L'UFC-Que Choisir de la Haute-Vienne mobilisée contre « la fuite en avant ! »
VOTRE RENDEZ-VOUS CONSO Alors que le ministère de la Transition écologique indique que notre département subira probablement une nouvelle sécheresse cet été, l'UFC-Que Choisir dénonce aujourd'hui « La fuite en avant ! » pour alerter sur le niveau préoccupant des pertes d'eau potable en Haute-Vienne.
L'impact de l'évolution climatique se fait désormais sentir de manière très concrète sur l'approvisionnement en eau. L'été dernier, le département de la Haute-Vienne a été officiellement placé en situation de crise entraînant dans certaines zones un arrêt total de l'irrigation et des usages d'eau non prioritaires.
Les climatologues et les hydrologues indiquent que la recharge des nappes phréatiques devrait baisser en moyenne de 10 % à 25 % 1 et qu'elle risque d'être particulièrement marquée dans le bassin de la Loire-Bretagne (-25 % à -30 %).
Les débits moyens des fleuves pourraient être réduits de 10 % à 40 % sur l'ensemble de l'année. Quant aux débits estivaux des fleuves, ils pourraient être réduits de 30 % à 60 %...
UN TIERS PERDU
Sur l'ensemble du département, 13,80 % de l'eau potable sont perdus à cause des fuites de canalisation2, soit un taux de fuite inférieur à la moyenne nationale qui est d'un litre sur 5 perdu (19,9 %). Ces pertes représentent, chaque année, l'équivalent de la consommation en eau du tiers de la consommation annuelle de Limoges. À noter que 45 % des communes ne donnant aucune information sur leur niveau de perte dans la base de données nationale, le niveau de pertes réel du département est probablement plus élevé que cette valeur.
Les canalisations aux matériaux fragiles (fonte grise, PVC collé, amiante-ciment) représentent en effet plus de la moitié (55 %) du réseau français et une grande partie d'entre elles a déjà dépassé l'âge où elles auraient dû être remplacées.
En 2019 les Assises de l'Eau ont fixé l'objectif de renouveler 1 % du réseau national par an. Mais dans la Haute-Vienne, 100 % des communes sont en dessous de cet objectif national.
RÉNOVATION DES RÉSEAUX
Avec la suppression totale en 2016 de l'aide en matière d'ingénierie apportée par les services de l'État (connaissance de l'état des réseaux, programmation des travaux, maîtrise d'ouvrage...), les communes sont désormais seules responsables de l'entretien des réseaux. Si les grandes et moyennes collectivités peuvent être en capacité de mobiliser les moyens humains et financiers pour assurer la gestion de leur réseau, tel n'est pas le cas des plus petites communes qui ont les plus grandes difficultés à connaître l'état de leur réseau ou à financer sa rénovation.
Quant aux aides financières, elles sont limitées par la faiblesse du budget de l'agence de l'eau de Loire-Bretagne et l'iniquité des contributions entre les différents acteurs. Alors que les utilisateurs de l'eau sont censés contribuer au financement en proportion des volumes qu'ils prélèvent dans le milieu naturel, l'agriculture ne contribue qu'à 15 % de la redevance prélèvement, alors qu'elle représente l'essentiel des consommations nettes d'eau en été.
Dans le cadre du plan Eau, le Président de la République a bien évoqué le sujet des fuites d'eau, mais pour proposer des mesures dérisoires. Alors que les experts exigent 2,5 à 3 milliards annuels, le Président a annoncé 180 millions d'euros, ciblés sur les plus petites communes... bref, une goutte d'eau !
Aussi, l'UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics un renforcement des aides de l'agence de l'eau de Loire-Bretagne aux collectivités prioritaires en termes de raréfaction de la ressource et de fuites ; une augmentation du budget de l'agence en faisant progresser les redevances prélèvement payées par les acteurs professionnels ; un développement de l'appui technique du département aux petites communes ; des objectifs plus ambitieux en termes de taux de pertes autorisés et de connaissance de l'état des réseaux par les communes.
1. Rapport Explore 70 du Bureau de Recherches Géologiques et Minières et Rapport d'information fait au nom de la délégation sénatoriale à la prospective sur l'adaptation de la France aux dérèglements climatiques à l'horizon 2050 - Sénat - Mai 2019.
2. Données annuelles des services 2021 - l'Observatoire National des Services Publics d'Eau et d'Assainissement - Juin 2023.
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