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Alimentation bio : La filière sous tension... (Dossier spécial bio/développement durable)

07h00 - 20 avril 2023 - par Info Haute-Vienne
Alimentation bio : La filière sous tension... (Dossier spécial bio/développement durable)
En grandes surfaces traditionnelles, les achats de produits bios ont chuté de -10,8 % en octobre 2022 par rapport à 2021

LE RENDEZ-VOUS CONSO. Conséquence de l'inflation, les achats de produits bios reculent dans les supermarchés, au risque de fragiliser toute la filière. Le soutien des pouvoirs publics reste insuffisant.

Après plusieurs années de croissance à deux chiffres, la filière bio bute sur le mur de l'inflation. Depuis plusieurs mois, les consommateurs délaissent ce label pour se tourner vers des produits moins onéreux. « C'est difficile, en particulier pour les filières d'élevage et les fruits et légumes, reconnaît l'un des acteurs de la filière. Et l'année 2023 sera compliquée... ».

DU MÉNAGE DANS L'OFFRE

Même si la hausse des prix s'est avérée moins forte qu'en conventionnel (le bio étant moins exposé aux aléas du marché mondial), les tarifs atteints sont dissuasifs pour une partie de sa clientèle.

Depuis des mois, les consommateurs délaissent donc ce label, pour se rabattre sur les aliments premiers prix et les marques de distributeurs, et les enseignes n'ont pas hésité à retirer des linéaires une partie de l'offre en bio pour laisser davantage de place aux promotions. Une partie des distributeurs met aussi à profit ce reflux pour faire le ménage dans une offre bio devenue pléthorique, et retirer les références qui se vendent mal. Or, qui dit moins d'offres, dit moins d'achats.

Moins visibles, plus chers... La sanction a été immédiate : en grandes surfaces traditionnelles, les achats de produits bios ont décroché dès 2021. Le recul s'est accentué progressivement, pour atteindre -10,8 % en octobre 2022 par rapport à 2021. Dans les enseignes spécialisées bio, c'est même le plongeon à -16 %. Quoique tous les réseaux ne souffrent pas autant. Si le panier moyen a reculé de 3 % dans le réseau Biocoop, la fréquentation a crû de 1,2 %, un « signal faible mais positif ».

CONCURRENCE DÉLOYALE

Le prix n'est pas la seule explication. « Depuis dix ans, des alternatives non bio, mais pas non plus conventionnelles, et qui sont moins chères, sont apparues, a souligné le directeur général de Système U. À la suite du Covid, et aux inquiétudes sur l'approvisionnement, la production locale est devenue un critère fondamental ». On peut citer aussi le lancement du label HVE (Haute valeur environnementale) et les « sans résidus de pesticides » ou « zéro pesticide », qui semblent offrir les mêmes protections que le bio vis-à-vis des traitements de synthèse, alors que ce n'est pas le cas sur les pollutions environnementales.

C'est surtout cette « confusion des labels, à la sortie du Covid, notamment avec l'essor du local non bio » qui est à l'origine de la crise, que l'inflation n'a fait qu'amplifier. « Les consommateurs sont perdus face à la multiplication des logos, ce qui induit une perte de confiance ».

LES INTÉRÊTS DU BIO

Les acteurs de la filière font aussi leur introspection. Jusqu'à présent, le débouché était assuré. Désormais, ils doivent aller plus loin dans la cohérence de leur offre (moins d'imports, d'emballages, de produits ultra-transformés, davantage de goût...). Et développer une communication plus claire et offensive. En attendant des jours meilleurs, les acteurs de la filière font donc le dos rond. Il faut rappeler à quel point le bio est l'un des outils indispensables face à la crise climatique et l'effondrement de la biodiversité.

(Avec le site quechoisir.org)

Jacques Robert UFC-Que Choisir de la Haute-Vienne Contact : 05.55.33.37.32. Site web : hautevienne.ufcquechoisir.fr Facebook : www.facebook.com/ufchautevienne

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