Jean-Michel Leygonie
Avec témérité et détermination, Jean-Michel Leygonie, le directeur artistique d'Éclats d'Émail, a, malgré les annulations dues à la crise sanitaire, continué à « avancer ». Toujours positif.
Comment avez-vous géré les successives annulations depuis la fin du confinement ?
Au printemps, il y a eu le décès du batteur Tony Allen, celui de Wallace Roney des suites du Covid-19, puis celui du contrebassiste Marc Peillon. Évidemment, ça nous a affectés... Dès les premières annulations, nous avons cherché rapidement des idées de remplacements que nous avons trouvées sans difficulté car aujourd'hui nous possédons un carnet d'adresses bien rempli et une très bonne notoriété auprès des artistes. Je n'ai jamais douté même si je ne suis pas dans le déni de la gravité de la pandémie. Les artistes qui n'ont pas pu venir sont programmés pour 2021. Les autres comme James Carter, Erik Truffaz, J.P. Bimeni ou encore Yaron Herman n'ont jamais revu à la baisse leurs négociations financières décidées avant le mois de mars, ce qui est une grande marque de respect.
En fait, nous bénéficions de deux « avantages ». Avoir lieu en novembre, donc en fin de calendrier annuel, permet de voir venir les choses. Puis, cette année, nous sommes décalés de cinq à six jours par rapport à nos dates habituelles, ce qui également peut nous donner du recul par rapport à des décisions gouvernementales et nous laisser davantage de temps pour nous organiser. Seules des mesures préfectorales peuvent nous empêcher de maintenir le festival car nous sommes prêts.
Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Je ne suis pas stressé du tout. Et tant qu'on ne nous annonce pas d'annulation, nous continuons à avancer... Nous avons géré le coronavirus au fur et à mesure tout en demeurant persuadés depuis le début que le festival aurait lieu. C'était et c'est une volonté affirmée du conseil d'administration. Puis, nous avons un devoir en tant qu'organisateur car 35 % de notre budget provient de la billetterie, 35 % d'apports privés et 30 % de subventions.
Je suis également rassuré car aucun membre n'a quitté le Club des partenaires, nous enregistrons même quelques nouveaux. Les fidèles, présents depuis de nombreuses années voire le début, nous ont dit : « On ne vous laisse pas tomber ». Certains nous ont proposé des initiatives innovantes pour se mobiliser. Par exemple, l'entreprise Broussaud va concevoir des chaussettes et un masque à l'effigie d'Éclats d'Émail, qui seront en vente dans un sac réalisé par Lou Kasatché, avant et pendant le festival.
Quid de la mise en place des obligations sanitaires comme le port du masque ou le respect des distanciations physiques ?
En tant qu'organisateur d'événementiels, nous ne gérons pas les salles. Nous sommes un festival « nomade », ce qui nous permet de nous affranchir de beaucoup de choses comme la limitation des jauges, le port du masque même assis...
Vous avez eu le nez creux pour le CCM John-Lennon ?*
Après le confinement au mois de mai, nous avons rencontré les responsables des centres culturels qui ne voulaient pas de spectateurs debout. Galaad Moutoz Swing Orchestra et The Dustaphonics, qui devaient s'y produire, ont été reportés en 2021.
*(N.D.L.R. : Le CCM John-Lennon qui présente des spectacles en configuration debout n'a pas redémarré son activité de diffusion depuis le 13 mars. La Ville de Limoges a annoncé la semaine dernière que du fait de la situation épidémique connue pour ce quatrième trimestre et de la classification de la Haute-Vienne en zone de circulation active du virus, les activités de diffusion des concerts au CCM John-Lennon ont été suspendues jusqu'au 31 décembre 2020).
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