Fêter Pâques en Limousin : meringues, pâté et cornue au menu

En Limousin, les fêtes des Rameaux et de Pâques sont marquées par des traditions... gourmandes !

Si le dimanche des Rameaux, cette année le 10 avril, est moins célébré que celui de Pâques, le 17 avril, il n'en demeure pas moins un temps important pour les catholiques. En effet, six jours avant la fête de la Pâque juive, Jésus vient à Jérusalem. La foule l'acclame lors de son entrée dans la ville. Elle a tapissé le sol de manteaux et de rameaux verts, formant comme un chemin royal en son honneur. C'est en mémoire de ce jour que les catholiques portent des rameaux (de buis, d'olivier, de laurier ou de palmier), qui une fois bénis pendant la messe, sont rapportés dans les maisons pour les protéger pendant toute l'année. En Haute-Vienne comme dans d'autres régions, ces bouquets de buis peuvent être ornés de rubans et de petits sujets parfois en chocolat. Mais à Limoges, la particularité des Rameaux, ce sont des guirlandes de meringues colorées (souvent roses ou blanches et parfois parfumées à la fleur d'oranger) accrochées aux bouquets de buis pour les faire bénir pendant la messe et que les enfants mangent dès la sortie de l'église ! Si à l'origine, elles se dégustaient en famille après l'office, beaucoup les achètent aujourd'hui pour décorer la table du week-end pascal.

Pâté

Le pâté de Pâques reste toujours une préparation familiale aux diverses variantes. Il s'agit d'un pâté en croûte comprenant de la viande, mais qui change de nom aux alentours des fêtes pascales, grâce à la présence d'œufs durs visibles dans la tranche, soit entier (plus joli à la coupe) soit en demi. La présence des œufs renvoie à une tradition ancienne - celle qui associe les œufs, symboles de la naissance, à la fête de Pâques. L'œuf, longtemps interdit pendant le Carême, « revient » avec la viande à Pâques et marque ainsi la fin de la période de jeûne.

Si les recettes sont multiples, la version traditionnelle de la farce se compose à parts égales de porc (jambon et gorge) et de veau (noix), avec échalote, persil, épices ; mais la chair à saucisse est de nos jours couramment utilisée. La pâte est le plus souvent feuilletée, même si à l'origine elle était brisée. Certains la préfèrent briochée.

Une des nombreuses légendes sur le pâté de Pâques raconte que « si vous consommez un pâté fait avec des œufs pondus le Vendredi Saint, vous serez protégés pour un an des morsures de serpents ».

Cornue

Pour finir, une touche sucrée avec la cornue. Parmi les spécialités autour de la fête de Pâques, on trouvait des brioches partout en Europe. La cornue se fait en Limousin pour le jour des Rameaux, mais on peut la déguster jusqu'à deux semaines après Pâques. Sa forme est plutôt spéciale avec ses trois cornes. Autrefois, l'une des cornes était plus allongée que les autres, ce qui lui donnait une forme phallique très en accord avec les rites de fertilité-fécondité. Les femmes qui désiraient tomber enceintes dans l'année allaient la faire bénir. Cette forme n'est pas sans rappeler les fêtes païennes de la fertilité que célébraient les Limougeauds au printemps, avant l'arrivée de saint Martial et la christianisation du Limousin.

Au XVIII^e siècle, l'Évêque de Limoges a demandé aux boulangers de « moraliser » les cornues, en raccourcissant la plus longue des trois cornes, en faisant ainsi référence à la Trinité.