La « vélorution » est-elle en marche ?

Le 3 juin est une journée internationale dédiée au vélo. L'occasion de s'interroger sur sa pratique à Limoges, où certains dénoncent des conditions de circulation peu faciles.

«On est parti de très loin voire de zéro en 2014 », lance Jean-Marie Lagedamont, vice-président à Limoges Métropole en charge du Plan de déplacement urbain, plan vélo, infrastructures véhicules électriques, logistique urbaine, feux de trafic.

Le Plan de déplacement urbain (PDU) prévoit d'ici 2030 la répartition suivante : 29 % de marche, 13 % d'utilisation des transports en commun, et 4 % à vélo. Une belle ambition que la communauté urbaine risque de ne pas avoir atteinte dans les dix ans, mais « nous avançons très rapidement », se félicite-t-il.

SDIAC

En 2016, afin d'encourager la pratique du vélo, Limoges Métropole a approuvé le Schéma directeur intercommunal des aménagements cyclables (SDIAC), visant à relier les différentes communes de la communauté urbaine entre elles. Seulement 400 km de pistes cyclables avaient été recensés sur le territoire. Depuis, plus de 70 km supplémentaires ont été effectués.

« La période du COVID nous a bien aidés avec la création de pistes cyclables provisoires avec des bandes jaunes qui ont été pérennisées avec des bandes blanches », confie l'élu. À Limoges, les boulevards font actuellement l'objet de travaux en trois phases (bas avenue Baudin > rue François-Perrin, rue François-Perrin > carrefour d'Oradour-sur-Glane, carrefour d'Oradour-sur-Glane > Beaublanc) afin de connecter tous les sites universitaires.

L'enveloppe du SDIAC a été doublée en 2020, passant de 500 000 € à 1 M€, afin de concevoir davantage d'aménagements cyclables et prioriser les liaisons entre Limoges et les communes limitrophes notamment pour les déplacements domicile-travail à vélo. En 2023, la réalisation de 4,4 km en plus, pour un budget de deux millions d'euros, a été approuvée et répartie sur les communes de Boisseuil, Le Vigen, Feytiat, Couzeix, Le Palais-sur-Vienne, Isle et Limoges.

DOUBLE SENS VÉLO

À Limoges, dans les rues à sens unique qui se situent à l'intérieur du boulevard périphérique - zone limitée à 30 km/h, les vélos sont autorisés à circuler en sens inverse. Ces dispositions sont transcrites dans un arrêté municipal. 220 rues sont concernées. Afin de clarifier les aménagements, la ville est en train d'installer des panneaux et des marquages au sol dans les 170 rues où le double-sens cyclable ne sera pas interdit. « Un chantier qui avance à vitesse grand V, une quarantaine de rues étant déjà pourvue », se réjouit Jean-Marie Lagedamont, qui se veut rassurant en précisant que le stationnement n'a pas été entamé.

RÉNOVATION

La loi d'orientation des mobilités de 2019 prévoit que la rénovation d'une rue/route doit être accompagnée d'un aménagement cyclable, comme cela a été fait sur la chaussée boulevard de Fleurus, boulevard Robert-Schuman...

DOLÉANCES

Pourtant même si Véli-Vélo est un interlocuteur privilégié de Limoges Métropole, l'association conserve des revendications. Aymeric Moulin, son président, dénonce une politique pas suffisamment volontaire et surtout pas assez rapide dans l'exécution des réalisations sur le terrain de la part des collectivités tant communauté urbaine que mairie, « la voiture étant prise en compte comme le mode de transport prioritaire, certains aménagements sont différés ou éludés pour éviter les oppositions. Il faudrait faire davantage de place au vélo ». Il souligne qu'« afin de rattraper le retard par rapport à des villes comme Bordeaux ou Nantes, il faudrait beaucoup d'investissements et de... courage ».

Autre collectivité à recevoir quelques doléances : le Département de la Haute-Vienne, gérant les routes départementales, est « plus intéressé par le vélo touristique comme autour du lac de Saint-Pardoux que par le vélo utile », selon Aymeric Moulin.

Enfin, il porte une salve de récriminations contre certains automobilistes qui ne font pas attention à ce qui se passent autour de leur véhicule (une portière ouverte sans contrôle dans le rétroviseur). D'où la nécessité d'être équipé pour être vu, l'association ayant un partenariat avec la Prévention routière dans le cadre du Plan départemental d'actions de sécurité routière (PDASR) pour rendre les vêtements et les accessoires moins onéreux.

POINTS NOIRS

Même s'il faut admettre que des efforts sont accomplis pour favoriser la circulation et la sécurité des bicyclettes, des points noirs demeurent, notamment aux carrefours comme, à Limoges, celui de la place Winston-Churchill, la place d'Aine en direction de la place Denis-Dussoubs, ou encore celui après le pont Georges-Guingouin vers le centre-ville, rue Armand-Dutreix au niveau du passage du chemin de fer, ainsi que la zone nord, où une sortie dominicale a été organisée « la semaine, ce ne serait pas possible, hormis si vous avez des envies suicidaires ».

« On s'interroge : comment passer ? Bien sûr, nous avons quelques ''astuces'' pas forcément légales en empruntant les passages piétons », avoue-t-il. En cœur de ville, la zone à 30 km/h est une bonne initiative où cohabitent les voitures, les vélos et les piétons.

Une dernière demande pour la route ? « Que Limoges soit comme les Pays-Bas ou comme la Scandinavie ! »