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« Si les mairies ne payent pas leur redevance, la fourrière fermera au 1er juin »

21h15 - 18 avril 2023 - par Info Haute-Vienne
« Si les mairies ne payent pas leur redevance, la fourrière fermera au 1er juin »
Près d'un millier de chiens ont été accueillis et adoptés en 2022 (fourrière + refuge)

Face à son déficit financier, dont elle n'est pas responsable, la SPA de la Haute-Vienne lance un SOS, relayé depuis le 24 mars sur les réseaux sociaux. Interview de Jean-Guy Donnart, son président.

Pourquoi la situation financière de la SPA de la Haute-Vienne est-elle catastrophique ?

Le déficit provient de l'activité fourrière, cette dernière étant financée par une redevance municipale payée en conséquence par les mairies. C'est une mission de service public assurée par la SPA depuis 1987. Or, cette redevance est extrêmement faible et ne correspond pas à la réalité. Lorsqu'elle est honorée, elle l'est relativement tard dans l'année, en septembre ou octobre, et donc nous avançons les fonds. Aussi, tous les ans, nous accusons un déficit structurel, systémique. Pour 2022, il s'élève à 170 000 €, uniquement 70 000 € ayant été versés par les communes. Le refuge, qui est une association loi 1901 à but non lucratif, a dû et doit combler ce déficit après l'accord des membres en assemblée générale. Nous avions un « matelas » dans la comptabilité du refuge provenant de dons, de legs, de successions... qui sont en très forte baisse. Néanmoins, depuis quelques mois, force est de reconnaître que certaines mairies comprennent qu'il s'agit d'une obligation.

Justement, disposez-vous de moyens coercitifs pour contraindre les communes à payer la redevance ?

La loi ! Nous avons décidé d'une augmentation, mais il s'agit de centimes d'euros : la redevance est passée de 0,63 € à 0,98 € par habitant. C'est l'un des tarifs les plus bas de France. Dans l'idéal, il faudrait 1,40 € par habitant pour être à l'équilibre... Certes, la hausse est de 55 % mais c'est tellement faible, ce ne sont que des centimes. Les 196 mairies haut-viennoises représentent 400 000 € : pour 2023, seuls 55 000 € ont, pour l'heure, été payés, et on peut remarquer que les petites communes sont plutôt les bonnes élèves en réglant rapidement. Or, si nous ne parvenons pas à davantage stabiliser les comptes de la fourrière, nous serons forcés soit de limiter drastiquement le nombre d'animaux, soit de licencier, soit de fermer la fourrière. Or, il est obligatoire de posséder un « service fourrière »*...

Accueillir moins d'animaux : est-ce possible ?

En fait, la fourrière alimente le refuge. Les chiens et les chats demeurent 10 jours en fourrière. S'ils ne sont pas réclamés, ce délai écoulé, ils basculent au refuge... sans changer de box !

Mais le refuge affiche toujours complet ?

D'autant que nous enregistrons de nombreux abandons pour des raisons économiques, quasiment un par jour : les propriétaires ne peuvent plus s'occuper d'un chien malade, âgé, ou simplement acheter la nourriture.

D'ailleurs, la SPA est également confrontée à l'inflation et à la flambée de l'énergie...

Tout à fait, la facture de chauffage est de 12 000 €/mois pour l'hiver contre 5 000 €/mois l'an dernier. Le prix des croquettes a doublé, celui des frais vétérinaires a augmenté de 80 %.

Avez-vous prévu des actions de sensibilisation ou de pédagogie auprès des mairies récalcitrantes ?

Nous menons des campagnes de communication. Des cagnottes ont été lancées... Puis, nous rencontrons des institutions, des personnalités afin de bien expliquer la situation, de donner la bonne information.

Concrètement si au 1er juin, il n'y a pas une amélioration flagrante de la trésorerie, la SPA de la Haute-Vienne n'assurera plus sa mission de service public fourrière ?

Nous avons, effectivement, arrêté la date du 1er juin avec le risque de licenciement des 16 salariés. Il nous faudra peut-être dispatcher les animaux dans de bonnes conditions, sachant toutefois que les autres refuges sont dans la même situation que nous. Je suis le président de la Confédération nationale des 170 fourrières, et je peux témoigner de problèmes identiques au niveau français. Cependant, certains appliquent des tarifs plus élevés jusqu'à 1,50 € par habitant. Les fourrières privées pratiquent même 2,50 €. À titre d'exemple, Brive-la-Gaillarde en Corrèze nous sollicite tous les ans pour adhérer à notre fourrière en nous versant 2 € par habitant car ils ne s'en sortent pas !

* Le cas échéant, elles devront faire appel à une entreprise en régie qui ne s'engagera pas nécessairement sur du 24 heures/24.

En chiffres Accueil à la SPA 87 en 2022 : 985 chiens 1 300 chats (fourrière + refuge)

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