« Toutes les équipes font un travail formidable »
En mai 2022, Pascale Mocaër a été nommée directrice générale du CHU à Limoges. Entretien près d'un an après son arrivée.
Quelle est l'organisation entre le CHU avec les hôpitaux de Saint-Junien et Saint-Yrieix-la-Perche ?
Le CHU, les centres hospitaliers de Saint-Junien et de Saint-Yrieix-la-Perche ainsi qu'un Ehpad de Rochechouart sont en direction commune. Des liens et des activités sont partagés, des médecins interviennent sur les différents établissements. Notre préoccupation est le maintien d'une offre de proximité garantie sur chacun des sites, avec des consultations et des prises en charge dans le plus grand nombre de disciplines. Au CHU, nous avons un rôle de proximité pour la population de Haute-Vienne avec des soins de recours et des soins d'expertise car nous sommes un centre hospitalier universitaire.
Quel est le projet d'établissement pour les années à venir ?
Le projet d'établissement est constitué de quatre axes principaux : l'accélération de la rénovation et de la modernisation du bâtiment Dupuytren 1 ; l'attractivité et la fidélisation des professionnels pour pouvoir renforcer les offres de soin, en proposer de nouvelles, pour pouvoir ouvrir des lits supplémentaires pour l'accueil des patients ; la transformation écologique ; et la simplification des organisations en interne pour être plus fluides et efficaces.
Quel est le planning des travaux pour Dupuytren 1 pour 2023 ?
C'est une opération longue car elle se déroule en site occupé, ce qui nécessite une préparation spécifique des différentes unités d'hospitalisation. Elle a commencé il y a sept ans et elle doit s'accélérer en 2023. Nous avons déjà reconstruit ailleurs l'unité centrale de production de tous les repas pour l'établissement, nous devons rebâtir une cuisine relais sécurisée. Nous avons enlevé tous les magasins, nous devons déplacer les archives. Des travaux sur les transports automatisés pour la livraison des services vont être réalisés. En 2023, le garage du SMUR sera réaménagé afin de lancer par la suite le chantier d'extension de la réanimation. Enfin, nous allons mener des « opérations tiroir » : avant de démarrer la rénovation des étages les uns après les autres, il nous faut libérer et rendre disponibles les 7e et 8e étages, avec des déménagements d'unités qui sont réinstallées provisoirement dans des locaux rénovés.
En 2024, sont programmés les travaux d'extension de la réanimation (soins critiques), les urgences, les façades.
Quel est le budget alloué à ces travaux ?
L'enveloppe dédiée à la rénovation de Dupuytren 1 pour les prochaines années est de 270 M€. Celle pour l'ensemble des investissements au CHU (travaux, équipements, systèmes d'information, matériels...) avoisine les 500 M€.
Qu'en est-il de l'achat des équipements et des plateaux techniques ?
Dans ce plan pluriannuel, l'acquisition d'équipements est bien évidemment prévue. Déjà l'an passé, nous nous sommes dotés de nouveaux accélérateurs de radiothérapie, de TEP scan... Nous sommes en cours de changement de système de numérisation des lames d'anatomopathologie.
Sommes-nous sous-dotés au vu des délais pour obtenir un rendez-vous pour un scanner ou une IRM ?
Le projet régional de santé, en cours d'élaboration pour les cinq prochaines années, comporte une partie sur les implantations, qui devraient être plus nombreuses à la suite d'une réforme. Dans les deux à trois ans, nous aimerions disposer d'un nouvel appareil d'IRM.
Quelles sont les actions phares mises en œuvre en matière de développement durable ?
Nous portons une responsabilité forte en tant qu'établissement de santé. En France, le système de santé est à l'origine de 8 % des émissions de CO2. Actuellement, un plan de développement durable est en train de se structurer et nous avons adopté un plan de sobriété énergétique. Des mesures ont été prises à court et moyen terme comme des façades mieux isolées, des lampes leds, la sensibilisation aux éco-gestes, une meilleure gestion des gaz médicaux... Une réflexion va être approfondie sur le choix des médicaments, leurs emballages. Le CHU produit 700 tonnes de déchets médicaux par an qu'il traite sur place. Nous avons donc des marges d'amélioration et de réduction.
Quelle est la stratégie du CHU pour être attractif en termes de recrutements ?
Aujourd'hui, nos besoins sont plus importants que nos recrutements avec environ une soixantaine de postes d'infirmiers vacants et une quarantaine pour les aides-soignants. Nous avons lancé en septembre dernier un plan d'attractivité et de fidélisation afin de pouvoir faciliter les recrutements en priorité pour les métiers du soin (infirmiers, aides-soignants...) avec des contrats à durée indéterminée et la titularisation dans un délai de six mois, c'est-à-dire l'accès au statut de fonctionnaire. En 2022, nous avons doublé le nombre planifié de titularisations. Nous travaillons également sur les conditions de travail afin de pouvoir mieux articuler vie privée et professionnelle, avec par exemple, le plus grand respect des plannings établis en amont en faisant appel à du remplacement en cas d'absentéisme et à des équipes de suppléance pour éviter de rappeler des agents.
Comme à l'échelon national, des tensions existent pour les médecins anesthésistes, les urgentistes... même si nous recrutons aussi des gériatres !
Justement, cet été, certains services d'urgences ont été obligés de fermer des lits voire leurs portes faute de personnel. Quel est l'état des lieux à Limoges ?
À l'instar de toutes celles de l'établissement, les équipes des urgences font un travail formidable. Avec des disponibilités en lits réduites, des patients peuvent rester bien trop longtemps, selon nous, sur des brancards. Malgré tout, les équipes sont vigilantes à l'état de santé du patient avec une prise en charge immédiate des urgences vitales. Dès son arrivée, un premier contact/bilan est établi pour l'orienter.
Nous essayons d'agir sur le parcours du patient dans son ensemble avec tous les acteurs libéraux, notamment pour le maintien à domicile des personnes âgées. Puis, le centre 15 oriente au mieux les patients. L'effet saturation est souvent dû au manque de lits en aval des urgences, dans les services de médecine ou de chirurgie, où des patients demeurent plus longtemps que prévu car ils attendent une place en soins de suite et de réadaptation (SSR), en unités de soins de longue durée (USLD), ou en Ehpad.
Quid du projet médical ?
Dans le cadre des orientations stratégiques pour le projet médical, l'ensemble de la communauté hospitalière va se rapprocher des médecins libéraux, qui sont en première ligne avec les patients, des autres établissements publics et privés du département.
Vous êtes directrice générale depuis presque un an. Quelles sont vos premières impressions sur le CHU de Limoges et la vie en Haute-Vienne ?
J'ai découvert un établissement extrêmement accueillant avec des équipes qui ont eu à cœur de me montrer ce qu'elles faisaient avec beaucoup de fierté, ainsi qu'une région que je ne connaissais pas et que je sillonne... Le CHU est un établissement certes important qui compte 6 500 salariés, en étant le premier employeur du Limousin, mais qui laisse une proximité humaine très agréable.
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