ANNULÉ/CONFINEMENT : Il était une fois... Lynda Lemay
Lynda Lemay se produira à Limoges, le 17 novembre, au Grand Théâtre de Limoges. Entretien avec cette artiste quelque peu iconoclaste.
Pourquoi avoir intitulé votre show « La vie est un conte de fous » ?
Mon nouveau projet s'appelle « Il était onze fois », ce qui rappelle le début de ces histoires qu'on se fait raconter, enfant. En construisant mon spectacle il y a près de deux ans déjà, j'avais eu cette idée de comparer la vie à un livre d'histoires. La vie est en fait une longue histoire remplie de tout plein de petites histoires. Il y a des rêves, des projets, des réussites, des défaites, des incompréhensions, des injustices, des victoires, du romantisme, de l'horreur, et heureusement toujours de l'espoir.
Et il m'est venu l'idée de faire ce petit jeu de mots : conte de fées, conte de fous, parce que la vie nous fait des promesses, nous déjoue, nous surprend, nous déçoit, nous bouscule, nous fait rire et pleurer... Mon spectacle est un peu un reflet de tout ça : on y rit, on y pleure, on s'y fait bousculer... Une chose est sûre, ce spectacle, en brisant des silences, rassemble. On ne s'y sent pas seul (même avec distanciation, on se sent tout près les uns des autres).
Je ne sais pas si ce titre était prémonitoire, vu tout ce qui se passe depuis le début de la tournée, avec cette pandémie qui défait nos plans, qui nous enlève nos repères, secoue nos habitudes. Le grand méchant loup s'appelle Covid-19 et menace tout le monde... et faut apprendre à lui faire face, à vivre en le sachant tout près... La vie est devenue plus folle que jamais... et dans le spectacle, je m'amuse à décortiquer cette folie. Je tente en musique et en mots, d'en comprendre le sens.
Que va-t-on découvrir sur scène ?
Du dépouillement. De la poésie vêtue d'une voix et d'une guitare seulement ! Mais certainement de l'émotion gigantesque. Au début de la tournée, j'étais accompagnée de trois musiciens, il y avait un décor rappelant celui d'un conte de fées, un escalier à la Cendrillon, avec des pierres, d'énormes champignons, un grillage à l'entrée d'un château imaginaire... Je voulais, avec ce projet s'intitulant « Il était onze fois », revenir « en grande », avec un spectacle aussi démesuré que mon projet « multi-albums » où je me permets toutes les libertés possibles ! Puis est arrivée la pandémie... J'ai dû tout revisiter, changer de concept, de formation, pour pouvoir rêver de continuer à faire mon métier malgré la situation actuelle. Les voyages étant devenus compliqués, je ne pouvais plus me permettre de voyager avec une grosse équipe. Alors j'ai fait tout le contraire du projet initial. Au lieu de revenir « en grande » après plus de trois ans d'absence, je reviens en toute humilité, en petit, en sobre, seule à la guitare. Cependant, au niveau son et éclairages, c'est au top ! Et on oublie l'absence de décors tellement la scène est habillée par le meilleur concepteur de lumières que je connaisse, Pierre Roy.
Je n'ai jamais dans les trente dernières années fait un show toute seule. Je dois me débrouiller, les doigts sur ma guitare, plantée derrière mon micro, et me faire assez confiance pour tenir en haleine mon public par la seule force de mes propos... Beau défi.
Quels sont les onze thèmes dans votre album « Il était onze fois » ?
Au départ, onze thèmes ou catégories de chansons ont guidé mon écriture, ma création. Finalement, tout a débordé, je ne me suis pas arrêtée à ces onze thèmes mais disons qu'en gros, mon projet parle majoritairement des cercles anxieux (dépendances, troubles mentaux, etc.), la famille (et ses tourments), la fin de vie (la vieillesse, ou les derniers pas de la vie d'un humain, petit ou grand), le deuil, les silences qui crient, les sourires jaunes (blagues de mauvais goût), l'amour (amour fou, amour fougueux, amour foutu), la peur (insécurité, déception, doutes, traumatismes), l'hommerie (injustice, cruauté, colère, manipulation, mensonge, lâcheté), la nostalgie (et les regrets), des portraits et autobiographie...
On vous connaît pour composer des textes souvent ciselés. Comment trouvez-vous vos sources d'inspiration ?
Tout m'inspire. Je ne me sens loin d'aucune réalité. J'ai comme conscience que tout pourrait m'arriver ou aurait pu m'arriver. Quand j'observe les gens qui m'entourent, quand je les écoute, je me vois en eux. On dirait que je vis un peu ce qu'ils me racontent quand je les écoute. Tout m'inspire. J'aime mettre en mots ce qui m'effraie, ce qui m'éblouit, ce qui me chagrine, ce qui me trouble... Ça m'aide à y voir plus clair. La vie est toujours belle avec un filtre de poésie, je trouve.
Certaines de vos dates ont été annulées à cause du protocole sanitaire lié au Covid-19. En tant qu'artiste, quel est votre ressenti par rapport à ces mesures impactant de plein fouet le monde de la culture ?
Je suis comme tout le monde déchirée : je comprends les mesures imposées et en même temps, je veux me battre pour que « the show » puisse « go on » ! Je fais confiance à la vie, et à l'art. Rien ne va mourir, même si c'est un très dur moment à passer et que la colère et le sentiment d'injustice qui montent sont justifiés. Je considère l'art comme un besoin essentiel, je pense que ça aide les gens à respirer. Tant que ça m'est permis, je vais monter sur scène et faire mon métier avec passion, en prenant toutes les précautions. Ensuite, le risque de contracter la maladie, il est un peu partout. Le divertissement, c'est bon pour la santé mentale, c'est une nourriture pour l'âme, il me semble. Ces rencontres sont magiques et bénéfiques. C'est pourquoi j'ai pris la décision de faire tout ce que je pouvais faire de spectacles, d'en reporter le moins possible.
En raison du couvre-feu, l'horaire sera communiqué ultérieurement, notamment, sur le site internet www.box.fr
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