Rémy Viroulaud « Un mémorial pour les soldats de la Grande Guerre »
[caption id="attachment_229885" align="aligncenter" width="800"] « 3005 soldats morts en 14-18 ont été recensés à Limoges ».[/caption] Le mémorial rendant hommage aux soldats de la Première guerre mondiale sera construit au printemps. Info. Comment ce projet de mémorial a-t-il pris forme ? Rémy Viroulaud. Lors du premier conseil municipal où il était question de la réhabilita-tion du monument de la Place de Jourdan, j'ai soulevé la question de l'inscription des sol-dats de Limoges morts pour la France. Aucun nom n'y est gravé, il est noté « Aux enfants de Limoges morts pour la France et la paix dans le monde ». Le maire m'a donc confié ce projet. Un problème est apparu dès les premières recherches, il n'existait pas de liste ex-haustive de ces hommes. Nous avons découvert que le monument avait été réalisé par le sculpteur parisien André Augustin Sallé, Grand Prix de Rome, et l'architecte Henri Ver-gnolle natif de Linards, incorporé durant ce conflit. Il avait été érigé Place Stalingrad en 1932 puis déplacé Place Jourdan en 1963 pour la construction de l'Opéra Théâtre. I. Les recherches ont-elles été difficiles ? R. V. Une liste a été élaborée grâce au travail de Elisabeth Saby, directrice des Archives municipales, en collaboration avec le réseau Canopé de l’Éducation Nationale et le pro-fesseur Luc Fessemaz d'après le livre d'or des enfants morts pour la France, les registres d'état civil et les fiches individuelles des soldats. Deux critères ont été retenus, les natifs de Limoges dont le décès y a été transcrit, soit 1366 noms, et les soldats non originaires de la ville mais qui y sont décédés, soit 1639 noms pour un total de 3005 soldats. Nous avons mis en ligne cette base de données sur le site de la Ville en octobre 2016, elle est toujours consultable, ce qui a généré de nombreuses consultations et des retours parfois très émouvants de leurs descendants. Nous avons constaté un grand intérêt de nos conci-toyens. Pour chaque défunt, une fiche détaillée a été rédigée avec douze critères par exemple, nom du régiment, date, lieu et forme du décès. I. Que nous apprend cette base de données ? R. V. Le Pr Fessemaz a réalisé un travail remarquable de statisticien ainsi, nous savons que le 28 août 1914 a été le jour le plus effroyable avec 122 morts, août et septembre 1914 ont été les plus meurtriers. Les soldats décédés étaient âgés de 17 à 61 ans, ceux de 21 ans étaient les plus nombreux (253) et 73% ont été tués dans la Marne, la Meuse, le Pas-de-Calais, l'Aisne et la Somme tandis que 9% sont morts dans quatorze pays principale-ment en Belgique et Allemagne. Quatre soldats ont été fusillés pour l'exemple, un autre a été réhabilité mais, par souci d'apaisement, la municipalité a décidé d'inscrire tous les noms. I. Quelle forme prendra ce mémorial ? R. V. Nous souhaitions qu'un dialogue s'instaure entre l'espace mémoriel qui sera créé et le monument. Un groupement d'agences de Limoges a proposé plusieurs scénarios, nous avons retenu un plan incliné en granite gris de 50 m qui fera le tour du monument et sur lesquels seront inscrits les noms par ordre alphabétique en bleu horizon, la couleur du Poilu et du bleuet, fleur symbole de la renaissance sur les champs de bataille. Deux bleuets sur fond céramique seront apposés de chaque côté des marches où seront dépo-sées les gerbes. La surface sera composée d'un couvre sol persistant à feuillage argenté et floraison blanche. Des micocouliers de Chine et des magnolias compléteront le mémo-rial avec des supports pédagogiques qui reprendront les informations de la base de don-nées. Ce projet, dont la Ville est maître d'ouvrage, a été labellisé par la Mission du Cente-naire. Le Mémorial sera construit entre avril et juin, pour une inauguration le 11 novembre. Pour cet investissement de 327.000 €, des subventions ont été sollicitées auprès de l'Of-fice national des Anciens Combattants, de la Mission Centenaire, du Ministère des Ar-mées et du Conseil départemental. Il s'agit avant tout de réparer un oubli et de rétablir, dans l'espace public, la mémoire de ces hommes qui se sont sacrifiés pour défendre notre pays et notre liberté.
Corinne Mérigaud
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