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L’ours

11h26 - 27 novembre 2017 - par Info Haute-Vienne

Revoici Paddington, un nounours en peluche pas nunuche…

Paddington habite avec les Brown, sa famille adoptive, dans un joli quartier de Londres. En quête du cadeau parfait pour le centième anniversaire de sa tante Lucy, il déniche un livre très rare chez un antiquaire. Il enchaîne les petits boulots pour se l'offrir mais révèle accidentellement son existence au tragédien prétentieux Phoenix Buchanan. Paddington, accusé de vol, se retrouve en prison. Le nounours adorable, plus proche d'une peluche avec son manteau et son chapeau rouge que d'un animal sauvage, est porté par une vision optimiste du monde. Le réalisateur et scénariste Paul King a su préserver le ton badin du premier volet, tout en évitant de répéter ce qui avait déjà été réussi. « Il s'agissait de trouver de bonnes motivations pour de nouvelles aventures. Dans le précédent épisode, Paddington devait trouver un toit. Ici, ce foyer disparaît, on l'arrache à sa famille d'adoption et à sa maison. L'idée centrale était donc de retrouver son chez-soi et sa famille ».

L'adaptation des contes pour enfants de cet ours est portée par une modernité bienvenue, mais son intemporalité est préservée. Les dialogues sont spirituels, l'esprit est bon enfant et visuellement on pense beaucoup à l'univers de Wes Anderson, «The Grand Budapest Hotel» en particulier, notamment dans la représentation d'un univers carcéral farfelu et coloré ou dans la façon dont le livre animé prend vie. Sympathique et honnête, Paddington est un bricoleur inventif mais terriblement maladroit, même s'il retombe toujours sur ses pattes.

« Au départ c'est toujours difficile, avec des personnages créés en images de synthèse, de les mêler au monde réel de façon satisfaisante. Je voulais préserver l'idée de magie, et donner à Londres un air de ville de conte de fées comme on en voit dans Les Parapluies de Cherbourg ou Amélie Poulain. Et avec Paddington, on démarre toujours à petite échelle mais ensuite les péripéties s'enchaînent dans un effet boule de neige. Ça le définit bien en fait. Comment une idée toute simple, comme trouver un cadeau d'anniversaire, peut dégénérer en une suite de catastrophes et s'achever sur une improbable poursuite dans un train ».

Guillaume Gallienne en français prête à nouveau sa voix à l'ours toujours aussi accro à la marmelade à l'orange et ne cache pas son plaisir à renouer avec son vieux camarade : « Je l'ai retrouvé avec beaucoup de joie. Il y a énormément d'éléments qui nous ramènent à notre imaginaire d'enfant, avec ce champ de possibles qu'on a laissé de côté en grandissant et qu'on retrouve avec un bonheur inouï. Se mettre à l'échelle d'un livre pop-up et voir s'animer tous ces personnages figés en dessins, pouvoir monter à cheval sur un chien et bien d'autres choses de ce genre… C'est agréable de pouvoir plonger dans l'esprit de Paddington, dans son innocence, sa témérité, sa capacité de prendre par en dessous les coups durs, son enthousiasme, sa générosité… L'énorme avantage du doublage, c'est de ne pas avoir à répondre à toutes ces questions qu'on se pose lorsqu'on aborde un rôle. Dans mon cas, tout le travail a déjà été fait, c'est un cadeau. La seule chose à faire est de ne pas trahir l'esprit, d'être au plus proche de ce qui a été proposé par l'interprète de la version originale, Ben Wishaw (Q dans les derniers James Bond). J'ai essayé de suivre l'intelligence du cœur qui se dégage de sa voix, tout en respectant les variations de la langue française, le rythme des phrases n'étant pas exactement le même ».

Hugh Grant adopte la panoplie du méchant de cartoon aux motivations ridicules : financer un spectacle en solitaire, pour renouer avec sa gloire passée. Il joue avec son image et s'amuse en acteur cabotin, contraint de vendre de la pâté pour chiens pour subsister. Il se délecte ostensiblement du rôle, comme le souligne le réalisateur :

« Hugh possède une capacité d'improvisation étonnante. Nous avons passé beaucoup de temps en répétitions à travailler le scénario et à le rendre plus drôle que ce qu'il était au départ, à dénicher la moindre petite blague à incruster. Quand nous avons commencé à écrire la scène avec les mannequins, j'ignorais qu'il était capable de pouvoir faire d'autres voix au-delà de celle si particulière qui le caractérise depuis des années ».

Les jolis effets poétiques reflètent la bonhomie généralisée qui fait plaisir à voir, rares étant les films destinés aux enfants à être réellement accessibles aux plus grands. Un divertissement léger et délicieux, accessible aux grands comme aux petits, selon la formule de tradition.

Pascal Le Duff

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