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Bio en Nouvelle-Aquitaine : top ou flop ? (Dossier bio/environnement)

16h55 - 21 novembre 2023 - par Info Haute-Vienne
Bio en Nouvelle-Aquitaine : top ou flop ? (Dossier bio/environnement)
Les magasins spécialisés en bio ont accusé un recul de -8,6 % en 2023

L'année 2022 a été marquée par une baisse de - 5,1 % de la consommation alimentaire des ménages. Le marché du bio n'est pas épargné avec une baisse de 4,6 %, soit près de 600 millions d'euros de perte.

Malgré ces chiffres, plus de 6 % de la consommation alimentaire des ménages est consacrée aux produits bio.

Vente directe en progression

En 2022, le recul des ventes en bio a été accéléré par une décrue importante des magasins spécialisés en bio (-8,6 %), causée par les fermetures de magasins et les disparitions d'enseignes.

La grande distribution généraliste a aussi joué un rôle dans cette baisse car elle a réduit le nombre de références bio, en rationalisant l'offre bio. En revanche, les enseignes discount réalisent une croissance de l'ordre de 11 % liée à l'augmentation de leur fréquentation avec de nouveaux consommateurs et l'accroissement de leur gamme biologique.

Locavores

La crise sanitaire a renforcé l'attrait des Français pour la proximité : volonté massive de relocalisation, renforcement de l'appétence pour les produits alimentaires locaux et les circuits courts, accroissement de la fréquentation des commerces de proximité et augmentation de leur popularité auprès des consommateurs.

Dès lors, dans une démarche de conciliation santé, qualité et responsabilité sociale et environnementale, de nombreux Français ont réorienté une partie de leur consommation alimentaire vers le local, les circuits courts et le direct producteur. Ainsi 29 % des Français interrogés affirment acheter au moins une fois par mois des produits alimentaires « direct producteur », 46 % au sein des marchés paysans, 23 % auprès de plateformes regroupant des producteurs locaux.

Cette valorisation du local concerne également les circuits de distribution classiques au sein desquels les Français sont de plus en plus attentifs à l'origine des produits alimentaires consommés. Ainsi, alors que 84 % d'entre eux indiquent faire attention à au moins une mention sur la composition des produits alimentaires lorsqu'ils font leurs achats, avec 48 % de réponses, la mention de l'origine est la plus fréquemment regardée.

Tensions inflationnistes

Lorsqu'il s'agit de choisir entre le prix et la qualité pour leurs achats alimentaires, près de la moitié des Français indiquent réaliser des arbitrages en faveur du prix. Ils sont également 46 % à avoir le sentiment de devoir se limiter pour des raisons financières sur leurs dépenses alimentaires, dont 14 % qui doivent faire face à d'importantes restrictions. Le bio pâtit particulièrement de ces contraintes. Ainsi, 83 % des Français se restreignant sur leur budget alimentaire disent éviter les produits issus de l'agriculture biologique car ils pensent qu'ils coûtent trop cher. 87 % des Français comparent toujours le prix des produits avant d'acheter. 65 % regardent le prix comme premier critère de leurs achats alimentaires. À noter également que 56 % des Français qui resserrent leur budget alimentation déclarent manger moins qu'ils ne le souhaiteraient. Et c'est notamment au sein des ménages les plus modestes que les projections de réduction de la consommation de bio sont les plus fortes.

Hausse de la consommation hors domicile

Le marché du bio dépend à 92 % de la consommation à domicile, mais le débouché de la restauration hors domicile constitue un levier majeur du développement du secteur.

Bien que les achats de produits bio des restaurants ne représentent que 2 % en 2022, ce segment connaît une hausse de 17 %.

Le marché bio de la restauration collective (sous contrat et en régie) s'élève à 445 M€ et à 270 M€ en restauration commerciale. Les denrées bio représentent 7 % des achats de la restauration collective.

En Nouvelle-Aquitaine, le Pacte-Bio instaure une obligation de 30 % de produits locaux bio (en valeur d'achat) dans la restauration scolaire publique des lycées et 25 % de produits bio dans chaque lycée.

Qui est le consommateur de bio ?

Le dernier baromètre « Consommation et Perception des produits biologiques » confirme que le bio séduit moins les consommateurs. En effet, la part de Français consommant des produits bio au moins une fois/mois a perdu 16 points entre 2021 et 2022. Le facteur prix, ainsi que le manque de confiance dans le label bio sont les principaux motifs de non-consommation évoqués.

Les consommateurs quasi-exclusifs (consommation quotidienne et part de bio > 75 %) ne représentent que 2 % de la population, mais assureraient près de 25 % de la consommation bio : ils occupent une part encore plus importante en magasins spécialisés, avec de 30 % et 40 % des ventes.

Le profil des consommateurs bio réguliers (au moins une fois par semaine) reste très marqué socialement : les CSP+ et CSP intermédiaires, et populations aisées ou les plus diplômées.

La consommation bio régulière est surtout nettement corrélée aux sensibilités politiques et environnementales (70 % proches des mouvements écologistes et 56 % des Français se disant très inquiets de la situation environnementale). Elle est également très reliée à l'attention (voire l'inquiétude) portée aux effets de l'alimentation sur la santé pour 53 % des Français.

Conversions bio en baisse

Avec + 3 % entre 2021 et 2022, le nombre de producteurs engagés en agriculture biologique continue de progresser. Cependant, après plusieurs années de fort développement, le rythme est nettement inférieur, avec un fort ralentissement des conversions.

En 2022, la Nouvelle-Aquitaine a enregistré 844 nouveaux producteurs bio (contre 1 278 en 2021). À mettre en regard des 596 arrêts d'engagement (contre 457 en 2021). Parmi ces arrêts, un tiers relève de départs à la retraite ou cession, et un tiers d'un arrêt de la certification bio. Les autres raisons sont des changements administratifs ou de structure.

En date du 1er octobre 2023, le solde entre engagements et arrêts reste positif, mais les prévisions annoncent un solde négatif à la fin de l'année d'environ - 1 %. Certaines filières sont spécifiquement impactées : les grandes cultures, les monogastriques, les ovins.

Stagnation des surfaces

Les surfaces certifiées bio, c'est-à-dire arrivées au terme de leur conversion, ont progressé de 8 % en 2022 pour atteindre 309 000 hectares. Avec les surfaces en conversion, la Nouvelle-Aquitaine compte un total de 377 800 hectares conduits selon le cahier des charges de l'agriculture biologique, soit une progression de + 0,8 % par rapport à 2021. Les surfaces conduites en bio représentent 9,7 % de la surface agricole régionale. En 2022, les surfaces en première année de conversion ont diminué de 48 % par rapport à 2021. En 2023, en considérant les surfaces engagées en 2e et 3e année conversion et le rythme des arrêts, la surface certifiée bio devrait stagner.

Toutes ces données sont issues du baromètre des produits biologiques en France, 2022 - ObSoCo pour l'Agence BIO et des dossiers réalisés dans le cadre du Mois de la bio (Bio Nouvelle-Aquitaine, Chambre d'agriculture de la NA Interbio NA).

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