RCF Limousin : l'hommage de « Vies d'En-vies » à Fred Forte
Sous le choc, Limoges a épuisé son stock de mots, de larmes, de tristesse, de sidération, de condoléances, accablée par l'inconcevable : la disparition, brutale, dimanche 31 décembre 2017, à 47 ans seulement, de Fred Forte, élément historique des vingt-cinq dernières années de la saga des basketteurs du Cercle Saint-Pierre.
Meneur emblématique des années 90, champion d'Europe en 1993 à Athènes, international à 75 reprises, celui qu'on surnomma « the Brain » (le cerveau) avait, en 2004, magnifié sa légende en sauvant de la disparition son club de cœur. Avec la casquette de président et une énergie farouche, saison après saison, il allait s'appliquer à le réinstaller à sa juste place, dans l'élite.
Ce ne fut pas simple. D'autant que, tout en apprenant son métier de dirigeant de club de haut niveau et en s'aguerrissant dans ce nouveau rôle, sur un autre terrain il dut conduire un âpre combat contre un cancer découvert alors qu'il jouait en Italie et qui le contraignit à mettre un terme à sa carrière de basketteur. C'était sans compter sur sa force de caractère, sa rage d'entreprendre et de vivre, qualités de guerrier qui l'autorisèrent à relever ce double défi assorti d'une victoire sur les deux tableaux.
Rien, pourtant, ne le prédestinait à devenir une gloire du sport.
Né à Caen d'une maman normande et d'un père italien qui fut boulanger, briquetier, maçon et magasinier, le jeune Fred Forte vint au basket dans le sillage de ses deux frères aînés Antoine et le surdoué Angelo. C'est ce dernier qui l'incita à poursuivre ses études et à persévérer dans le sport. « J'avais peu de dispositions, j'étais chétif et timide, mais un jour je me suis retrouvé au Centre fédéral à l'Insep, et là, j'ai eu la chance d'être pris en main par Michel Rat qui me trouvait quelques qualités. Moi, je n'ambitionnais que de jouer en régionale ou, au mieux, en Nationale 3, et je voulais devenir boulanger, un métier pour lequel j'ai toujours eu beaucoup d'admiration, sans doute influencé par mon père... »
Du pain, il en mangera, noir d'abord, sans qu'il en conçut d'amertume : ce fut son régime lorsque, repéré après une belle saison au Caen BC sous la férule de Dorde Andrijasevic, en 1988, à 18 ans, il débarquait à Limoges au volant de sa rustique R5 verte qu'il garait à distance du Palais des Sports de Beaublanc pour ne pas avoir la honte ! Désiré par le président Popelier qui l'avait hébergé quelques années plus tôt lors d'un stage de jeunes espoirs et adopté par Ostrowski et Dacoury, par contre il fut rejeté par le coach Gomez qui, d'entrée, lui asséna qu'il n'avait pas voulu de lui... La saison suivante, Jean Galle récupéra le proscrit et ce fut pour le plus grand bonheur de Gravelines. L'heure du pain blanc avait sonné ! Pas rancunier, en 1991, il cédait au rappel du CSP : cette fois ; il n'allait pas le regretter. La suite, ce fut la rupture en 1997 avec un départ pour le PSG-Racing, suivi de quatre saisons à la SIG, puis de deux autres en Italie dont la seconde fut écourtée pour les raisons de santé que l'on sait. C'est sur la route des vacances, en 2004, qu'il apprit la situation catastrophique du CSP. Sa vie allait changer de cap...
Après deux titres de champion de France en 2014 et 2015 suivis de deux saisons de galère, Fred Forte avait, depuis quelques semaines, retrouvé le sourire : l'équipe 2017-2018 lui plaisait et, avec la gnac qui le caractérisait, il nourrissait à nouveau plein de projets et ambitions. Et puis !...
En décembre 2013, il s'était confié comme jamais à Chris Dussuchaud dans un « Vies d'Envies » qui lui était consacré. En hommage au disparu, et dédiée à ses trois princesses Angiolina, Vittoria et Josepha et à Céline leur mère, à sa maman Solange, et à Julie, cette émission sera rediffusée jeudi et dimanche.
« Vies d'Envies », de Chris Dussuchaud, sur RCF Limousin : jeudi 11 janvier de 20 h à 22 h, et rediffusion dimanche 14 de 16 h à 18 h (99.6 à Limoges, 100.2 à St-Yrieix, 107.4 à Bellac, 105.8 à St-Junien, 95.8 à Guéret, 89.4 à Aurillac, 91.4 à Brive, 106.9 à Tulle et Egletons, 89.3 à Argentat, 102 à Ussel).
Photo © Philippe PECHER.
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