RCF Limousin : un « Vies d'Envies » dédié à Pierre Debauche

[caption id="attachment_229604" align="aligncenter" width="800"] Pierre Debauche et Carole Bouquet lors d'une répétition en 2009.[/caption] Limoges porte le deuil : fin décembre, à huit jours d'intervalle, la capitale des arts du feu a vu disparaître deux piliers qui auront puissamment et talentueusement contribué à sa notoriété, chacun à leur manière et chacun dans leur registre. Le 31 décembre, foudroyé par un arrêt cardiaque à son domicile, c'est Fred Forte, emblématique figure du CSP qui, à 47 ans, disparaissait, aussi brutalement que prématurément, foudroyé par un infarctus, plongeant le peuple du basket dans la sidération et l'accablement. Huit jours plus tôt, le 23 décembre à Agen, c'est Pierre Debauche, 87 printemps, qui avait tiré sa révérence après une vie entière consacrée au théâtre ; pas un Limougeaud épris de culture ne peut ignorer le rôle que cet infatigable bâtisseur et passeur joua dès à son arrivée en 1983 à la tête du Centre dramatique national du Limousin, une structure alors sans lieu de résidence, sans ancrage, sans nid ! Il ferrailla ferme, allant même, face à l'inertie, jusqu'à lancer une souscription pour financer la création d'une salle sur les bords de la Vienne, ce qui eut l'heur de déplaire souverainement au maire de l'époque qu'une ardente association de défense réussit à ramener à la raison en obtenant l'aménagement de l'ancien cinéma L'Union, rue des Coopérateurs, et non sa destruction. Energie, pugnacité, volonté : finalement, sur ce qui faillit être un champ de gravas, s'éleva... six ans plus tard une maison à laquelle il sut donner une âme et impulser un devoir d'exigence. Pierre Debauche à Limoges, ce fut aussi, en 1984, la création du Festival international des Francophonies pour donner la parole aux sans-voix ; ce fut aussi ce judicieux essaimage de la geste théâtrale en milieu rural via le champêtre « Printemps des Granges », démarche ludique et populaire qu'il reprit quelques années plus tard lorsqu'il décida de déambuler pédestrement avec sa troupe sur la route de St-Jacques-de-Compostelle, faisant étape chaque soir dans un village où il dressait les trêteaux de sa compagnie pour jouer « La légende des acteurs-pélerins ». Compagnon de route de Roger Blin, Jean-Marie Serreau, Vitez, Vilar, Adamov, et virtuellement de Tchekhov et Sophocle, Pierre Debauche, belge d'origine, devint une figure majeure de la décentralisation culturelle ; comédien, dramaturge, metteur en scène, directeur, pédagogue, il aura créé dix-sept théâtres, écoles et festivals ; on lui doit, dans les années 60, le Théâtre Daniel-Sorano à Vincennes puis le Théâtre des Amandiers à Nanterre, et, plus tard, en 1994 à Agen, le Théâtre du Jour, lieu de formation, de création et de diffusion. Il prenait un fin plaisir à revenir à Limoges et à flâner le long de la Gartempe. Après avoir rendu hommage à Fred Forte la semaine écoulée, Chris Dussuchaud nous propose de retrouver la voix de Pierre Debauche, avec le concours de Monique Blin, qui fut sa plus proche collaboratrice en qualité de première directice du Festival des Francophonies, et de Béatrice Castaner, la secrétaire générale de ce même festival. Il sera également question de l'opéra miniature de Astor Piazzolla « Maria de Buenos Aires » proposé le samedi 20 à l'Opéra de Limoges dans une version maison peaufinée par Sergio Simon et le bandonéoniste et maestro Marcelo Nisinman, avec la cantatrice chilienne Luciana Mancini dans le rôle-titre... « Vies d'Envies », de Chris Dussuchaud, sur RCF Limousin : jeudi 18 janvier de 20 h à 22 h, rediffusion dimanche 21 de 16 h à 18 h (99.6 à Limoges, 100.2 à St-Yrieix, 107.4 à Bellac, 105.8 à St-Junien, 95.8 à Guéret, 89.4 à Aurillac, 91.4 à Brive, 106.9 à Tulle et Egletons, 102 à Ussel, 89.3 à Argentat).