Comment se porte l'artisanat néoaquitain ?
Gérard Gomez, le président de la Chambre de métiers et de l'artisanat de Nouvelle-Aquitaine (CMA NA) vient de présenter les résultats d'une vaste enquête de conjoncture réalisée par ses services, ainsi que les chiffres clés du secteur.
«En décembre, un peu plus de la moitié des dirigeants d'entreprises artisanales néoaquitaines abordaient 2023 avec confiance. Cette tendance est légèrement plus marquée chez les plus jeunes qui sont près de 60 % à se montrer optimistes. Le secteur alimentaire est nettement plus pessimiste avec seulement 40,9 % de confiants sur l'avenir de leur entreprise », a souligné Gérard Gomez, le président de la CMA NA.
Il a, par la suite, dévoilé les principaux enseignements de l'enquête qui sont les suivants : maintien et développement de la clientèle, qui reste le premier défi à relever pour les artisans dans le contexte inflationniste actuel ; augmentations du coût des matières premières (66 %) et des transports (61 %), qui sont les deux principales difficultés des entreprises artisanales ; secteur de l'alimentaire qui est particulièrement touché par l'envolée des tarifs de l'énergie (83 %) et plus spécifiquement celle l'électricité (79,8 %). 66,6 % des artisans se disent en situation de fragilité financière, dont 38,2 % en situation critique pour la survie de leur entreprise et seulement 11,8 % envisagent de réduire leurs effectifs salariés.
Chiffres clés
La création d'entreprise est toujours dynamique en 2022. Le volume des entreprises artisanales en activité a augmenté de 9 % par rapport à l'année précédente. Elles sont en effet 193 300 en ce début 2023, contre 178 900 un an plus tôt. En nombre d'établissements, le cap des 200 000 a été dépassé.
On observe toujours une forte dynamique entrepreneuriale mais celle-ci est légèrement inférieure à l'année précédente, avec 24 800 immatriculations au lieu de 25 033 en 2021, marquant peut-être l'amorçage d'un plateau de stagnation.
Les créations sont toujours dominées par les métiers des services (43 % des créations contre 40 % en 2019), suivi par ceux du bâtiment qui subit une baisse de 5 % (30,5 % au lieu de 36 % en 2021).
Les services en tête
Pour la deuxième année consécutive, le secteur des services conserve sa première place. Il creuse l'écart en totalisant 37,4 % des entreprises, suivi de près par le secteur du bâtiment (35,98 %). Ce dernier a été pendant très longtemps le premier secteur d'activité artisanale. La production occupe la 3e place (14,98 %) tout en progressant légèrement. L'alimentation arrive enfin en 4e position avec 10,56 %, marquant le pas après plusieurs années de croissance (-0,2 %).
Rajeunissement de l'artisanat ?
L'âge moyen des artisans néoaquitains est de presque 46 ans (45,7 précisément), soit près d'un an de moins par rapport au bilan précédent, conséquence probable de la croissance des microentreprises. Les « digital natives » (générations Y et Z nées avec l'avènement du web et des réseaux sociaux) continuent d'augmenter (42,2 % des effectifs contre 40,4 en 2021). La proportion des plus de 55 ans baisse de près de 1,5 %. Pour autant, la transmission des entreprises reste une préoccupation majeure.
Progression des femmes
Actuellement, 29 % des entreprises sont dirigées par des femmes. Cette proportion, identique à 2021, stagne alors qu'une lente progression était observée depuis une dizaine d'années.
Radiations
Une augmentation sensible du nombre de radiations d'entreprises a été constatée : +17 % par rapport à l'année précédente. On observe cette tendance depuis début 2021, mais elle s'est accélérée en 2022 pour dépasser le niveau de 2019. Il s'agit là d'un vrai signal d'alerte alors que des aides sont toujours en vigueur.
Apprentissage
Le nombre d'apprentis continue de progresser dans l'artisanat. Les centres de formation de la CMA Nouvelle-Aquitaine comptent désormais 12 107 apprentis, soit une augmentation de 3 % par rapport à 2021. Cette croissance s'avère toutefois moins forte que les années précédentes. « Cela s'explique en partie par le fait que nos CFA commencent à faire le plein dans certaines filières. Les interrogations des entreprises par rapport aux aides à l'apprentissage ont également pu jouer, avec la confirmation très récente de leur maintien jusqu'en 2027, sans oublier le contexte polycrise qui a certainement freiné certains chefs d'entreprise », a précisé Gérard Gomez.
La synthèse complète de l'enquête, et des chiffres clés de l'artisanat néoaquitain : artisanat-nouvelle-aquitaine.fr/chiffrescles
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