Laissez votre jardin se mettre en mouvement (Dossier bio/environnement)
En laissant les dernières floraisons monter en graine afin que les plantes se ressèment naturellement, vous permettez à votre jardin de sortir du carcan dans lequel vous le maintenez. Il y a généralement de belles surprises à la clef.
«Je n'ai pas peur de la route, faudrait voir, faut qu'on y goûte... Le vent nous portera ». Pour sûr, les plantes que le jardinier laisse se ressemer spontanément doivent chanter du Noir Désir à tue-tête. Germer ici pour fleurir, faner et se ressemer plus loin, au gré des saisons et des éléments, c'est l'aventure à chaque coin de massif dans les jardins en mouvement !
Place au naturel
Dans la nature, il n'y a pas de jardinier pour organiser la répartition des plantes. Elles se ressèment où bon leur semble et se déplacent selon les caprices du vent, des animaux ou de la pluie. Ce vagabondage n'est pas anodin, car là où une espèce germe spontanément, c'est souvent là où les conditions sont les meilleures pour elle. Laisser ce phénomène se produire dans son jardin, c'est donner aux plantes la liberté de se développer dans les zones les plus favorables. C'est aussi permettre au jardin de modifier sa structure par lui-même, de se « mettre en mouvement » selon l'expression du paysagiste Gilles Clément, qui a le premier théorisé ce concept.
Les conditions
du mouvement
Afin qu'une plante puisse se ressemer naturellement, il faut qu'elle ait le temps de fleurir, de faner et de monter en graine jusqu'à ce que ses semences tombent sur le sol. Cela implique de ne pas tailler les plantes après la floraison et de laisser les inflorescences mortes sur leur tige pendant plusieurs semaines, ce qui n'est pas toujours facile à accepter... Au printemps suivant, il faut prendre soin de procéder à des désherbages chirurgicaux afin d'identifier et de ne pas arracher les jeunes pousses que l'on souhaite préserver.
Accepter le changement
Quand on laisse une fleur se ressemer, elle se déplace généralement plus ou moins loin selon les conditions de germination qu'elle va rencontrer. Dans les jardins en mouvement, les emplacements ne sont donc pas figés, les massifs bougent et se modifient aléatoirement d'une année sur l'autre, provoquant bon nombre de surprises. On peut profiter de cet élan de liberté pour laisser également certaines fleurs sauvages s'inviter dans le jardin (coquelicots, bourrache, mauve...).
Liberté surveillée
Bien sûr, il appartient à chacun de définir la liberté de mouvement qu'il accorde à son jardin. Il n'est pas question de laisser les ronces, le chiendent ou les plantes trop invasives envahir les massifs. Il est possible de garder des zones « à mobilité réduite ou nulle » en posant des paillis minéraux sur du feutre géotextile. De même, la gestion de l'arrosage peut être un moyen de gérer des présences indésirables. Au besoin, la taille, l'arrachage et le sarclage raisonnés permettent de contrôler les velléités expansionnistes mal venues.
Les grandes voyageuses
Certaines espèces sont particulièrement enclines à se propager par semis spontanés. Ainsi, parmi les annuelles, on peut citer le coquelicot, le cosmos, le pavot de Californie, le souci, le myosotis, la nigelle de Damas... Chez les vivaces on peut compter sur le gaura, l'érigeron, la rose trémière, la valériane des jardins, la marguerite, l'agastache...
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