« Il est important de laisser vivre la création »
(PUBLIREPORTAGE) Pour la saison 2020/2021, l'Opéra de Limoges a apporté quelques ajustements à sa programmation initiale tout en prenant soin de conserver l'esprit et la ligne thématique. Entretien avec Alain Mercier, le directeur.
Comment a été construite cette saison un peu particulière ?
La saison 2020/2021 était pratiquement terminée au mois de mars avant le confinement, avec quatre grandes productions prévues : Faust, Rusalka, La Dame blanche et Aliénor qui constituaient l'ossature lyrique de la nouvelle programmation. Finalement, nous avons essayé de conserver la ligne thématique tout en reconfigurant certains projets en tenant compte des contraintes sanitaires. Ainsi, face à l'impossibilité de loger l'effectif de l'orchestre pour Faust, la nouvelle production a été reportée et remplacée par un projet plus petit en création, Faust nocturne, d'après le texte éponyme d'Olivier Py et une musique de Lionel Ginoux, avec une mise en scène chorégraphique de Claude Brumachon et Benjamin Lamarche de la Cie Sous la peau.
À l'identique, l'effectif orchestre et chœur de La Dame blanche était trop important pour respecter le protocole sanitaire. Celle-ci a été reportée. Nous proposons à la place un concert en images Le Mystère de la Dame blanche, un spectacle pédagogique et musical d'après l'opéra-comique en trois actes de F. A. Boieldieu. Un avant-goût en quelque sorte.
En juillet, pendant dix jours, l'Opéra s'installe en milieu rural pour une expérience créative, éducative et participative sur le territoire en collaboration avec la Ferme de Villefavard en Limousin et en coproduction avec l'ensemble Les Apaches. À cette occasion, l'Opéra de Limoges a passé commande d'une performance vocale et vidéo inédite à Philippe Forget. Pense-bêtes met en exergue la relation de l'homme à la biodiversité animale qui l'entoure. Des petites séquences seront captées en vidéo par les enfants d'Operakids puis rassemblées et restituées lors d'une séance spéciale à la Ferme de Villefavard.
Qu'en est-il des autres grands rendez-vous ?
Rusalka, le chef-d'œuvre d'opéra de Dvorak, sera donné dans une version pour un petit orchestre de chambre de Marian Lejava, qui pourra donc jouer depuis la fosse. Le chœur étant peu présent sur scène, le spectacle peut donc fonctionner.
Aliénor était à l'origine une commande d'opéra pour un orchestre de 60 musiciens et 3 chanteurs. Pour respecter les mesures sanitaires de la fosse, Alain Voirpy l'a réécrite pour 22 musiciens.
Enfin, un temps fort « Ecce Homo » aura lieu au printemps 2021. La figure de Jésus vu par les artistes d'hier et d'aujourd'hui. Neufs propositions artistiques en trois semaines (musique de chambre, oratorio, concert méditation, courts-métrages, arts de la porcelaine, rencontre exceptionnelle avec Amélie Nothomb, en coproduction avec Clarac-Deloeuil > Le Lab, le collectif artistique bordelais).
Comment appréhendez-vous cette saison ?
Le spectacle vivant, c'est d'abord le contact et l'interaction, qui sont aujourd'hui rendus quasi-impossibles par ce virus. Par ailleurs, à l'opéra, nous travaillons habituellement avec beaucoup d'avance, ce qui est grandement perturbé désormais. Nous manquons de visibilité.
Nous ne pouvons également faire fi de la réalité de notre modèle économique qui s'accommode mal de financer toutes les dépenses avec des salles presque vides.
Bien que de multiples contraintes liées à cette crise pèsent sur les Maisons d'opéra, sur le travail artistique comme sur le public, avec notamment le port du masque pendant les représentations, il est important de tenir bon, de laisser vivre la création et de jouer le grand répertoire quand cela est possible. Nous devons aller de l'avant afin que l'activité reprenne, pour retrouver les artistes et nos spectateurs qui nous manquent.
Billetterie ouverte cette saison exceptionnellement par trimestre à la place comme à l'abonnement. Renseignements et réservations au 05.55.45.95.95 et sur billetterie@operalimoges.fr
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