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Avant tout, l'envie d'aider les autres

20h00 - 16 mai 2023 - par Info Haute-Vienne
Avant tout, l'envie d'aider les autres
Seuls 6,5% des « sorties » concernent des incendies

Peu le savent... même dans les casernes, cette journée est mal ou pas connue. Le 4 mai, les sapeurs- pompiers sont à l'honneur lors d'une Journée internationale qui leur est dédiée. L'occasion de s'intéresser aux volontaires, qui sont 836 en Haute-Vienne.

Le 4 mai : pourquoi cette date ? À la suite de la mort de cinq pompiers dans un incendie dans le bush australien le 4 janvier 1999. Aussi, le 4 mai, jour de la Saint-Florian honorant le saint patron des pompiers, a été retenu pour commémorer leur disparition et célébrer le courage des hommes du feu.

En France, l'été dernier, ils ont fait la « Une » et étaient malgré eux les héros d'une saison estivale marquée par des incendies destructeurs qui ont défiguré la France, notamment le Sud-Ouest.

Au-delà de ces sinistres hors norme qu'on espère « exceptionnels » tant pour les forêts que pour les populations et pour ceux qui n'ont manqué ni de force ni de courage pour lutter contre les flammes ravageuses, les sapeurs-pompiers font partie de notre quotidien. Qui n'a jamais eu affaire à eux ? Qui n'a jamais fait le 18 ou le 112 ?

En Haute-Vienne, ces numéros ont été composés 117 953 fois en 2022, ce qui a déclenché 21 104 interventions mobilisant les 30 centres d'incendie et de secours du département, découpé en 5 secteurs. L'année dernière, 66,5 % des « sorties » relevaient du secours à personne, 13,5 % concernaient l'aide aux personnes, 6,5 % les accidents de circulation, 6,5 % les incendies, 4 % pour des opérations diverses, 1,5 % pour de la protection de biens et 1,5 % pour des risques technologiques.

RESSOURCES HUMAINES

Outre 95 SSSM (membres de la sous-direction santé) et 55 PATS (personnels administratifs et techniques spécialisés), le SDIS 87 compte 210 sapeurs-pompiers professionnels (8 % de femmes) et 836 sapeurs-pompiers volontaires (29 % de femmes, la Haute-Vienne étant l'un des départements avec l'effectif féminin le plus important à l'échelon national).

Mais qui sont ces « volontaires » ? Ces femmes et ces hommes qui donnent de leur temps dans un engagement citoyen pour « sauver des vies » parfois au péril de la leur ? Existe-t-il une crise des vocations guidée par une tendance prononcée à l'individualisme qui aujourd'hui semble être légion dans notre société ?

« Il n'y a pas de profil type et les motivations des SPV sont multiples : outre la tenue et le camion qui remontent à l'enfance, tous ont en commun l'envie d'aider, d'appartenir à une aventure humaine et collective. Même si la vocation comme les mentalités évoluent, tous s'inscrivent dans une démarche de secours à autrui tout en faisant partie d'une équipe », explique le capitaine Antoine Léonet, chargé du volontariat pour le SDIS 87.

« Nous ne pouvons pas dire que nous manquons de sapeurs-pompiers volontaires, mais nous accusons un fort turnover chez les jeunes adultes qui sont mobiles pour leurs études. Mais une fois fixés/stabilisés, la plupart du temps, ils reviennent vers nous. La situation à Limoges et dans les centres en zone rurale est différente, à l'instar de Pierre-Buffière et de Bessines-sur-Gartempe, ces communes le long de l'A20, avec des habitants qui fréquemment travaillent à Limoges », note Sophie Vignerie, responsable de la communication.

DISPONIBILITÉ

Car, c'est bien là que le bât blesse. Les actifs ne sont pas ou peu disponibles en journée et en semaine. L'une des missions du capitaine Léonet est donc d'accompagner les SPV dans le lien avec leur employeur pour leur permettre de conjuguer leur activité de pompier et leur travail. « Généralement, les employeurs font preuve de bienveillance. Être acteur de la sécurité civile en donnant du temps est un atout pour une entreprise tout en ayant du personnel formé en son sein. Il y a d'autant moins de difficultés à faire valider l'accord quand le salarié est déjà sérieux et investi. Dans les campagnes, même les agriculteurs, qui n'ont souvent qu'un seul employé, signent en nous confiant : ''On ne veut pas perdre nos pompiers. On perd déjà tout...''. En deux ans et demi, près de 120 conventions ont été conclues, avec un taux de moins de 5 % de refus ».

ENGAGEMENT DIFFÉRENCIÉ

Parfois le feu et la possibilité de mourir dans une maison en flammes, font peur, même si la réalité du terrain est bien loin des mises en scène spectaculaires des productions américaines comme Backdraft au cinéma et Chicago Fire ou New York 911 à la télévision. Aussi, le SDIS 87 recrute « différemment » avec un « engagement différencié pour ceux qui ont envie de devenir sapeur-pompier volontaire sans être formé à l'incendie car ils ne s'en sentent pas capables, en exerçant uniquement les missions de secouriste ». Le capitaine Léonet précise néanmoins : « Le risque zéro n'existe pas, même si nous sommes ultra-formés (N.D.L.R. : 63.059 heures de formation hors entraînements techniques ont été suivies en 2022), avec des procédures à respecter afin de garantir une sécurité maximale ».

JSP

Ils sont jeunes et déjà motivés. Leurs week-ends ne sont consacrés ni aux copains, ni aux consoles : en 2022, les cinq écoles de la Haute-Vienne (Ambazac, Bellac, Pierre-Buffière, Rochechouart, Saint-Léonard-de-Noblat, plus Nexon en construction) regroupaient 169 Jeunes Sapeurs-Pompiers, dont 97 garçons et 72 filles, encadrés par 28 animateurs. Dans le département, dès 13 ans et jusqu'à 16 ans, on peut être JSP, qui constituent un vrai vivier de recrutement. Formés au PSC1 (gestes de premiers secours), ils valident par la suite le brevet national de jeunes sapeurs-pompiers, pour pouvoir être opérationnels aux côtés d'un parrain.

Envie de devenir sapeur-pompier volontaire ? De nombreuses journées portes-ouvertes sont organisées avec l'opportunité de rencontrer les chefs de centre, les présidents des amicales... afin que « Courage et dévouement », la devise des pompiers français, soit vôtre.

Le capitaine Antoine Léonet a rejoint l'équipe de l'émission « Vous êtes formidables » sur France 3 Nouvelle-Aquitaine. Il interviendra le 24 mai pour évoquer la formation des sapeurs-pompiers volontaires.

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