L’ACL hostile au 80km/h
Président de l’Automobile Club Limousin, Christian Ducher regrette la généralisation de l’abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/h. Info. Que pensez-vous de l’abaissement de la limitation de vitesse à 80? Christian Ducher. Le Conseil Interministériel de Sécurité Routière abaissera la vitesse à 80 km/h le 1er juillet sur les routes nationales à voie unique sans séparateur central et les routes secondaires soit 400.000 km concernés.Cette décision a été motivée par une évaluation annonçant 300 à 400 décès de moins par an. Un test a été mené entre juillet 2015 et l’été 2017 mais il n’adonné lieu à aucun retour de la part de l’État qui, semblerait-il, n’a pas d’éléments probants pour prouver une diminution des accidents et des tués, d’autant plus que des travaux ont été réalisés sur les routes testées,cela n’est donc pas significatif. Le Premier Ministre a passé cette mesure en force fortement impopulaire, contraignante pour les automobilistes et handicapante pour l’économie des territoires. Il aurait été plus intelligent de mettre en place une expérimentation plus large et plus rigoureuse pour évaluer de façon incontestable ses conséquences sur la sécurité des usagers. Ainsi,l’association 40 millions d’automobilistes et l’Union nationale des Automobiles Clubs qui défendent les usagers de la route a demandé que d’autres tests soient effectués sur cinq ans. I.Quel serait le coût de cette mesure ? C. D. L’État va devoir remplacer 20.000 panneaux de signalisation à 90, en installer autant pour un coût de 1,6 million et régler les radars à la nouvelle limitation.L’abaissement de la vitesse rapporterait 335 millions par an. Nous sommes hostiles à cette décision trop brutale. Au Danemark par exemple, la vitesse qui avait été abaissée à 80 km/h est remontée à 90, ce qui a entraîné une baisse de 14%d’accidents et de 11% des tués. La circulation est plus fluide à 90 km/h qu’à 80, les automobilistes vont doubler davantage à 80 ce qui va créer plus d’accidents. En France, l’État français se réfère à des réflexions datant des années 70 et 80 qui disent qu’en roulant plus vite, les accidents sont plus graves. Il faut analyser autrement la route et ne pas être dans l’arbitraire car le réseau routier a bien évolué depuis de même que les véhicules avec des sécurités actives et passives. I. Avez-vous des propositions ? C. D. Un comité de suivi indépendant doit être mis en place pour établir des bilans semestriels sur les conséquences de cette baisse de la vitesse,une étude est prévue avec un rendez-vous en juillet 2020 avec le Premier Ministre. Les associations de défense des automobilistes auront accès à ces informations, ce qui permettra de dires il a mesure est bonne, ce dont nous doutons, ou pas. Nous espérons que l’État reviendra en arrière si sa décision n’est pas adaptée. Sauver des vies est une cause majeure, mais nous savons qu’il sera difficile, avec un nombre croissant de véhicules, de faire disparaître tous les accidents. Cependant,il faut travailler encore pour les réduire, le réseau routier a besoin d’être amélioré, avec plus de panneaux aux endroits dangereux, la formation des conducteurs peut aussi s’améliorer. Par rapport à d’autres régions, le Limousin est à la remorque car sous-doté en 2x2 voies et autoroutes avec deux axes Limoges Poitiers et Limoges Périgueux qui nécessitent des aménagements. Enfin, en roulant à 80 au lieu de 90, les Limousins seront encore plus éloignés de la métropole régionale et d’autres centres d’affaires.
Corinne MÉRIGAUD
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