Claude Leblois, le président du Conseil départemental de la Haute-Vienne, et Jean-Paul Duret, le président de Limoges Métropole, les trois collectivités ont décidé de faire à l'État une proposition commune d'engagement financier supplémentaire sur la RN 147 entre Limoges et Bellac d'un montant de 33 M€. Pourquoi ?
A.R. : J'estime que deux raisons principales nécessitent que nous ouvrions dans les plus brefs délais ce chantier : celle de la sécurité d'abord, qui fait de cet axe un péril routier trop souvent mortel ; et puis, celle du désenclavement de Limoges et de l'ensemble de la Haute-Vienne, dont je fais l'une de mes priorités. À ce titre, il me semblait urgent de réunir les collectivités concernées pour s'entendre sur une proposition à présenter à l'État. Désormais, nous attendons la réponse du Secrétaire d'État chargé des Transports, auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, afin de réunir l'ensemble des acteurs autour d'une même table et acter le début des travaux. N'attendons plus !
Info : Le mot de la fin sur le « couac » par rapport à la création de la Maison du dessin de presse et aux propos du ministre de la culture alors même que nous avons un centre international du dessin de presse à Saint-Just-le-Martel, que vous connaissez bien ?
A.R. : Vous savez, je comprends parfaitement le trouble provoqué par cette annonce du ministre de la Culture. Toutefois, dès le lendemain du discours de Franck Riester, je réagissais immédiatement en contactant le cabinet du ministre et le Président du Centre national du livre, chargé de faire des propositions sur ce projet, en lui indiquant notamment que cette maison existait déjà à Saint-Just-le-Martel depuis 2011, et qu'elle se dénommait Centre international de la caricature, du dessin de presse et d'humour. En effet, ce centre est la prolongation naturelle du festival du dessin de presse et de l'humour, créé il y a 39 ans par Gérard Vandenbroucke. Par ailleurs, ce centre a bénéficié du soutien de Georges Wolinski. La candidature de Saint-Just-le-Martel est donc toute naturelle ! Je la défendrai avec force la semaine prochaine auprès de Vincent Monadé (N.D.L.R. : le président du CNL), lors de sa venue à Bordeaux, et la Région participera bien évidemment aux investissements nécessaires pour garantir la labellisation du Centre.
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